...

Comment des dirigeants politiques peuvent-ils être aussi peu en phase avec ce que ressent le terrain? Cette question lancinante était dans de nombreuses têtes vendredi et samedi lorsque les gouvernements - le fédéral et les régionaux bruxellois et wallons - ont successivement annoncé des mesures "fortes" pour maîtriser la pandémie. De nombreux médecins, infirmiers, directeurs d'hôpitaux et patrons de fédérations hospitalières ont failli tomber de leur chaise en prenant connaissance des nouvelles restrictions. Où est le confinement attendu - espéré même - par de nombreux Belges? Les directeurs d'hôpitaux et de fédérations ont rapidement dégainé leurs stylos pour écrire aux dirigeants du pays et réclamer des mesures efficaces. "Nos hôpitaux manquent cruellement de main d'oeuvre. Le taux d'absentéisme toutes causes confondues (Covid, burn-out, autres pathologies) dans les institutions hospitalières avoisine aujourd'hui les 20% avec des pics à 30% dans certains hôpitaux", ont alerté les fédérations. "Dans un hôpital saturé, il n'y aura pas de soins intensifs pour tout le monde. Il faudra attendre qu'un patient décède pour disposer d'un lit de réanimation. Des médecins devront choisir entre deux patients qui auront un besoin vital de ce lit", préviennent les directeurs d'Epicura, du Groupe Jolimont, du CHU Tivoli et du CHU Ambroise Paré. Le ministre Vandenbroucke vient - enfin - de signer l'arrêté royal réglant l'aide financière pour les hôpitaux (lire en Une). Cela ne suffit pas. Les hôpitaux saturés manquent de bras tant le personnel est épuisé. Certains cherchent de l'aide à l'étranger ou à agrandir leurs installations pour accueillir les trop nombreuses hospitalisations. Le secteur de la santé attend des gestes forts. Au sommet du pouvoir, on y travaille (lire sur www.journaldumedecin.com). Il y a urgence.