Tant au niveau du diagnostic que de l'immunothérapie de désensibilisation, de nouvelles méthodes apparaissent dans la prise en charge de la rhinite allergique. Une affection chronique ou saisonnière, qui touche entre 20 et 25% de la population belge.
...
Alors que la saison pollinique bat son plein, les patients défilent dans les cabinets, tant des généralistes que des médecins spécialistes. Au programme: éternuements, nez qui coule et chatouille, conjonctivite, fatigue, voire crise d'asthme. "Bien qu'elle survienne souvent chez les jeunes, la rhinite allergique peut commencer à tout âge", rappelle la Pr Valérie Hox, rhinologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc. "Pour établir le diagnostic de rhinite allergique, il faut une corrélation entre les symptômes et les anticorps type IgE, détectés dans la prise de sang ou par test cutané. Ce n'est pas toujours le cas. Certains patients présentent les symptômes, mais les résultats des tests allergiques traditionnels s'avèrent négatifs. Ou le contraire: les résultats sont positifs malgré l'absence de symptômes. Raison pour laquelle nous effectuons de plus en plus de provocations nasales allergéniques. En effet, il a été démontré que certains patients ont des IgE contre les pollens ou les acariens, par exemple, mais exclusivement dans le nez et liées aux mastocytes de la muqueuse nasale."Autre avancée diagnostique: détecter et déterminer les composants allergéniques, ces protéines présentes dans les allergènes et qui ont des relevances différentes. On distingue les allergènes majeurs (Der p 1 et Der p 2 pour les allergies aux acariens, par exemple) des allergènes mineurs (comme Der p 10) qui provoquent souvent une réaction croisée. "Pour les allergies respiratoires, tous les composants allergéniques ne sont pas pertinents", précise la Pr Hox. "Mais ils sont intéressants pour identifier des allergies alimentaires ou croisées. De plus, nous pensons que certains composants allergéniques pourraient permettre de prédire la réponse à l'immunothérapie anti-allergie (désensibilisation), car environ 20% des patients n'y répondent pas."Or, la désensibilisation coûte cher! Entre 90 et 130 euros par mois de traitement par voie orale, à suivre pendant trois ou cinq ans, à raison de six ou douze mois par an. Soit une facture totale de plusieurs milliers d'euros, non remboursés ou très peu par les mutualités. Vu l'investissement qu'un traitement de désensibilisation représente pour le patient, autant savoir en amont s'il sera efficace! "Outre les composants allergènes, des recherches sont d'ailleurs en cours pour trouver d'autres biomarqueurs tels que les IgG et les médiateurs inflammatoires comme les interleukines", explique la Pr Hox. "Cela dit, au vu de son efficacité prouvée sur une maladie chronique et des bénéfices qu'en retirent des millions de patients, nous essayons depuis des années de convaincre les autorités de rembourser les traitements de désensibilisation, comme le font les pays voisins." Au niveau de la désensibilisation, les traitements aussi ont évolué. "Avant, le patient devait se rendre régulièrement (1) chez le médecin ou à l'hôpital pour recevoir une injection", rappelle la rhinologue. "Outre ces contraintes logistiques - que certains patients préfèrent encore, car les injections sont moins chères que les traitements ultérieurs - même sous surveillance médicale, il y a toujours un risque de choc anaphylactique, voire de décès. Les firmes ont donc développé des immunothérapies par voie sublinguale. Ce mode d'administration a une efficacité quasi équivalente, mais provoque nettement moins d'effets systémiques que la voie sous-cutanée. Nous avons à notre disposition de plus en plus de traitements de désensibilisation sous forme de comprimés à laisser fondre sous la langue. C'est pratique, simple à doser, à transporter et à prendre et moins dangereux. Le tout premier comprimé doit toujours être pris sous surveillance médicale, mais les risques de réaction systémique sont quasi nuls."Les critères pour envisager une désensibilisation? Des patients mal contrôlés avec les traitements symptomatiques (2) ou des personnes qui ont les moyens, l'envie et la motivation nécessaire pour adhérer complètement à ce traitement au long cours. "L'immunothérapie est bien tolérée", ajoute la Pr Hox. "Au début de la désensibilisation, les patients peuvent présenter des picotements dans la bouche et voir leurs lèvres gonfler, mais la prise conjointe d'antihistaminiques diminue ces effets secondaires. D'ailleurs, dans 99% des cas, ils disparaissent au bout de six semaines de traitement." Enfin, notons que la recherche sur les traitements curatifs de la rhinite allergique se poursuit. Ainsi, l'association de l'immunothérapie avec des anticorps monoclonaux et la désensibilisation ciblée sur les composants allergéniques sont en cours d'évaluation.