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Le journal du Médecin: Ce projet de convention pour uniformiser le statut des Macs afin d'éviter que chaque hôpital fasse à sa sauce est une bonne chose en soit. Quelles sont vos revendications? Nina Leduc: C'est effectivement une uniformisation que nous voudrions et c'était le but des discussions au départ, car il y a parfois de grandes différences entre les hôpitaux. Mais la proposition sur la table est une proposition à minima, avec le pire de ce que l'on retrouve dans les hôpitaux. C'est pour cette raison que cela bloque. On ne peut pas accepter de telles conditions de travail. Ce serait revenir en arrière. Nous ne sommes pas considérés comme des travailleurs mais comme des stagiaires. Certains hôpitaux profitent de cette nuance pour ne pas suivre le droit du travail, alors que nous travaillons bel et bien dans ces hôpitaux et que le côté formatif censé être présent ne l'est pas toujours... Nos revendications ne sont pas de travailler moins et de gagner plus. Loin de là. Nous désirons simplement être encadrés, avoir une formation correcte et surtout d'être considérés comme des travailleurs à part entière, avec la sécurité que cela implique. Nous avons pour la plupart la trentaine ou presque, et nous n'avons pas cotisé encore pour nos pensions. Cela dépend des hôpitaux, mais nous travaillons plus de 60 heures par semaine, et certains ne sont pas rémunérés pour les heures supplémentaires ou pour les heures de nuit. Et c'est évidemment sur ces bases que le protocole d'accord est proposé: passer sur la mutuelle dès le jour 1 du congé maladie, ne pas rémunérer les heures supplémentaires au-delà de 60 heures par semaine, diminuer le salaire de base, diminuer les jours de congé, y compris scientifiques, alors que ceux-ci sont nécessaires pour étudier puisque nous avons encore des examens à passer. Beaucoup d'actions sont menées depuis le début de la semaine dernière, avec cet arrêt de travail comme point d'orgue. Quelles sont vos attentes? Nous désirions avant tout sensibiliser la population à notre problématique. Peu de gens connaissent nos conditions de travail. Ensuite, évidemment, il s'agit d'être reconnus en tant que travailleurs. Après un an de pandémie, nous sommes un peu sur les genoux, extrêmement fatigués. Après avoir été en première ligne pour le Covid pendant si longtemps, on s'attendait à un autre message de la part des hôpitaux en Commission paritaire nationale médecins-hôpitaux. C'est très difficile à accepter. Avez-vous reçu le soutien de certains hôpitaux? En règle générale, nous sommes soutenus. La plupart de nos maîtres de stage sont d'accord avec nous. Cette action de grève visait également à mettre au courant nos autres collègues au sein des hôpitaux - infirmières, etc. - de nos conditions de travail. Nous verrons bien comment le message sera reçu. Le Cimacs a réalisé une étude selon laquelle 36% des candidats spécialistes en formation ne referaient plus la médecine s'ils avaient le choix. Êtes-vous dans ce cas? Est-ce que c'est pour cela qu'il faut changer les choses? Je ne le referais personnellement pas. Cela fait plusieurs années que je le pense. J'ai fait un burn-out en troisième année. À ce moment-là, j'ai songé à arrêter mes études. J'ai repris et j'aime vraiment beaucoup ce que je fais. Je me sens aujourd'hui bien à l'hôpital de Charleroi. Je suis bien formée. Mais je n'aimerais pas que ce qui m'est arrivé se répète. C'est pour cette raison que je refuse que l'on continue dans cette voie. Si quelqu'un autour de moi veut faire médecine, et si les conditions actuelles se maintiennent, je lui demanderais de réfléchir à deux fois,