Les assises de la première ligne wallonne avancent. Le 8 juin dernier s'est tenu le premier atelier sur le maillage territorial. Les institutions parlent de franc succès, mais du côté des acteurs de terrain, le sentiment est davantage celui de la circonspection. Retour sur cet événement avec le Dr Paul De Munck, président de la Plateforme de la première ligne wallonne (PPLW).
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Le journal du Médecin: Qui a participé à cette table ronde? Paul De Munck: Il y avait deux publics très différents. Celles et ceux que l'on voit partout et qui sont déjà présents dans les organes consultatifs et des prestataires issus de divers horizons et qui découvraient un peu la thématique. Cela a des forces et des faiblesses. Les "initiés" n'ont rien appris. Mais le but de tels ateliers n'est pas nécessairement d'apprendre, mais de partager dans un concept de world cafés où l'on navigue de tables en tables pour partager ses expériences. Que retenez-vous de cet atelier? Nous sommes mitigés. Tout dépend de ce que l'on poursuit comme objectif. Si l'objectif est de rassembler une cinquantaine de personnes pour partager un certain nombre d'idées sur l'intérêt de structurer la première ligne et les moyens pour y arriver, cela a du sens. Par contre, si l'objectif est de tirer des enseignements généraux sur les désidératas de la première ligne, cela n'est pas du tout valable. Tant le taux de participation au questionnaire que les personnes présentes au premier atelier, ne reflète pas suffisamment la première ligne wallonne. Il y a donc un problème de représentation et des limites évidentes à ce que l'on peut tirer comme enseignements de tels exercices. Ensuite, il y a un sentiment, pour les prestataires actifs depuis des années dans les politiques de santé, de redite et d'exercice qui n'est pas celui attendu ou espérer. Il ne faut pas se mentir. La ministre a fait un discours très engagé. Son intention n'est pas de remettre en question. Son cabinet veut vraiment avancer. Mais personne n'est naïf: au bout de ce processus, on n'aura pas le plan stratégique de mise en place de la structuration de la première ligne clé en main. La Région wallonne a confié le processus de Proxisanté à une boîte de consultance. On se pose des questions par rapport à cela. Peut-être que l'administration publique n'a plus les moyens de son ambition et ne peut mettre en oeuvre ses politiques. Car elle n'a plus l'expertise suffisante? Exact. Il y a un manque d'experts. Je suis de ceux qui pensent que les services publics devraient avoir les meilleurs éléments. Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas de bons experts au sein de l'Aviq, mais il n'y en a pas assez. Nous faisons donc l'exercice avec ces limites. Attendons l'issue des autres ateliers et soyons constructifs. Quels que soient les résultats, continuons à nous inscrire dans ce qui suivra et devra suivre. La thématique abordée lors de ce premier atelier était le maillage territorial. Certaines bonnes pratiques ont été présentées mais aucune proposition concrète n'a été discutée. Nous sommes loin de propositions concrètes, je suis d'accord avec vous et vous faites bien de le souligner. Et c'est ce que beaucoup d'acteurs attendent. Que va-t-on faire des SISD, des RML, des cercles, de l'aide... Nous en sommes encore à des réflexions d'acteurs, qui sont intéressantes. Mais on n'a même pas abordé la question de la taille d'une zone de soin. Comment vont-ils synthétiser cela? Que vont-ils en faire? J'attends de voir. La PPLW a déjà fait une proposition concrète. Partons de là, comme d'une pièce à casser. On n'a même pas distribué aux participants de cet atelier la note d'orientation de la PPLW, qui décrit toute la problématique et un modèle que l'on peut discuter. Pour rappel, la PPLW rassemble 16 métiers et 23 organisations de la première ligne en Wallonie. Ce n'est pas rien. Nous représentons l'avis validé de milliers d'acteurs de terrain. Pourquoi ne pas partir de cette note, dès lors? C'est une perte de temps. C'est vrai oui, et c'est notre proposition. Nous sommes prêts. Ce n'est pas parce que nous émettons des critiques - qui sont reconnues par la société de consultance elle-même - que nous sommes négatifs. Nous voulons être constructifs et participatifs. Nous avons fait une proposition. Partons de là. Nous n'en sommes plus au stade où il faut discuter du pourquoi il faut une première ligne forte, mais au stade où il faut la mettre en oeuvre.