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Palme d'or à Cannes, "Parasite" confirme le talent de Bong Joon-Ho, auteur notamment en 2013 d'une transposition époustouflante de la bande dessinée "Le transperceneige". Une famille unie vit dans l'entresol d'un quartier grouillant et labyrinthique de Séoul. Ils vivotent d'expédients depuis que le père a perdu son emploi de chauffeur, lorsque Min, un ami étudiant de Ki-woo, lui propose de devenir prof d'anglais d'une jeune fille d'une riche famille, les Park, qui vit sur les hauteurs spacieuses de la ville. Le garçon s'y rend et, de fil en aiguille, introduit sa soeur, son père et sa mère qui remplacent les employés pourtant appréciés (gouvernante, chauffeur....), les chassant au moyen de coups fourrés. Fluide et servi par une direction d'acteurs magistrale (le jeune homme pauvre et le père de la riche famille bourgeoise ressemblent à s'y méprendre aux deux principaux protagonistes de Burning) ; Parasite empile les strates d'interprétation. Il est question, comme dans le film de Lee, dans ce thriller à l'humour très noir (qui rappelle Borgman d'Alex Warmerdam sorti la même année que... Le transperceneige) de façon subtile, de la Corée du Nord, du risque atomique, de l'argent qui domine la société sud-coréenne et de l'écart violent entre les différentes couches de la population, les deux en fait : les riches et les autres. En faisant de cette famille de parasites, d'arnaqueurs les héros du film, le réalisateur dénonce une société où l'argent ou le fait d'en avoir peu, Parasite en atteste, a... une odeur.