Pourquoi la politique ? Quand est-ce que ce " démon " est né en vous et pourquoi le Mouvement réformateur ?

J'ai fait mes études à l'ULB-Erasme. Et très rapidement, je me suis engagé en faveur des étudiants en difficulté financière. Dès ma première année de médecine. Parce qu'à ce moment-là, j'étais effaré par le fait de voir des enseignes telles que Carrefour, Delhaize jeter des produits invendus à la poubelle. A cette époque-là, il n'y avait pas de loi contre le gaspillage alimentaire. Et en même temps, il y avait cette précarité étudiante grandissante. Donc j'étais assez sensible à cette thématique et je me suis engagé très rapidement dans l'associatif, dès l'âge de 19 ans. M'est venu l'idée de mettre en place des épiceries solidaires au sein des campus universitaires. Très rapidement, j'ai pu convaincre l'ULB de créer une épicerie solidaire en lien avec le service social étudiant. Et j'ai eu le soutien de la Banque alimentaire de Brabant et des fournisseurs, à savoir Colruyt, Delhaize, Nestlé. Très rapidement, j'ai pu alimenter les différentes épiceries solidaires grâce à ces partenaires. On donnait des paniers alimentaires aux étudiants au niveau du campus de l'ULB chaque semaine. Par la suite, le projet a grandi et à ce jour, il y a sept épiceries solidaires dans différentes villes. En Belgique, on a pu récupérer des tonnes de produits invendus et aider des milliers d'étudiants.

C'est un petit peu les " Restos du coeur "...

Exactement. C'est à cette occasion que j'ai pu finalement rencontrer certains politiques. Puis en même temps, j'ai terminé mes études de médecine et j'ai aussi fait des études à Solvay relatives à l'entrepreneuriat. Mon " entreprise sociale " comptait 10 employés et une centaine de bénévoles à gérer. Comme le soutien politique est indispensable, j'ai été confronté jeune au " jargon " politique et aux moeurs politiques. Georges-Louis Bouchez a vu mon profil, m'a contacté et m'a demandé d'intégrer son cabinet il y a environ deux ans comme conseiller santé, médecine et technologie de la santé. En parallèle, j'ai fondé une start-up consistant à mettre en relation parents et baby-sitters. J'ai fait 100.000 euros de chiffres d'affaire. Mais j'ai dû arrêter ce business.

Vous êtes un " libéral social " ?

Je suis profondément libéral car je pense qu'on réussit uniquement avec la volonté de travailler très dur. Je crois fortement à l'ascenseur social

Ascenseur social

Vous pensez que tant en France qu'en Belgique justement, cet ascenseur social existe ? C'est-à-dire que si on a la volonté, plus la possibilité de faire des études relativement accessibles financièrement, quelles que soient les origines, les difficultés, il y a moyen de s'en sortir ?

Exactement. Je suis convaincu que tout passe par la persévérance et une forme de résilience aussi face à l'échec. J'ai échoué aussi dans ma vie. J'ai aussi été forgé par un centre de formation de foot en France. J'en ai gardé certaines valeurs, la rage de vaincre, la victoire. J'ai été aussi capitaine très tôt dans des équipes de jeunes. Je retire beaucoup de mon expérience footballistique, la nécessité de leadership... Ce qui m'a amené par la suite à la proposition du MR de reprendre la section du MR de Saint-Gilles. La section n'avait pas changé de direction depuis 36 ans. Nous sommes maintenant une cinquantaine de membres, qui s'engagent sur les listes. Nous mettons au point un nouveau programme pour ravir le mayorat qui a été occupé pendant 30 ans par le socialiste Charles Picqué.

Quelle est votre priorité à Saint-Gilles ?

