Dès le mois de mars, tous les acteurs institutionnels connaissent la situation problématique des MR-MRS. " Au début, on avait déjà beaucoup de soucis à ce sujet. Mais peu d'informations ", regrette Erika Vlieghe, présidente du GEES. En Commission spéciale Covid, elle lance rapidement un premier pavé dans la mare. " Le comité Hospital &Transport Surge Capacity (HTSC) - dont elle fait partie, ndlr - donnait un bon aperçu de la situation de la hôpitaux. Nous nous sommes dit qu'il fallait créer la même chose pour les MR-MRS. Ce que nous avons suggéré en Risk Management Group (RMG) le 27 mars. Les Régions, arguant que c'était une compétence régionale, ont estimé qu'il n'était pas nécessaire de former un organe interfédéral sur les MR-MRS. "

La situation au sein des MR-MRS varie d'une institution à l'autre : 50% des institutions n'ont connu aucun cas de décès en lien avec le Covid.

Comité interfédéral en MR-MRS

La chose qu'il ne fallait pas dire ! La ministre Christie Morreale, en charge de la Santé à la Région wallonne, s'il fallait encore le rappeler, a réagi le jour même. " Les régions n'ont pas refusé de coordination interfédérale pour la gestion de la crise dans les maisons de repos parce qu'il n'y a jamais eu de proposition en ce sens. Des recommandations conjointes ont été formulées, à charge pour les Régions, qui sont compétentes pour le secteur, de les mettre en oeuvre. Il n'y a jamais eu de proposition de créer un comité interfédéral. "

" La ministre Morreale dit que cette proposition n'a jamais été faite alors qu'elle apparaît bien dans les rapports du RMG ", souligne Germain Mugemangango, le chef de groupe du PTB au parlement wallon. "Toute la clarté doit être faite à ce sujet. Une coordination nationale aurait vraiment aidé les MR-MRS et aurait sans doute épargné des vies. Nous devons savoir si cette mesure d'efficacité a été refusée et pourquoi."

Le parti réclame dès lors une commission spéciale d'urgence "en présence d'Erika Vlieghe, de Christie Morreale et des personnes qui représentent la Région wallonne au RMG". Une confrontation qui n'a pas encore eu lieu, malgré les demandes du PTB et du CDH. Mais est-ce que tout cela a vraiment un sens finalement ?

Le véritable intérêt est de savoir si effectivement, une coordination nationale aurait aidé les MR-MRS. " J'étais au RMG. Et je pense que nous n'avons pas perçu les choses de la même manière du côté des entités fédérées que du côté du Fédéral. Nous n'avons simplement pas compris la proposition que nous faisait le Fédéral par rapport aux MR-MRS ", explique Brigitte Bouton, inspectrice générale du département de la branche santé de l'Aviq. " Cela aurait-il été plus efficace d'avoir une coordination interfédérale ? Je voudrais souligner que, pour la gestion des MR-MRS, nous avons des cadres différents. D'un point de vue juridique déjà. Par exemple, en Flandre, on va trouver des résidences services médicalisées, ce que nous n'avons pas du tout en Wallonie. Il y a des différences entre nous et mener des travaux identiques n'est pas toujours facile dans ce contexte-là. Nous avons d'autres cas où nous travaillons en interfédéral et, par rapport aux MR-MRS, nous avons eu 22 réunions sur la gestion des clusters en MR-MRS et l'échange de bonnes pratiques entre toutes les entités fédérées, l'État fédéral, Sciensano, sous la présidence du SPF Santé publique. "

Refus des aînés dans les hôpitaux

Outre la surmortalité dans les MR-MRS, une question éthique a soulevé l'émoi pendant la crise : certains hôpitaux auraient refusé d'hospitaliser des patients issus des MR-MRS. Qu'en est-il réellement ? Tous les interlocuteurs en Commission spéciale Covid affirment ne pas avoir donné une telle injonction, ni aux hôpitaux, ni aux MR-MRS, qui ont, elles aussi, parfois refusé des patients de retour des hôpitaux dans leurs institutions. " Le terrain nous indiquait qu'il y avait des refus d'hospitalisation et même des refus de prise en charge de la part du 112 ", admet Brigitte Bouton de l'Agence pour une vie de qualité(AViQ).

