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Le Pr émérite de l'ULB, José Gotovitch, a introduit la séance sur le thème : Comment penser la résistance aujourd'hui. Il a notamment exclu toute analogie entre les Années 30 et aujourd'hui, même si les deux périodes, celle que nous vivons, et l'avant-Guerre peuvent être étudiées et comparées. Il a notamment souligné une différence fondamentale, c'est la crise économique abyssale que vivaient l'Europe et l'Allemagne en particulier dans les années 30 alors que notre continent connaît une prospérité qui ne se dément pas.La chercheuse allemande Anja K. Peters (Université Greifswald) est revenue sur la " préférée d'Hitler ", la cheffe de la Confédération des sages-femmes, Nanna Conti, personne-clé de la politique nataliste et impérialiste du IIIe Reich, chargée de faire des Allemandes de bonnes poules pondeuses de soldats. Jos Rathe, historien, s'est penché sur un cas bien singulier d'une quarantaine de patients juifs suivis psychologiquement par une clinique psychiatrique à Geel, Limbourg. Visités par plusieurs médecins nazis, ces patients psychiatriques ne furent curieusement jamais inquiétés par le régime hitlérien.Yves Louis, président du Groupe Mémoire, s'est penché sur " Les enfants dans la propagande fasciste et nazie ". Comme tous les tyrans, Adolf Hitler était conscient de l'importance de la jeunesse pour la propagande. Il disait d'ailleurs : " Qui possède la jeunesse possède l'avenir ". Le régime hitlérien propose un homme nouveau comme la solution à la débâcle de la civilisation occidentale. L'eugénisme en fait partie intégrante et les politiciens fascistes européens n'auront de cesse de se montrer en photo avec des enfants : Mussolini, Hitler, Degrelle... Chez nous, on se souvient des jeunesses rexistes mais y eut bien sûr les Hitler Jügend. Philippe Pétain utilisera la fête des mères comme propagande et la firme suisse Nestlé, spécialisée en alimentation pour bébé, soutiendra le régime de Vichy.Yves Louis rappelle qu'au centre du délire nataliste d'Hitler au nom de la race ou de la culture européenne était la mère au foyer. Le régime pratiquait l'eugénisme " positif " (sélection raciale, examen prénuptial) et l'eugénisme négatif (stérilisation, IVG forcée) tandis que " la répression de l'avortement était l'élément essentiel de la politique démographique du fascisme ". " Le nazisme a sacrifié des millions d'enfants mais aussi leurs propres enfants allemands conditionnés dès la naissance. Ils les ont entraînés dans la mort de façon suicidaire et autodestructrice jusqu'aux derniers heures du Reich. L'euthanasie des enfants fut réclamée par l'Association des pédiatres allemands et fit six mille victimes dans l'opération T4. "Au sein du régime nazi, la haine de la femme indépendante et l'antisémitisme sont du même ordre puisque Hitler qualifiait d' " imbécile " le dogme de l'égalité car " il mène aussi sûrement à l'émancipation des juifs qu'à l'émancipation de la femme ", la mère étant vue comme le lien avec les ancêtres et l'Allemagne originelle et pur. C'est à cette aune qu'un million d'enfants juifs ont été assassinés par les nazis. L'avortement était puni de mort." Une fois embrigadés dans les jeunesses hitlériennes, les enfants allemands sont endoctrinés par l'idéologie nazie de racisme, d'antisémitisme, d'exclusion des handicapés mentaux et des homosexuels. La puberté et l'adolescence sont caractérisés par un esprit de révolte contre les parents et la société, cet esprit de révolte sera exploité par les nazis. "Les mécanismes et la base de la propagande sont toujours les mêmes : l'imprégnation dès le plus jeune âge dans l'éducation et à l'école de la peur et de la menace de l'étranger interne ou externe, conclut le pédiatre.