La sécurité. Pure et simple. C'est-à-dire le droit de se promener en sécurité dans la rue... Les raisons sont multiples. Déjà, d'une part, on observe une précarité grandissante, des sans-abris, des SDF, des toxicomanes qui vivent à la rue. Le nombre d'usagers bénéficiaires du CPAS augmente fortement. D'autre part, une montée grandissante aussi de personnes mal éduquées ; de l'incivisme permanent, des insultes, des vols, des casses de voitures (10 voitures en deux semaines, récemment). Des pétitions de comités de quartier circulent. Le collège communal n'est pas à la hauteur. Il y a beaucoup de " disputes " entre Ecolo et PS. Je pense que la sécurité sera une thématique majeure pour les prochaines élections. Nous proposons des solutions contre cette insécurité permanente. À savoir : augmenter le budget de la zone de police, les effectifs et la vidéosurveillance, notamment dans les quartiers sensibles où il y a énormément de trafic de de stupéfiants. Des sanctions appropriées sont indispensables.

" Frank Vandenbroucke est un ministre qui consulte, mais sans pour autant écouter. "

La réponse pénale n'est pas là ?

Exactement. Il y a un retard au niveau du Parquet. Mais il faut aussi responsabiliser les parents lorsqu'un mineur vole. Il faut aller à la rencontre de la famille pour comprendre la situation de l'enfant. Le rôle des milieux associatifs est important. Je suis prêt à prendre le leadership. Car on ne peut pas seulement imputer la responsabilité de l'insécurité au Parquet et à la police. Il faudrait aussi un " service d'incivilité " qui fasse campagne dans les écoles. Certains jettent des détritus n'importe où... C'est aberrant. On se croirait dans un pays en voie de développement.

Vos ambitions communales vont jusqu'à, par exemple, devenir bourgmestre éventuellement à terme ? Vous ne l'excluez pas ?

J'en ai certainement les capacités même si je n'ai que 32 ans. Le fait de diriger la section MR en est la preuve. J'ai recruté des profils très intéressants comme l'ancien journaliste de RTL-TVI Jean-Pierre Martin qui un néo-Saint-Gillois. J'ai des profils variés. Un directeur d'école, par exemple.

Valeurs libérales

Pour vous, le libéralisme, c'est la création de richesse ? La doctrine libérale est une des réponses possibles sachant que la Région bruxelloise est en faillite comme d'ailleurs beaucoup de communes ?

Je pense que le libéralisme représente certaines valeurs. La première est la volonté de réussir. Et surtout d'assumer ses responsabilités à l'échelle personnelle et au sein de la société. Quand on parle responsabilité, on parle budget (un budget responsable dans le sens où on ne dépense pas plus que ce que l'on gagne). En Région bruxelloise, par exemple, on a toujours proposé des choses gratuites. Mais la gratuité n'existe pas. C'est le contribuables qui paie. Le libéralisme, c'est la responsabilité sociétale...

Frank Vandenbroucke arrive en fin de mandat. Ministre hyperactif, il est aussi dirigiste et un peu rentre-dedans. Comment le jugez-vous ?

Il y a du positif. Il a osé bouger le secteur de la santé, ce n'est pas rien. Il a résolu certaines segmentations. Élaborer des réformes telles que la réforme du financement, même si on attend encore le résultat, c'est une bonne chose. De même, l'augmentation du taux de vaccination contre la grippe par exemple. Personnellement, j'étais en faveur d'autoriser les pharmaciens à vacciner. Tant qu'il y a une formation, tant que c'est contrôlé. Par contre ce que je ressens c'est un ministre qui consulte, mais sans pour autant écouter. Au sein du gouvernement, parfois, il montre beaucoup de nervosité. Il a été à deux doigts de frapper un ministre.

Les libéraux héritent rarement du portefeuille de la Santé publique. La dernière fois, ce fut Maggie De Block (Open-VLD). Si le MR en héritait, vous souhaiteriez en être, par exemple comme chef de cabinet ou chef de cabinet adjoint dudit ministre ?

Probablement. J'en discutais avec Georges-Louis... Effectivement c'est un portefeuille qui rentre finalement dans le cadre libéral. On touche notamment à tout ce qui est technologie de la santé, c'est une révolution. Je suis de ceux qui pensent qu'il y aura un basculement majeur de la médecine d'ici quelques années. Il y aura plus d'hospitalisation à domicile, beaucoup plus de soins ambulatoires. On fait face à une pénurie de personnel. Donc, il faudra prévoir des délégations de tâches. L'innovation sera forte dans les médicaments. On parle énormément de budget, donc de l'économie, avec notamment une norme de croissance qui doit être contrôlée etc.