Cependant, l'Aviq n'a eu aucune plainte par rapport à la non-acceptation de résidents dans les hôpitaux, ajoute Alice Baudine, administratrice générale de l'Aviq. Les inspecteurs de l'agence font actuellement le tour des MR-MRS pour voir ce qu'il s'est exactement passé et quelles ont été les difficultés rencontrées. " On sait déjà que certains ont quand même dû un peu se battre pour que les personnes soient acceptées à l'hôpital. "

Un débat fédéral plutôt que régional

Bien que débat régional, le propos s'est étendu quand Erika Vlieghe a exposé son point de vue de la situation. Dès le début, vu l'ampleur de la crise, il a fallu faire des choix. Au-dessus d'un certain âge, faut-il accepter un patient aux soins intensifs alors qu'il risque de ne pas le supporter et que les lits sont comptés ? C'est la question que s'est posé le comité HTSC. " En Italie aussi, la question s'est posée. Et au-dessus d'un certain âge, les patients n'étaient tout simplement plus admis aux soins intensifs. On ne voulait pas d'une directive binaire comme celle-là. Geert Meyfroidt, médecin intensiviste de la KUL et président de la Société belge des soins intensifs, a donc fait une proposition davantage nuancée. L'idée était de ne pas se focaliser sur l'âge, mais sur l'état fonctionnel du patient, afin d'éviter d'engorger les soins intensifs avec des patients sans espoir d'en sortir. "

" Nulle part, dans aucune circulaire, il n'est écrit que l'on ne peut pas envoyer des patients vers les hôpitaux ", explique clairement a présidente du GEES. " Bien sûr, on invitait à faire une bonne évaluation du patient avant de l'envoyer à l'hôpital. Cela a-t-il été mal compris dans les hôpitaux ? Oui, probablement. L'avons-nous su à ce moment-là ? Non. C'était aussi une bataille contre le chaos. " Et de conclure son intervention. " Personnellement, je suis fortement touchée, émotionnellement parlant, par tous les reproches qui estiment que nous avons oublié les maisons de repos, que nous avons envoyé des circulaires hitlériennes ou encore que nous avons privilégié les hôpitaux par rapport aux MRS. C'était tout l'inverse. "

" A-t-on fait de l'eugénisme ou pas ? Volontairement, non ", ajoute Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral. " À certains moments, certains patients n'ont-ils pas été pris sur base de statut ? Je pense que c'est le cas, mais il faut savoir que c'est le cas tout le temps. "

L'absence de projets thérapeutiques en cause

Pas question de refuser des patients donc. " Nous voulions simplement éviter, dans le feu de l'action, de devoir choisir de traiter tel patient plutôt qu'un autre ", explique Erika Vlieghe . " Il a donc fallu une préparation en amont, avec la participation des médecins généralistes et des médecins coordinateurs de MRS pour réaliser le projet thérapeutique des patients. "

Un projet thérapeutique qui n'est malheureusement pas toujours réalisé, regrettent la présidente du GEES, mais aussi l'Aviq et Yves Van Laethem. " Si le projet thérapeutique était clairement établi dans les MR-MRS, on saurait jusqu'où aller avec le patient. C'est un choix difficile, mais qu'il faut poser. Il ne faut pas se voiler la face. "

Quels manques et quelles recommandations ?

In fine, les intervenants de la commission spéciale Covid ont relevé plusieurs hiatus dans le fonctionnement des MR-MRS. Premièrement, il n'y a pas de système de système de surveillance de routine. " Il nous a fallu quand même quelques semaines avant qu'un système de collecte d'informations puisse se faire et que l'on ait une vision de faits ", témoigne Sophie Quoilin.

Autre problème : le manque de formation du personnel en MR-MRS concernant les normes d'hygiène, qui s'accompagne d'un manque d'équipements de protection. " Nous sommes occupés à établir des recommandations qui permettront aux établissements d'organiser leurs stocks. En attendant, nous leur avons déjà dit de constituer un stock de trois mois ", explique Alice Baudine.

Concernant la formation, " il y a actuellement un travail en cours avec et les fédérations des maisons de repos et les fédérations hospitalières pour disposer d'un modèle de protocole qui fonde la collaboration entre les deux secteurs de manière concrète ", ajoute Brigitte Bouton . " Nous devons revoir la formation des directeurs des maisons de repos. " Et Alice Baudine de compléter. " Effectivement la formation en hygiène sanitaire du personnel des maisons de repos est relativement limitée. Les équipes mobiles d'urgence se sont rendu compte à quel point il était important de renforcer la formation. Nous organisons dès maintenant des formations qui vont commencer pour deux personnes par maison de repos. "

Yves Van Laethem insiste quant à lui sur le lien nécessaire entre les MR-MRS et les hôpitaux. " La maison de repos doit rester un endroit agréable - une maison. En même temps, elle doit pouvoir être branchée rapidement sur un tuyau qui la conduit vers les connaissances de l'hôpital. Au-delà des bassins hospitaliers, je pense qu'il faut des bassins globaux de santé dans lesquels les maisons de repos doivent s'inscrire. Cela n'a pas de sens d'avoir en permanence un hygiéniste dans une maison de repos, mais on doit pouvoir trouver facilement un endroit où l'hygiéniste en question sait ce qu'est une maison de repos et pas seulement une réanimation d'hôpital universitaire. "

Cette semaine, ce sont les fédérations en charge des MR-MRS qui seront entendues. Avec à la clé, sans nulle doute, encore d'autres pistes d'amélioration.

