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Beaucoup de patients atteints du Covid-19 et hospitalisés connaissent une issue favorable. Certains n'ont pas cette chance. La faute souvent au choc cytokinique, c'est-à-dire au déraillement du système immunitaire, sous l'influence d'une production disproportionnée de cytokines (lire en page 15). Les rhumatologues connaissent bien ce phénomène, qui constitue principalement une complication de l'arthrite juvénile idiopathique et de la maladie de Still de l'adulte. Dans ce contexte, on parle de syndrome d'activation macrophagique (SAM) : l'activation anormale, non seulement des macrophages, mais aussi des lymphocytes T, sous l'influence de cette " tempête " cytokinique, sans que l'on en connaisse vraiment la cause. " Mais en tant que rhumatologues, nous constituons les spécialistes par excellence, car nous avons une vision globale des maladie immunitaires ", affirme l'intéressé. " Notre diagnostic permet souvent de classer les patients dans une catégorie et de les envoyer vers une certaine spécialité. Toutefois, les maladies liées à l'immunité ont un contrecoup sur le corps dans son ensemble. Les patients atteints d'arthrite rhumatoïde peuvent souffrir de péricardite, de pleurésie ou de lésions cutanées. Les rhumatologue jouent ici un rôle clé dans le choix du traitement. Dans notre hôpital, nous nous concertons chaque mois avec les autres spécialités pour parler de ces maladies immunitaires. Nous discutons ainsi souvent de patients en traitement chez deux médecins, voire plus. Il n'est pas rare que ceux-ci consultent pour différentes facettes d'une seule et même maladie. De nombreux collègues font alors appel à nous pour connaître notre avis sur le traitement le plus adapté. Nous avons effectivement une vision d'ensemble des médicaments qui ont fait leurs preuves dans chaque spécialité et pouvons éventuellement proposer un produit permettant de lutter simultanément contre des anomalies dans différents systèmes d'organes. Il arrive souvent que nous assurions le suivi d'un patient en collaboration avec un collègue de l'autre spécialité, chacun étant l'expert pour le trouble de l'organe concerné. Cela demande beaucoup d'expérience de savoir quel paramètre suivre et quels sont les éléments à prendre en compte lors du choix de tel ou tel traitement immunosuppressif. Si vous êtes à l'aise avec ça, cela peut vraiment constituer une vraie plus-value pour les collègues. "Cette réalité n'est toutefois pas encore claire pour tout le monde, déplore le Dr Thevissen. " Les patients imaginent souvent que les rhumatologues traitent surtout les personnes âgées. Certains ne comprennent pas qu'ils se voient envoyer chez nous. " Je n'ai pourtant pas de rhumatismes docteur ", nous disent-ils, résumant ce mal à des articulations douloureuses, enflées ou malformées alors qu'ils parlent en fait d'arthrose. Ce dernier trouble ne constitue justement pas le coeur de notre activité. Les patients atteints d'arthrose sont parfois un peu étonnés que nous les renvoyions vers le généraliste. L'arthrose ne relève en effet pas de la compétence du rhumatologue, pour l'instant en tout cas, car nous n'avons pas encore de traitement spécifique contre cette maladie. Nous espérons que la recherche évoluera dans les années à venir et qu'elle nous offrira une solution. Pour l'instant, nous traitons des maladies qui impliquent les articulations mais qui, chez un même patient, peuvent aller du trouble cardiaque à la vascularite. En bref, nous sommes avant tout des immunologues, pas des médecins des articulations. "