" Si j'étais ministre de la Santé, je convoquerais l'ensemble des directeurs d'hôpitaux. Pour pouvoir discuter et élaborer les priorités sur la législature. "

Vous êtes médecin généraliste. Frank Vandenbroucke a mené une grande réforme appelée le New Deal, soit le choix de se maintenir dans une médecine à l'acte ou bien évoluer vers un mix à l'acte/au forfait et à la prime. Qu'en pensez-vous ? Ces deux régimes peuvent-ils fonctionner en même temps ?

Je vais être honnête avec vous. Même en tant que conseiller de santé et médecin, je n'ai pas saisi encore le projet. J'ai essayé de comprendre mais je n'ai pas compris. J'ai demandé à d'autres collègues médecins de m'expliquer et eux-mêmes n'ont pas compris. On aura effectivement des forfaits par mois, une consultation à 15 euros... Ça manque de clarté. Je pense que ce système dévalorise la MG...

Quelle est votre position sur les réformes de l'Etat. En 2024, après les élections nous n'échapperons peut-être pas à une 7e Réforme de l'Etat. Où vous situez-vous concernant les compétences fédérales et celles des entités fédérées ?

La santé est une compétence qui fédère. Les compétences en santé doivent être fédérales. J'irais plus loin : les entités fédérées ne sont pas compétentes dans le domaine de la santé. Le chevauchement préventif/curatif est une échec total. Il y a une complexité monstre. Il faut à mon avis refédéraliser les compétences en santé. C'est une priorité. Sinon on va droit dans le mur.

Quelle place pour le médecin généraliste ?

J'ai commencé ma carrière au jdM en 1996. On parlait de placer le MG au centre, puis le patient. Il semble aujourd'hui que ce soit le pharmacien... Que ce dernier vaccine, c'est une bonne idée selon vous ?

J'ai toujours défendu une collaboration entre les acteurs professionnels. Je pense effectivement que le médecin généraliste doit être au centre de la médecine parce qu'il coordonne les soins des patients, parce qu'il suit les maladies chroniques. Mais pour l'instant, il n'y a pas suffisamment de communication entre les différents acteurs professionnels. Grâce au partage des données, ça va peut-être changer. Au niveau infirmier, la pénibilité est une réalité. On dévalorise la profession infirmière avec l'assistante de pratique et l'aide-qualifiant. Je suis convaincu qu'il faut retravailler le parcours du patient et ça passe aussi par plus de liens entre les différents acteurs professionnels, ça c'est certain.

Si vous étiez directeur de cabinet ou même directeur de cabinet adjoint du ministre de la santé, quelle serait votre première mesure ?

Je convoquerais l'ensemble des directeurs d'hôpitaux. Pour pouvoir discuter et élaborer les priorités de la santé sur la législature.

Un vaste round de consultation avant de décider ?

Oui pour élaborer ensemble un plan d'action et un plan stratégique de santé pour la prochaine législature. Tout simplement. Essayer d'obtenir qu'une majorité d'acteurs me soutienne. Et puis la seconde, ce serait de valoriser le secteur médical. Il faut montrer que la médecine est importante et que les médecins sont importants, tant généralistes que spécialistes. Je pense qu'il manque un soutien en tout cas du politique vis-à-vis du secteur professionnel médical. Je demanderais en troisième lieu beaucoup plus de transparence. Sur les budgets des hôpitaux en particulier. On dit depuis X temps que les hôpitaux sont en faillite. J'ai quelques échos disant que c'est pas le cas et que il y a une volonté du secteur en tout cas hospitalier d'occulter les chiffres, d'être le moins transparent possible pour toujours alimenter ce débat de " faillite des hôpitaux ". Dans cet ordre d'idée, j'ai proposé comme vous le savez la création d'un Ordre infirmier.

Psychodrame au MR

Votre président, Georges-Louis Bouchez, a été en ballottage récemment. Il a sauvé sa présidence du MR mais sa survie dépendra vraisemblablement du résultat du MR aux prochaines élections. Vous êtes proche de lui. Le courant entre vous est tout de suite passé. Comment l'avez-vous vécu ce psycho-drame au MR ?