Dès le mois de mars, tous les acteurs institutionnels connaissent la situation problématique des MR-MRS. " Au début, on avait déjà beaucoup de soucis à ce sujet. Mais peu d'informations ", regrette Erika Vlieghe, présidente du GEES. En Commission spéciale Covid, elle lance rapidement un premier pavé dans la mare. " Le comité Hospital &Transport Surge Capacity (HTSC) - dont elle fait partie, ndlr - donnait un bon aperçu de la situation de la hôpitaux. Nous nous sommes dit qu'il fallait créer la même chose pour les MR-MRS. Ce que nous avons suggéré en Risk Management Group (RMG) le 27 mars. Les Régions, arguant que c'était une compétence régionale, ont estimé qu'il n'était pas nécessaire de former un organe interfédéral sur les MR-MRS. " La chose qu'il ne fallait pas dire ! La ministre Christie Morreale, en charge de la Santé à la Région wallonne, s'il fallait encore le rappeler, a réagi le jour même. " Les régions n'ont pas refusé de coordination interfédérale pour la gestion de la crise dans les maisons de repos parce qu'il n'y a jamais eu de proposition en ce sens. Des recommandations conjointes ont été formulées, à charge pour les Régions, qui sont compétentes pour le secteur, de les mettre en oeuvre. Il n'y a jamais eu de proposition de créer un comité interfédéral. "" La ministre Morreale dit que cette proposition n'a jamais été faite alors qu'elle apparaît bien dans les rapports du RMG ", souligne Germain Mugemangango, le chef de groupe du PTB au parlement wallon. "Toute la clarté doit être faite à ce sujet. Une coordination nationale aurait vraiment aidé les MR-MRS et aurait sans doute épargné des vies. Nous devons savoir si cette mesure d'efficacité a été refusée et pourquoi."Le parti réclame dès lors une commission spéciale d'urgence "en présence d'Erika Vlieghe, de Christie Morreale et des personnes qui représentent la Région wallonne au RMG". Une confrontation qui n'a pas encore eu lieu, malgré les demandes du PTB et du CDH. Mais est-ce que tout cela a vraiment un sens finalement ? Le véritable intérêt est de savoir si effectivement, une coordination nationale aurait aidé les MR-MRS. " J'étais au RMG. Et je pense que nous n'avons pas perçu les choses de la même manière du côté des entités fédérées que du côté du Fédéral. Nous n'avons simplement pas compris la proposition que nous faisait le Fédéral par rapport aux MR-MRS ", explique Brigitte Bouton, inspectrice générale du département de la branche santé de l'Aviq. " Cela aurait-il été plus efficace d'avoir une coordination interfédérale ? Je voudrais souligner que, pour la gestion des MR-MRS, nous avons des cadres différents. D'un point de vue juridique déjà. Par exemple, en Flandre, on va trouver des résidences services médicalisées, ce que nous n'avons pas du tout en Wallonie. Il y a des différences entre nous et mener des travaux identiques n'est pas toujours facile dans ce contexte-là. Nous avons d'autres cas où nous travaillons en interfédéral et, par rapport aux MR-MRS, nous avons eu 22 réunions sur la gestion des clusters en MR-MRS et l'échange de bonnes pratiques entre toutes les entités fédérées, l'État fédéral, Sciensano, sous la présidence du SPF Santé publique. "Outre la surmortalité dans les MR-MRS, une question éthique a soulevé l'émoi pendant la crise : certains hôpitaux auraient refusé d'hospitaliser des patients issus des MR-MRS. Qu'en est-il réellement ? Tous les interlocuteurs en Commission spéciale Covid affirment ne pas avoir donné une telle injonction, ni aux hôpitaux, ni aux MR-MRS, qui ont, elles aussi, parfois refusé des patients de retour des hôpitaux dans leurs institutions. " Le terrain nous indiquait qu'il y avait des refus d'hospitalisation et même des refus de prise en charge de la part du 112 ", admet Brigitte Bouton de l'Agence pour une vie de qualité(AViQ). Cependant, l'Aviq n'a eu aucune plainte par rapport à la non-acceptation de résidents dans les hôpitaux, ajoute Alice Baudine, administratrice générale de l'Aviq. Les inspecteurs de l'agence font actuellement le tour des MR-MRS pour voir ce qu'il s'est exactement passé et quelles ont été les difficultés rencontrées. " On sait déjà que certains ont quand même dû un peu se battre pour que les personnes soient acceptées à l'hôpital. "Bien que débat régional, le propos s'est étendu quand Erika Vlieghe a exposé son point de vue de la situation. Dès le début, vu l'ampleur de la crise, il a fallu faire des choix. Au-dessus d'un certain âge, faut-il accepter un patient aux soins intensifs alors qu'il risque de ne pas le supporter et que les lits sont comptés ? C'est la