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Septième album seulement en plus de 25 ans pour les mystérieux Montréalais de Godspeed You! Black Emperor, qui mêlent à la fois dans leur production instrumentale l'atmosphérique d'un Mogwai (mais sans électroniques) et le maelstrom contrôlé d'un Motorpsycho atone, ajoutant à cela une portée plus classique. C'est que le groupe est composé d'un violon, d'un alto, d'un violoncelle et d'un orgue qui soutiennent deux guitares et une basse électriques, rythmés par différentes batteries et même un glockenspiel. Une inclinaison classique qui pousse l'octette canadien, accompagné de deux vidéastes, à proposer cette fois deux suites, dont le calme initial est zébré par des extraits radios de prédicateurs annonçant la fin du monde et d'ordres militaires qu'une guitare électrique vient déchirer avant que la procession d'instruments ne donne un caractère plus optimiste à chacune de ces oeuvres. Reflétant le monde compliqué et confiné dans lequel elle évolue, cette nébuleuse fort politisée (enfin, ils sont tout de même plus Weather Report que Weather Underground) que l'on imagine proche d'une Naomi Klein, offre en contrepoint à cette houle maîtrisée un duo de pièces plus courtes, plus sombres, surtout dans le cas de Fire at Static Valley - d'un calme funéraire, tandis que Our Side Has to Win et son bourdonnement dronesque inquiétant débouche en fin de mélodie sur une note d'optimiste. Car si les cordes y font office de voix, elles ne sont pas là pour se pendre...