Je pense en effet qu'entre nous il y a une séduction intellectuelle. Il a vu mon profil atypique et il s'est dit " ouah ! Je veux travailler avec toi ! ". C'est un personnage ! On l'aime ou on le déteste. Il est brillant. C'est un bon orateur. Il est intelligent. Il s'est fait tout seul. Un peu comme moi.

Pas comme Charles Michel, le " fils de " ?

Exactement... Sans parents en politique... Moi je vis en Belgique mon " rêve américain ". Mais tout peut s'arrêter du jour au lendemain en politique... Il fallait trouver une solution et je pense qu'il a bien fait d'être accompagné par des ténors comme Sophie Wilmès qui a une certaine expérience en tant que Premier ministre ; des chefs de file comme Willy Borsu, David Lesterh. David Clarinval au Fédéral qui est très brillant, très compétent, quelqu'un de très posé, l'entoure également.

Georges Dallemagne qui inaugurait la série " Médecins en politique ", s'est dit choqué par la difficulté de la gauche et de l'extrême-gauche à condamner sans hésitation le massacre des Israéliens par le Hamas, ne faisant pas une distinction nette entre " cause palestinienne " et terrorisme incarné par ce mouvement... Vous qui êtes d'origine algérienne et aux prises avec une communauté musulmane importante à Saint-Gilles, vous en pensez quoi ?

Moi je pense qu'il faut condamner effectivement tout acte terroriste. On ne tue pas les gens clairement innocents comme des bébés, des enfants. Ce qu'a fait le Hamas, ce sont des actes terroristes qui ont rendu triste toute la population sur Terre. C'est un conflit qui malheureusement perdure où il faut prôner effectivement un consensus entre deux États et protéger surtout la population civile, tant israélienne que palestinienne. Il faut éviter de l'importer chez nous. Il est condamnable que s'exerce chez nous une violence contre les Juifs ou de la part de l'extrême-droite contre les Arabes. A Saint-Gilles, nous avons demandé aux policiers d'être attentifs à ce que cela ne dégénère pas notamment dans les manifestations. Seules les manifestations pacifiques sont admissibles.