question que s'est posé le comité HTSC. " En Italie aussi, la question s'est posée. Et au-dessus d'un certain âge, les patients n'étaient tout simplement plus admis aux soins intensifs. On ne voulait pas d'une directive binaire comme celle-là. Geert Meyfroidt, médecin intensiviste de la KUL et président de la Société belge des soins intensifs, a donc fait une proposition davantage nuancée. L'idée était de ne pas se focaliser sur l'âge, mais sur l'état fonctionnel du patient, afin d'éviter d'engorger les soins intensifs avec des patients sans espoir d'en sortir. "" Nulle part, dans aucune circulaire, il n'est écrit que l'on ne peut pas envoyer des patients vers les hôpitaux ", explique clairement a présidente du GEES. " Bien sûr, on invitait à faire une bonne évaluation du patient avant de l'envoyer à l'hôpital. Cela a-t-il été mal compris dans les hôpitaux ? Oui, probablement. L'avons-nous su à ce moment-là ? Non. C'était aussi une bataille contre le chaos. " Et de conclure son intervention. " Personnellement, je suis fortement touchée, émotionnellement parlant, par tous les reproches qui estiment que nous avons oublié les maisons de repos, que nous avons envoyé des circulaires hitlériennes ou encore que nous avons privilégié les hôpitaux par rapport aux MRS. C'était tout l'inverse. "" A-t-on fait de l'eugénisme ou pas ? Volontairement, non ", ajoute Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral. " À certains moments, certains patients n'ont-ils pas été pris sur base de statut ? Je pense que c'est le cas, mais il faut savoir que c'est le cas tout le temps. "Pas question de refuser des patients donc. " Nous voulions simplement éviter, dans le feu de l'action, de devoir choisir de traiter tel patient plutôt qu'un autre ", explique Erika Vlieghe . " Il a donc fallu une préparation en amont, avec la participation des médecins généralistes et des médecins coordinateurs de MRS pour réaliser le projet thérapeutique des patients. " Un projet thérapeutique qui n'est malheureusement pas toujours réalisé, regrettent la présidente du GEES, mais aussi l'Aviq et Yves Van Laethem. " Si le projet thérapeutique était clairement établi dans les MR-MRS, on saurait jusqu'où aller avec le patient. C'est un choix difficile, mais qu'il faut poser. Il ne faut pas se voiler la face. "In fine, les intervenants de la commission spéciale Covid ont relevé plusieurs hiatus dans le fonctionnement des MR-MRS. Premièrement, il n'y a pas de système de système de surveillance de routine. " Il nous a fallu quand même quelques semaines avant qu'un système de collecte d'informations puisse se faire et que l'on ait une vision de faits ", témoigne Sophie Quoilin. Autre problème : le manque de formation du personnel en MR-MRS concernant les normes d'hygiène, qui s'accompagne d'un manque d'équipements de protection. " Nous sommes occupés à établir des recommandations qui permettront aux établissements d'organiser leurs stocks. En attendant, nous leur avons déjà dit de constituer un stock de trois mois ", explique Alice Baudine. Concernant la formation, " il y a actuellement un travail en cours avec et les fédérations des maisons de repos et les fédérations hospitalières pour disposer d'un modèle de protocole qui fonde la collaboration entre les deux secteurs de manière concrète ", ajoute Brigitte Bouton . " Nous devons revoir la formation des directeurs des maisons de repos. " Et Alice Baudine de compléter. " Effectivement la formation en hygiène sanitaire du personnel des maisons de repos est relativement limitée. Les équipes mobiles d'urgence se sont rendu compte à quel point il était important de renforcer la formation. Nous organisons dès maintenant des formations qui vont commencer pour deux personnes par maison de repos. "Yves Van Laethem insiste quant à lui sur le lien nécessaire entre les MR-MRS et les hôpitaux. " La maison de repos doit rester un endroit agréable - une maison. En même temps, elle doit pouvoir être branchée rapidement sur un tuyau qui la conduit vers les connaissances de l'hôpital. Au-delà des bassins hospitaliers, je pense qu'il faut des bassins globaux de santé dans lesquels les maisons de repos doivent s'inscrire. Cela n'a pas de sens d'avoir en permanence un hygiéniste dans une maison de repos, mais on doit pouvoir trouver facilement un endroit où l'hygiéniste en question sait ce qu'est une maison de repos et pas seulement une réanimation d'hôpital universitaire. "Cette semaine, ce sont les fédérations en charge des MR-MRS qui seront entendues. Avec à la clé, sans nulle doute, encore d'autres pistes d'amélioration.