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Un homme va mourir: sa volonté de vivre, si forte, si puissante, finit par le délaisser et s'évapore comme le ferait une âme. Son fils est là, dans le couloir de l'hôpital, et, reconnaissant dans l'interne de garde cette nuit un ancien partenaire de tennis, il lui confie la vie de celui qu'il veille dans un dénouement que l'on devine funèbre. L'existence d'un homme qui, malgré une terrible maladie et une tare sociale, prendra le train du progrès du 20e siècle en marche, fusionnant sa vie à une épouse tout aussi volontaire et remarquable que lui-même, et dont la famille est aussi cruellement marquée par l'époque. Auteur de romans et de parcelles d'histoires romancées, Marc Dugain, qui s'emploie souvent à trouver l'âpre réalité sous l'apparente vérité, livre ici son roman le plus personnel, puisqu'il est celui de ses parents et donc aussi le sien. Avec toujours, comme chez son géniteur, cette "volonté" de rester à distance, d'"impersonnaliser" ses proches et lui-même comme pour tenir l'émotion à distance. Il y a en effet chez Dugain, dans son style d'une lucidité limpide et donc à la limite de la froideur, du Breton granitique, mais un granite qui se laisse tout de même cette fois légèrement fendiller par les sentiments, dans ce qui est avant tout un hommage aux hommes et aux femmes, pas aussi nombreux qu'on le souhaiterait, de bonne... volonté