"Il y a une volonté du secteur hospitalier d'occulter les chiffres, d'être le moins transparent possible pour toujours alimenter ce débat de ''faillite des hôpitaux''."
Pourquoi la politique ? Quand est-ce que ce " démon " est né en vous et pourquoi le Mouvement réformateur ?J'ai fait mes études à l'ULB-Erasme. Et très rapidement, je me suis engagé en faveur des étudiants en difficulté financière. Dès ma première année de médecine. Parce qu'à ce moment-là, j'étais effaré par le fait de voir des enseignes telles que Carrefour, Delhaize jeter des produits invendus à la poubelle. A cette époque-là, il n'y avait pas de loi contre le gaspillage alimentaire. Et en même temps, il y avait cette précarité étudiante grandissante. Donc j'étais assez sensible à cette thématique et je me suis engagé très rapidement dans l'associatif, dès l'âge de 19 ans. M'est venu l'idée de mettre en place des épiceries solidaires au sein des campus universitaires. Très rapidement, j'ai pu convaincre l'ULB de créer une épicerie solidaire en lien avec le service social étudiant. Et j'ai eu le soutien de la Banque alimentaire de Brabant et des fournisseurs, à savoir Colruyt, Delhaize, Nestlé. Très rapidement, j'ai pu alimenter les différentes épiceries solidaires grâce à ces partenaires. On donnait des paniers alimentaires aux étudiants au niveau du campus de l'ULB chaque semaine. Par la suite, le projet a grandi et à ce jour, il y a sept épiceries solidaires dans différentes villes. En Belgique, on a pu récupérer des tonnes de produits invendus et aider des milliers d'étudiants.C'est un petit peu les " Restos du coeur "...Exactement. C'est à cette occasion que j'ai pu finalement rencontrer certains politiques. Puis en même temps, j'ai terminé mes études de médecine et j'ai aussi fait des études à Solvay relatives à l'entrepreneuriat. Mon " entreprise sociale " comptait 10 employés et une centaine de bénévoles à gérer. Comme le soutien politique est indispensable, j'ai été confronté jeune au " jargon " politique et aux moeurs politiques. Georges-Louis Bouchez a vu mon profil, m'a contacté et m'a demandé d'intégrer son cabinet il y a environ deux ans comme conseiller santé, médecine et technologie de la santé. En parallèle, j'ai fondé une start-up consistant à mettre en relation parents et baby-sitters. J'ai fait 100.000 euros de chiffres d'affaire. Mais j'ai dû arrêter ce business.Vous êtes un " libéral social " ?Je suis profondément libéral car je pense qu'on réussit uniquement avec la volonté de travailler très dur. Je crois fortement à l'ascenseur socialVous pensez que tant en France qu'en Belgique justement, cet ascenseur social existe ? C'est-à-dire que si on a la volonté, plus la possibilité de faire des études relativement accessibles financièrement, quelles que soient les origines, les difficultés, il y a moyen de s'en sortir ?Exactement. Je suis convaincu que tout passe par la persévérance et une forme de résilience aussi face à l'échec. J'ai échoué aussi dans ma vie. J'ai aussi été forgé par un centre de formation de foot en France. J'en ai gardé certaines valeurs, la rage de vaincre, la victoire. J'ai été aussi capitaine très tôt dans des équipes de jeunes. Je retire beaucoup de mon expérience footballistique, la nécessité de leadership... Ce qui m'a amené par la suite à la proposition du MR de reprendre la section du MR de Saint-Gilles. La section n'avait pas changé de direction depuis 36 ans. Nous sommes maintenant une cinquantaine de membres, qui s'engagent sur les listes. Nous mettons au point un nouveau programme pour ravir le mayorat qui a été occupé pendant 30 ans par le socialiste Charles Picqué.Quelle est votre priorité à Saint-Gilles ?La sécurité. Pure et simple. C'est-à-dire le droit de se promener en sécurité dans la rue... Les raisons sont multiples. Déjà, d'une part, on observe une précarité grandissante, des sans-abris, des SDF, des toxicomanes qui vivent à la rue. Le nombre d'usagers bénéficiaires du CPAS augmente fortement. D'autre part, une montée grandissante aussi de personnes mal éduquées ; de l'incivisme permanent, des insultes, des vols, des casses de voitures (10 voitures en deux semaines, récemment). Des pétitions de comités de quartier circulent. Le collège communal n'est pas à la hauteur. Il y a beaucoup de " disputes " entre Ecolo et PS. Je pense que la sécurité sera une thématique majeure pour les prochaines élections. Nous proposons des solutions contre cette insécurité permanente. À savoir : augmenter le budget de la zone de police, les effectifs et la vidéosurveillance, notamment dans les quartiers sensibles où il y a énormément de trafic de de stupéfiants. Des sanctions