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jdM : Du point de vue de l'organisation du GBO, il y a du changement. Vous vous professionnalisez encore plus avec l'arrivée de Jean-Noël Godin comme directeur du Groupement (ndlr : lire son interview dans le jdM n°2595).Dr Paul De Munck : j'assume le " encore plus ". On doit en permanence se professionnaliser davantage. L'arrivée de Jean-Noël Godin y contribue très certainement. Il est juriste et expert en santé...Et un carnet d'adresse gros comme ça...PDM : Pas seulement. On se fréquente depuis cette dernière législature. On s'est beaucoup parlé. On a beaucoup discuté. Au fur et à mesure de nos échanges, nous constations qu'on était sur la même longueur d'onde sur bien des points. Plus on échangeait, plus on se rapprochait. En juin dernier, la disponibilité de Jean-Noël s'est confirmée. Le Bureau du GBO fut à 100% enthousiaste. Jean-Noël est tout de même l'ancien conseiller santé du Premier ministre Charles Michel. Même si on n'est pas nécessairement d'accord sur tout, l'important, ce sont ses valeurs, son approche, son expérience, sa vision de notre système de santé et du syndicalisme médical et son souhait de travailler dans une structure comme le GBO dont il n'est pas coutumier. Le fait qu'il vienne du monde hospitalier (ndlr : J-N Godin a été directeur général de Gibbis, l'asbl faîtière des établissements de santé privés bruxellois) va nous aider aussi ainsi que nos alliés de Modes (ndlr : Le Monde des Spécialistes).Vous partez du constat que la médecine générale est le centre de la première ligne...JNG : Je dirais qu'il est nécessaire d'aider par tous les moyens à revaloriser encore plus qu'elle ne l'est déjà la médecine générale en Belgique francophone. Le GBO, pour moi, c'est défendre des idées qui me sont chères en matière de défense de la première ligne. Je compte partager mon expérience de directeur de fédération hospitalière et la vue d'ensemble des soins de santé que j'ai pu acquérir en approchant différents cabinets ministériels (Demotte, Onkelinx, De Block. J'aiderai le GBO à défendre encore mieux ses idées et les faire connaître. Pas seulement des autorités publiques mais aussi des jeunes médecins qui sont rétifs à s'engager dans le combat syndical par manque de temps. On observe que les citoyens sont moins impliqués politiquement qu'avant. Mais les enjeux climatiques font rebouger les jeunes. On espère que cela va insuffler une conscience politique aux jeunes générations sur d'autres thématiques comme la santé.Parmi les missions de M. Godin, y aura-t-il celle de maintenir et d'augmenter la dotation publique aux syndicats médicaux grâce à l'entregent de M. Godin ?PDM : Oui. Le Cartel reçoit plus ou moins 300.000 euros par an. Pour trois organisations (ndlr : ASGB, GBO et Modes) ! Avec tous les mandats qu'on exerce ! Deuxièmement, un troisième larron (AADM) arrive, le gâteau ne bouge pas. Troisièmement, la 6e Réforme de l'État nous oblige à siéger dans des commissions régionales et en Fédération Wallonie-Bruxelles, on ne reçoit rien de plus ! Je comprends que ce n'est pas l'Inami qui doit rétribuer notre présence à l'Aviq (ndlr : Agence (wallonne) pour une vie de qualité). L'Aviq ne distribue même pas de jetons de présence. Dans quel monde vit-on ? Donc, je dis que si on voulait démolir la concertation, on ne s'y prendrait pas autrement. " On va gentiment les laisser mourir de faim et puis on pourra dire : 'Vous voyez bien que vous ne pouvez pas assumer vos responsabilités'. "Clairement, l'actuelle ministre De Block ne vous portait pas tellement dans son coeur... Si Maggie De Block rempilait dans une coalition bourguignone, votre dossier serait tout aussi difficile à plaider...JNG : Elle n est pas " anti-syndicat médical " mais en-dehors du CD&V, je constate que beaucoup de partis flamands remettent en cause le principe même de la concertation. Dès qu'il y a un rapport de force, on impose des choses sans aucun respect de parité. La conséquence peut alors être : médecine commerciale, médecine à deux vitesses. C'est tout ce qu'il faut éviter. Le maintien de notre système de concertation est fondamental. Même s'il doit évoluer par rapport au système mis en place en 1964. Le danger vient de certains partis flamands... On doit se donner les moyens pour être le plus représentatif possible.PDM : Je suis d'accord pour rendre la concertation plus efficace. Mais le médecin reste tout de même une profession libérale d'indépendants pour la plupart. On charge déjà la barque du médecin en termes d'obligations, certaines rémunérées, certaines, pas. Mais un moment donné, le fil va casser si le médecin est obligé de faire des tas de choses sans qu'on se soit concerté avec lui. Le système des accords, essayons de le supprimer (et ce n'est même pas une menace de grève) et voyons ce qu'il se passera ! Par exemple, la prime télématique au sens large de 6.000 euros, vous savez quoi ? Eh bien on décide de ne plus la recevoir mais on ne s'informatise plus. Que vont-ils faire ? " On peut forcer les gens à obéir mais on ne peut pas les forcer à l'excellence ", a dit Alfred Zuriga. Or si le cadre est de plus en plus réglementaire, comment pourront-ils survivre et continuer à assurer la qualité des prestations ? Il faut continuer à réfléchir ensemble ! Il ne sert à rien de dire aux médecins : faites ceci ou cela ! On a déjà du mal à les amener vers notre combat mais si cela continue... La méthode n'est pas bonne. Reprenons le processus de garde en MG : l'État exige du médecin ce service public. Du temps d'Onkelinx, elle disait : organisez vos tables rondes. Je les finance. Ça a fonctionné. La copie était prête. Puis la nouvelle gouvernance arrive. Et c'est comme si on n'avait rien fait. On passe en force (...). Je ne veux pas être l'apôtre de l'apocalypse. Mais être ministre de la Santé publique, c'est être bienveillante. " Je prends conscience des difficultés et de la pénibilité de votre travail et nous allons travailler ensemble pour les résoudre. " Est-ce que Mme De Block a fait cela ? Non. Je suis désolé. Je l'ai vue deux fois pendant cette législature.