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En 2014, la garde médicale bruxelloise (GBBW, pour "Garde bruxelloise - brusselse wachtdienst") se réinventait, et mettait en place un système qui serait ensuite repris par le 1733, un numéro d'appel centralisé (02/201 22 22) actif de 19 h à 8 h du matin en semaine, ainsi que durant tout le week-end. Il apparut cependant dans la foulée que les appels en semaine entre 8 h et 19 h, c'est-à-dire en-dehors de la garde, n'étaient pas toujours bien pris en charge, seuls les médecins traitants actifs pouvant répondre à leurs patients, et encore, en fonction de leur charge de travail. "Nous avons alors eu l'idée de mettre sur pied un système 'miroir', qui utilise le même numéro de téléphone, pour faire le complément en journée de la garde de nuit et de week-end", explique le Dr Manuel De Schuiteneer. C'était l'an dernier, "Mediday" était né, permettant de répartir les appels sur Bruxelles en journée entre médecins généralistes disponibles dans les différentes communes de l'entité. Comment ça marche, concrètement? Le même centre d'appels que celui de la garde de nuit géolocalise l'appelant sur Bruxelles et voit, sur une carte style Google Maps, tous les généralistes disponibles, soit pour accueillir des patients en consultation à leur cabinet, soit pour effectuer des visites au domicile de ces patients. Le centre d'appels attribue alors le généraliste le plus proche de la personne qui appelle. "Mediday poursuit un double objectif", précise le Dr De Schuiteneer, "d'une part, soigner les personnes qui ne savent pas voir leur médecin traitant dans un délai suffisant, ou qui n'ont pas de médecin généraliste. Ensuite, indiquer à un patient un médecin qui ne se trouve pas trop loin de chez lui et qui, si le contact passe bien, pourrait être amené à le suivre dans le futur. Un point positif pour les jeunes généralistes de Bruxelles qui, dans ce cas de figure-là, sont amenés à recevoir de nouveaux patients, ce qui facilite leur installation."Bien sûr, les patients qui ont un médecin attitré doivent toujours commencer par appeler celui-ci. C'est d'ailleurs la première question que pose la personne du centre d'appels. Derrière ce système, une interface pour les médecins participants où ils peuvent communiquer leurs disponibilités: "À Woluwe-Saint-Lambert où je travaille, trois à quatre médecins proposent ainsi chaque jour leurs disponibilités, en plus de celles qu'ils offrent à leurs propres patients", détaille Manuel De Schuiteneer. "Par exemple, 'je suis d'accord de recevoir une, deux ou trois personnes à mon cabinet de 10 h à 12 h, en plus de mes patients habituels' ; ou bien: 'le mercredi, je suis d'accord d'aller faire deux visites à domicile pour des patients que je ne connais pas'. Le call-center trouve ces disponibilités en temps réel sur le logiciel que nous avons développé, et chaque fois qu'un contact est établi, le quota du médecin diminue d'autant."Qui finance? La Fédération des associations de médecins généralistes de Bruxelles (FAMGB) a mis un budget sur la table pour mettre au point ce logiciel, avec l'aide de la firme Organica. Dans un premier temps, Mediday dépend d'un centre d'appels mais il est prévu, à terme, de le rendre indépendant, grâce à une interface directe avec les patients (une appli sur smartphone). Le système est gratuit, tant pour le patient (qui paie sa consultation, bien sûr) que pour le médecin: c'est la cotisation d'affiliation (en ordre) de ce dernier à l'une des associations de médecins de Bruxelles qui lui permet de participer, sans abonnement (accès à https://mediday.brussels/ via vos identifiants valables sur le site de la FAMGB). "C'est vraiment un service à la population, développé sur l'enveloppe de la Fédération."Pour le moment, une cinquantaine de médecins généralistes bruxellois participent à Mediday. "Toujours sur ma commune, cela représente trois ou quatre médecins chaque jour, et pas toujours les mêmes", illustre le Dr De Schuiteneer. "L'idée est évidement que plus le système sera connu, plus il y aura d'appels de patients, et plus nous aurons de médecins adhérents."Sur environ 1.300 MG à Bruxelles, ce chiffre de 50 participants peut sembler faible. Mais il est en croissance constante et Mediday, ne l'oublions pas, est encore un 'bambin'. En outre, le système vise en premier lieu les généralistes qui sont encore dans leurs premières années d'installation: "On se doute bien que chemin faisant, les médecins ont de moins en moins de disponibilités à proposer en plus de leurs propres patients. Plus ils sont âgés, moins ils sont demandeurs d'un système comme Mediday." Par contre, les médecins dont la patientèle déborde peuvent bénéficier du système pour trouver des remplacements en cas de vacances par exemple, s'ils n'ont pas trouvé d'accord préalable avec un confrère du quartier: il leur suffit de mettre les numéros d'appel sur leur répondeur, et les patients qui appellent seront redistribués vers les généralistes du quartier en journée ou vers la garde pendant les heures de garde. "Chaque jour, 20 à 25 appels de patients sont redirigés vers des médecins généralistes locaux sur Bruxelles. Le système est appelé à se développer progressivement, nous sommes sur le même rythme de croissance que la garde initiée en 2014. Il existe une demande des médecins d'être remplacés plus facilement, et par ailleurs de s'installer plus facilement, donc Mediday sera assurément de plus en plus utilisé dans les prochaines années", conclut Manuel De Schuiteneer.