appropriées sont indispensables.La réponse pénale n'est pas là ?Exactement. Il y a un retard au niveau du Parquet. Mais il faut aussi responsabiliser les parents lorsqu'un mineur vole. Il faut aller à la rencontre de la famille pour comprendre la situation de l'enfant. Le rôle des milieux associatifs est important. Je suis prêt à prendre le leadership. Car on ne peut pas seulement imputer la responsabilité de l'insécurité au Parquet et à la police. Il faudrait aussi un " service d'incivilité " qui fasse campagne dans les écoles. Certains jettent des détritus n'importe où... C'est aberrant. On se croirait dans un pays en voie de développement.Vos ambitions communales vont jusqu'à, par exemple, devenir bourgmestre éventuellement à terme ? Vous ne l'excluez pas ?J'en ai certainement les capacités même si je n'ai que 32 ans. Le fait de diriger la section MR en est la preuve. J'ai recruté des profils très intéressants comme l'ancien journaliste de RTL-TVI Jean-Pierre Martin qui un néo-Saint-Gillois. J'ai des profils variés. Un directeur d'école, par exemple.Pour vous, le libéralisme, c'est la création de richesse ? La doctrine libérale est une des réponses possibles sachant que la Région bruxelloise est en faillite comme d'ailleurs beaucoup de communes ?Je pense que le libéralisme représente certaines valeurs. La première est la volonté de réussir. Et surtout d'assumer ses responsabilités à l'échelle personnelle et au sein de la société. Quand on parle responsabilité, on parle budget (un budget responsable dans le sens où on ne dépense pas plus que ce que l'on gagne). En Région bruxelloise, par exemple, on a toujours proposé des choses gratuites. Mais la gratuité n'existe pas. C'est le contribuables qui paie. Le libéralisme, c'est la responsabilité sociétale...Frank Vandenbroucke arrive en fin de mandat. Ministre hyperactif, il est aussi dirigiste et un peu rentre-dedans. Comment le jugez-vous ?Il y a du positif. Il a osé bouger le secteur de la santé, ce n'est pas rien. Il a résolu certaines segmentations. Élaborer des réformes telles que la réforme du financement, même si on attend encore le résultat, c'est une bonne chose. De même, l'augmentation du taux de vaccination contre la grippe par exemple. Personnellement, j'étais en faveur d'autoriser les pharmaciens à vacciner. Tant qu'il y a une formation, tant que c'est contrôlé. Par contre ce que je ressens c'est un ministre qui consulte, mais sans pour autant écouter. Au sein du gouvernement, parfois, il montre beaucoup de nervosité. Il a été à deux doigts de frapper un ministre.Les libéraux héritent rarement du portefeuille de la Santé publique. La dernière fois, ce fut Maggie De Block (Open-VLD). Si le MR en héritait, vous souhaiteriez en être, par exemple comme chef de cabinet ou chef de cabinet adjoint dudit ministre ?Probablement. J'en discutais avec Georges-Louis... Effectivement c'est un portefeuille qui rentre finalement dans le cadre libéral. On touche notamment à tout ce qui est technologie de la santé, c'est une révolution. Je suis de ceux qui pensent qu'il y aura un basculement majeur de la médecine d'ici quelques années. Il y aura plus d'hospitalisation à domicile, beaucoup plus de soins ambulatoires. On fait face à une pénurie de personnel. Donc, il faudra prévoir des délégations de tâches. L'innovation sera forte dans les médicaments. On parle énormément de budget, donc de l'économie, avec notamment une norme de croissance qui doit être contrôlée etc.Vous êtes médecin généraliste. Frank Vandenbroucke a mené une grande réforme appelée le New Deal, soit le choix de se maintenir dans une médecine à l'acte ou bien évoluer vers un mix à l'acte/au forfait et à la prime. Qu'en pensez-vous ? Ces deux régimes peuvent-ils fonctionner en même temps ?Je vais être honnête avec vous. Même en tant que conseiller de santé et médecin, je n'ai pas saisi encore le projet. J'ai essayé de comprendre mais je n'ai pas compris. J'ai demandé à d'autres collègues médecins de m'expliquer et eux-mêmes n'ont pas compris. On aura effectivement des forfaits par mois, une consultation à 15 euros... Ça manque de clarté. Je pense que ce système dévalorise la MG...Quelle est votre position sur les réformes de l'Etat. En 2024, après les élections nous n'échapperons peut-être pas à une 7e Réforme de l'Etat. Où vous situez-vous concernant les compétences fédérales et celles des entités fédérées ?La santé est une compétence qui fédère. Les compétences en santé doivent être fédérales. J'irais plus loin : les entités fédérées ne sont pas compétentes dans le domaine de la santé. Le chevauchement préventif/curatif est une échec total. Il y a une complexité monstre. Il faut