Les droits humanitaires et le principe de protection des malades et des victimes sont systématiquement bafoués en Israël, et aggravés depuis la guerre à Gaza. En appui aux organisations humanitaires israéliennes, palestiniennes et internationales, nous demandons aux instances médicales belges de rompre avec leurs homologues israéliens qui collaborent à ces exactions ou s'abstiennent de les dénoncer.
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Les guerres entre Israël et ses voisins ont occasionné nombre de violations des droits humains: l'assassinat le 7 octobre 2023 de près d'un millier de civils en Israël par le Hamas, la prise d'otages, les massacres de dizaines de milliers de gazaouis par l'armée israélienne. En tant que médecins et universitaires, cette situation nous interpelle. Physicians for Human Rights, Médecins pour les droits humains, est une association internationale ayant obtenu le prix Nobel de la paix en 1997. Sa section israélienne, PHR-I, se mobilise depuis 1981 pour le respect des droits médicaux en Israël et en Palestine administrée. Avec l'aide de milliers de volontaires, elle organise des consultations dans des cliniques mobiles à Gaza et en Cisjordanie, a une consultation ouverte aux précarisés à Jaffa, près de Tel Aviv, se mobilise pour le respect des droits médicaux des prisonniers et des immigrants en Israël. De nombreux documents présents sur le site www.phr.org.il/en/about/ démontrent la considérable détérioration de la situation sanitaire depuis le début de la riposte israélienne. Il est impérieux et urgent que les organisations médicales belges soutiennent leurs collègues israéliens qui se mobilisent pour le respect des droits humains (en particulier PHR-I) et condamnent ceux qui, activement ou par leur silence, se font complices de ces violations. L'ULB a rompu ses relations avec l'Université de Tel Aviv car celle-ci collabore avec des programmes militaires. De même, nous demandons que les organisations médicales belges rompent publiquement et inconditionnellement avec les organisations médicales israéliennes qui acceptent l'abandon de soins des patients d'origine palestinienne. À Gaza, les infrastructures médicales ont été spécifiquement ciblées et détruites par l'armée israélienne au mépris des conventions internationales dont l'État d'Israël est signataire. Seules 11 des 36 structures hospitalières restent fonctionnelles, sous-staffées et sous-équipées. Des dizaines de patients atteints de cancer et soignés en Israël ont été expulsés vers Gaza. Plus de 300 soignants ont été tués, des ambulances détruites. Les patients cancéreux, insuffisants rénaux, les blessés et les nourrissons prématurés ne sont plus pris en charge décemment. Les risques d'épidémie sont élevés. La santé psychologique des soignants est compromise. Depuis le 7 octobre, PHR-I ne peut plus ni se rendre à Gaza ni même faire de dons ou fournir du matériel médical via l'Égypte, les transferts étant bloqués par leur banque israélienne. L'aide humanitaire, médicale, alimentaire et énergétique, est arrêtée ou limitée. En Cisjordanie, comme dans le Néguev, les colons harcèlent les habitants des zones rurales, physiquement et psychologiquement, pour les expulser et récupérer leurs terres. Leurs interventions sont nocturnes, ce qui entraîne une insomnie chronique et une généralisation du stress post-traumatique. L'armée israélienne n'intervient pas, et les plaintes auprès des tribunaux sont le plus souvent classées sans suite, ce qui provoque un sentiment d'abandon et de vulnérabilité qui aggrave la symptomatologie. Les ambulances sont systématiquement immobilisées aux checkpoints. La situation des 10.000 prisonniers palestiniens, dont 4.000 détenus pour raisons administratives, est déplorable. Des soupçons graves de torture, en particulier dans le camp de Sde Teichman, ont été émis. Des médecins y participeraient. Une manifestation a eu lieu, à laquelle appelait entre autres PHR.I. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) [1] appelle à cesser les hostilités. (...) L'OMS [2] s'inquiète de la destruction de l'infrastructure sanitaire à Gaza. L'Association médicale mondiale [3] formule les mêmes demandes, et rappelle que tous les médecins ont l'obligation morale de respecter les principes énoncés dans la déclaration de Genève de l'AMM. Le Croissant-Rouge Palestinien rappelle [4] que depuis le 7 octobre, le réseau de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a perdu 22 membres (...). Les bureaux de Médecins du monde (MM) à Gaza ont été intentionnellement détruits le 12 février 2024 et deux médecins travaillant pour MSF ont été tués par une frappe ciblée sur l'hôpital où ils travaillaient, le 21 novembre 2023. Lorsque Israël, pays qui s'affirme démocratique, viole impunément les droits humains, c'est le concept de démocratie qui est décrédibilisé et nié dans les faits. Lorsque des civils sont impunément persécutés ou menacés, c'est un crime de guerre que l'on commet. Lorsqu'un État cible les institutions sanitaires, que les patients et les victimes ne peuvent être soignés, que les prisonniers sont torturés, il viole les traités internationaux qu'il a ratifiés. Les industries pharmaceutiques et médicales israéliennes, par leur silence ou leur pratique, couvrent ces violations. À nos collègues médecins et soignants candidats (ou élus) aux élections du 9 juin: nous espérons que vous vous prononcerez pour le respect des Droits Humains en Israël et en Palestine et que vous demanderez à vos partis d'intégrer cette exigence morale dans leur programme.