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Paru en 1990 dans le défunt magazine "À suivre", "Billie Holiday" raconte le destin tragique de cette immense chanteuse de jazz noire américaine décédée à 44 ans de tous les excès - alcool, drogues, coups et bleus au coeur. Connu pour leur fameux "Le bar à Joe" notamment, la paire argentine Muñoz et Sampayo, championne du monde du noir et blanc, exécute une sorte de tango bédéphile gracieux, envoûtant et tragique, insistant sur le côté noir sans aucun jeu de mots de la vie d'Eleonor Holiday (chanteuse de jazz à la fois râpeuse, mais pas rappeuse), victime des hommes, de leur racisme et leur misogynie. Maître du Noir... et blanc, José Muñoz s'inscrit dans son récit clair-obscur, avec un dessin souvent outre-noir voire outre-tombe, à l'image de l'existence de l'interprète de "Strange Fruit". Une noirceur un peu gênante, pas dans le dessin mais la trame, dont le trait forcé fini presque par virer au glauque. Bref, à l'image de la figure de "Lady Sings the Blues", magnifiquement tragique mais désespérément sombre.