à mon avis refédéraliser les compétences en santé. C'est une priorité. Sinon on va droit dans le mur.J'ai commencé ma carrière au jdM en 1996. On parlait de placer le MG au centre, puis le patient. Il semble aujourd'hui que ce soit le pharmacien... Que ce dernier vaccine, c'est une bonne idée selon vous ?J'ai toujours défendu une collaboration entre les acteurs professionnels. Je pense effectivement que le médecin généraliste doit être au centre de la médecine parce qu'il coordonne les soins des patients, parce qu'il suit les maladies chroniques. Mais pour l'instant, il n'y a pas suffisamment de communication entre les différents acteurs professionnels. Grâce au partage des données, ça va peut-être changer. Au niveau infirmier, la pénibilité est une réalité. On dévalorise la profession infirmière avec l'assistante de pratique et l'aide-qualifiant. Je suis convaincu qu'il faut retravailler le parcours du patient et ça passe aussi par plus de liens entre les différents acteurs professionnels, ça c'est certain.Si vous étiez directeur de cabinet ou même directeur de cabinet adjoint du ministre de la santé, quelle serait votre première mesure ?Je convoquerais l'ensemble des directeurs d'hôpitaux. Pour pouvoir discuter et élaborer les priorités de la santé sur la législature.Un vaste round de consultation avant de décider ?Oui pour élaborer ensemble un plan d'action et un plan stratégique de santé pour la prochaine législature. Tout simplement. Essayer d'obtenir qu'une majorité d'acteurs me soutienne. Et puis la seconde, ce serait de valoriser le secteur médical. Il faut montrer que la médecine est importante et que les médecins sont importants, tant généralistes que spécialistes. Je pense qu'il manque un soutien en tout cas du politique vis-à-vis du secteur professionnel médical. Je demanderais en troisième lieu beaucoup plus de transparence. Sur les budgets des hôpitaux en particulier. On dit depuis X temps que les hôpitaux sont en faillite. J'ai quelques échos disant que c'est pas le cas et que il y a une volonté du secteur en tout cas hospitalier d'occulter les chiffres, d'être le moins transparent possible pour toujours alimenter ce débat de " faillite des hôpitaux ". Dans cet ordre d'idée, j'ai proposé comme vous le savez la création d'un Ordre infirmier.Votre président, Georges-Louis Bouchez, a été en ballottage récemment. Il a sauvé sa présidence du MR mais sa survie dépendra vraisemblablement du résultat du MR aux prochaines élections. Vous êtes proche de lui. Le courant entre vous est tout de suite passé. Comment l'avez-vous vécu ce psycho-drame au MR ?Je pense en effet qu'entre nous il y a une séduction intellectuelle. Il a vu mon profil atypique et il s'est dit " ouah ! Je veux travailler avec toi ! ". C'est un personnage ! On l'aime ou on le déteste. Il est brillant. C'est un bon orateur. Il est intelligent. Il s'est fait tout seul. Un peu comme moi.Pas comme Charles Michel, le " fils de " ?Exactement... Sans parents en politique... Moi je vis en Belgique mon " rêve américain ". Mais tout peut s'arrêter du jour au lendemain en politique... Il fallait trouver une solution et je pense qu'il a bien fait d'être accompagné par des ténors comme Sophie Wilmès qui a une certaine expérience en tant que Premier ministre ; des chefs de file comme Willy Borsu, David Lesterh. David Clarinval au Fédéral qui est très brillant, très compétent, quelqu'un de très posé, l'entoure également.Georges Dallemagne qui inaugurait la série " Médecins en politique ", s'est dit choqué par la difficulté de la gauche et de l'extrême-gauche à condamner sans hésitation le massacre des Israéliens par le Hamas, ne faisant pas une distinction nette entre " cause palestinienne " et terrorisme incarné par ce mouvement... Vous qui êtes d'origine algérienne et aux prises avec une communauté musulmane importante à Saint-Gilles, vous en pensez quoi ?Moi je pense qu'il faut condamner effectivement tout acte terroriste. On ne tue pas les gens clairement innocents comme des bébés, des enfants. Ce qu'a fait le Hamas, ce sont des actes terroristes qui ont rendu triste toute la population sur Terre. C'est un conflit qui malheureusement perdure où il faut prôner effectivement un consensus entre deux États et protéger surtout la population civile, tant israélienne que palestinienne. Il faut éviter de l'importer chez nous. Il est condamnable que s'exerce chez nous une violence contre les Juifs ou de la part de l'extrême-droite contre les Arabes. A Saint-Gilles, nous avons demandé aux policiers d'être attentifs à ce que cela ne dégénère pas notamment dans les manifestations. Seules les manifestations pacifiques sont admissibles.