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La Belgique souffre du taux d'inflation le plus élevé depuis quatre décennies. Notre pays est même l'un des champions en Europe. L'augmentation de la longévité entraîne une hausse des dépenses dans toutes les familles. Il va sans dire que les prix élevés du gaz, du pétrole et de l'électricité constituent un choc (beaucoup) plus important pour les ménages les plus pauvres. Après tout, les familles les plus pauvres consacrent une part plus importante de leur budget à l'énergie que les consommateurs plus riches. Et ceux qui n'ont pas de revenus élevés ont généralement moins de marge de manoeuvre pour constituer des réserves permettant d'accuser le choc. Quel sera l'impact de l'inflation sur la santé des plus vulnérables d'entre nous ? Après tout, la recherche montre une relation linéaire entre la position sociale et la santé. Selon l'enquête "médecins et pauvreté" menée par le journal du Médecin, les États généraux de la santé mentale et l'Université d'Anvers, la majorité des médecins estiment que les personnes vivant dans la pauvreté bénéficient de soins moins rapides que les personnes qui ne vivent pas dans la pauvreté. Les médecins considèrent également que le risque de plaintes physiques et de problèmes psychologiques est plus élevé chez les personnes vivant dans la pauvreté. Fait remarquable, selon les répondants, les personnes pauvres reçoivent également des soins de moindre qualité que celles qui ne vivent pas dans la pauvreté. Une grande majorité des médecins interrogés ont indiqué que la pauvreté n'était pas abordée dans la formation médicale de base. Il en va de même pour les programmes de formation continue des médecins généralistes et spécialistes. Pourtant, sept médecins sur dix estiment avoir suffisamment de connaissances sur le sujet pour pouvoir exercer correctement leur rôle de soignant auprès de cette population vulnérable. Et c'est nécessaire ; d'autres recherches montrent que dans 80 % des cas, le médecin généraliste est le premier point de contact pour les problèmes psychosociaux. En raison de ses soins accessibles et à bas seuil, le médecin généraliste voit des patients de différents milieux socio-économiques et est fréquemment en contact avec des problèmes sociaux. Il peut expliquer les besoins en matière de soins de manière compréhensible, et ce dans un environnement familier au patient. Lorsqu'on leur a demandé s'ils étaient prêts à participer à une journée d'étude ou à une courte session de formation sur la pauvreté, la moitié des médecins de notre enquête ont répondu "oui". Comment quelqu'un peut-il se retrouver en situation de pauvreté ? La majorité des médecins interrogés s'accordent à dire que se retrouver en situation de pauvreté est une question de circonstances. Sept médecins sur dix s'accordent à dire que la pauvreté est un problème "intergénérationnel". Seuls 3 % pensent que les pauvres sont responsables de leur propre situation. Cependant, un tiers des médecins estime que les personnes en situation de pauvreté n'ont pas le sens des priorités - un tiers ne le pense pas. Près de la moitié des médecins interrogés considèrent que les personnes en situation de pauvreté font des efforts pour changer leur situation. Interrogé sur la situation financière de leur famille d'origine, un médecin sur trois a déclaré avoir dû travailler pour payer ses études. Une grande majorité (61 %) ne l'a pas fait. Dans la plupart des familles des répondants, aucune économie n'a été réalisée sur les soins de santé. Toutefois, six médecins sur dix déclarent qu'au cours de leur vie professionnelle, ils ont dû surveiller de près leurs dépenses.