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L'objectif a été annoncé dès la mise en place de la Commission spéciale: "Déposer un rapport, avec les conclusions et les recommandations, après un débat en séance plénière (...) Le but est clair: être mieux armés, être prêts en cas d'apparition d'une nouvelle pandémie." L'analyse de la gestion actuelle de la crise relève des compétences de la commission de la Santé, qui est une commission permanente. Michel De Maegd(photo prise en commission Covid) attend un travail sérieux et pragmatique, qui ne soit pas pollué par des enjeux politiques. "Nous devons cela à la population et aux personnes touchées, de près ou de loin, par cette maladie et par les conséquences de cette crise. Nous nous devons d'être exemplaires dans notre mission."Le MR aurait préféré la mise en place d'une commission interfédérale, plus efficace qui aurait impliqué tous les niveaux de pouvoirs. "Cela aurait permis de réunir l'ensemble des acteurs de terrains, de traiter de toutes les problématiques en un lieu unique, plutôt que de voir se multiplier les commissions spéciales."Au lieu de cela, les députés entendent parfois des personnes qui ont déjà été amenés à témoigner devant deux ou trois parlements différents. "On monopolise leur temps et, à la fois, on ne peut pas les questionner sur tout car il ne faut pas empiéter sur les compétences des autres niveaux de pouvoir. Il est probable qu'une des conclusions de ces commissions sera la complexité du système institutionnel, la multiplication des autorités compétentes, et on reproduit cela en multipliant les commissions!"Au regard des cafouillages passés mais aussi présents, (notons, la fermeture des cafés et restaurants mais aussi des transports publics bondés d'écoliers et d'étudiants), la Commission devra analyser tout cela. "Le comité de concertation a prôné rapidement l'augmentation de la fréquence des transports publics. A ce stade, il ne serait pas intellectuellement correct de se prononcer sur ce qui aurait pu être mieux fait. La Commission se réunira jusqu'en décembre." Concernant la gestion actuelle, la Commission Santé publique peut s'en charger. Par correction, avant de conclure ou d'émettre des recommandations, la Commission doit auditionner les personnes qui ont géré la crise en 1ère ligne. "Nous analysons, notamment, la manière dont la Belgique était préparée à une crise sanitaire de grande échelle ; le fonctionnement, l'encadrement et le financement du secteur des soins de santé et de son personnel ; l'harmonisation au niveau européen et mondial lors du déroulement de cette crise ; la manière dont ont été mis en oeuvre le tracing et le testing ainsi que la gestion de l'équipement de protection ; ou encore la coordination intrabelge en matière d'approche, de communication et de confinement."Peut-on déjà tirer certains enseignements pour les pandémies futures et même les 2e ou 3e éventuelles vagues? "Nous avons déjà entendu des témoignages intéressants, au cours de séances d'auditions publiques. Nous avons tous nos opinions personnelles sur tel ou tel point qui pourrait être amélioré, mais, vu la complexité de la crise et l'étendue des missions de la commission spéciale, il est un peu tôt pour tirer des enseignements à proprement parler."Rappelons que quatre experts encadrent les travaux et aident les parlementaires. La question du drame dans les maisons de repos sera analysée par les Commissions régionales (leurs travaux sont suivis par le jdM également) mais la Commission de la Chambre devrait s'en emparer aussi prochainement. Faire toute la lumière sur cette affaire est un devoir envers nos aînés, pointe De Maegd. "Les chiffres dans les maisons de repos sont, en effet, très interpellants. Il n'y a pas eu de plan d'urgence dans les institutions d'hébergement, pas de stock stratégique concernant les équipements de protection. Les réactions ont été trop tardives."Quant au fait que la Belgique est considérée globalement comme mauvais élève au niveau mondial (évoluant entre la 1ère et la 5e pire place mondiale en morts par habitant attribuées au Covid et en surmortalité), Michel De Maegd note qu'en ce qui concerne ces classements, il faut garder à l'esprit que chaque pays a sa propre méthode de calcul. "La Belgique fait, sans doute, partie de ceux qui incluent le plus de personnes dans ce décompte des décès. Cela implique naturellement un taux plus élevé. Il est donc compliqué de comparer des chiffres bruts. L'indice de surmortalité met d'ailleurs les chiffres en perspective. Cela étant dit, il ne faut pas se voiler la face. La situation dans notre pays a été particulièrement compliquée, aussi bien en termes de cas positifs que de décès, malheureusement. La situation actuelle montre d'ailleurs une tendance similaire pour la deuxième vague que nous devons affronter."La complexité institutionnelle explique-t-elle la faiblesse des réponses à la pandémie? "Sur les raisons, à nouveau, je ne veux pas tirer de conclusions hâtives, sinon à quoi bon continuer à travailler dans cette commission spéciale? Il y a sans doute, effectivement, de multiples facteurs qui expliquent cette situation. Nous vivons dans un pays très densément peuplé, avec de nombreux échanges et, en effet, une organisation institutionnelle complexe. Jusqu'à présent, nous avons toutefois pu coopérer entre autorités des différents niveaux de pouvoirs dans le cadre de la gestion de cette crise."Dans l'absolu, Michel De Maegd note que l'arrivée d'un gouvernement stable (De Croo I) reposant sur une majorité parlementaire de gauche, de droite et du centre, est toujours préférable. "Cela étant, il faut se souvenir comment la première vague a été gérée. Sophie Wilmès avait demandé et obtenu la confiance du Parlement ainsi que les pouvoirs spéciaux. Les décisions étaient quant à elle prises en concertation avec la plupart des partis et l'ensemble des entités fédérées. La gauche, le centre et la droite ont donc participé pleinement à cette gestion de la crise durant cette première vague."En outre, les profils de Pedro Facon, commissaire Covid et de notre nouveau ministre de la Santé parlent d'eux-mêmes, pour De Maegd. "J'ai toute confiance en eux. Notre réussite ne dépend toutefois pas de ces deux hommes seuls. Il s'agit d'un travail d'équipe, transversal: notre succès est conditionné par notre capacité à travailler tous ensemble, le politique avec l'administration, la société civile, les experts et les citoyens. C'est collectivement que nous réussirons."