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L'organisation de la garde est une préoccupation majeure des médecins, explorée par Michel De Jonghe (CAMG, UCLouvain) et Sarah Cumps, qui a pris la parole à l'occasion du Congrès de médecine générale (CMG). L'étude, menée sous l'impulsion, justement, du CMG et portée par le CAMG de l'UCLouvain, s'intéresse à la satisfaction des médecins par rapport à la garde. Ce qui en fait son originalité. "La garde est pointée du doigt comme une source de fatigue. Elle a un impact sur la santé physique et mentale des médecins", indique la Dre Cumps. Sans s'attarder sur la méthodologie ou le profil des (nombreux) répondants à l'enquête, l'étude - qui n'en est encore qu'à ses prémices - révèle que la fréquence des gardes, en particulier de nuit, impacte négativement le bien-être des médecins. Les généralistes wallons y participent plus souvent que leurs homologues bruxellois, et manifestent une moindre satisfaction par rapport à cette tâche. "Je ne m'attarderai cependant pas trop sur la question car c'est justement le sujet que l'on creuse actuellement et qu'il faudra nuancer", précise Sarah Cumps. "On travaille sur les différents aspects de la satisfaction. Nous avons identifié quatre grandes catégories: les facteurs de satisfaction professionnelle, financière, organisationnelle et personnelle."Autre fait saillant de l'enquête, bien que ce ne soit pas une surprise, les responsables de cercles ne sont pas satisfaits du système actuel de tri. La majorité des répondants estiment qu'il serait opportun de refuser des visites à domicile pour les transformer en consultations obligatoires, et que ce n'est pas au médecin de garde de s'occuper du tri. Ils estiment, en outre, qu'il faudrait un prix différent entre les consultations de nuit et de jour. La garde reste cependant une mission du médecin généraliste, estiment les répondants. Mais la journée, en semaine, et quand cela concerne leur patientèle. Par contre, la garde de la population générale en semaine est plus nuancée. Les médecins bruxellois sont plutôt d'accord, les médecins wallons plus en désaccord. Ils se rejoignent cependant sur la question lors du week-end: il faut veiller. Enfin, si la garde de soirée fait partie des missions du généraliste pour la majorité, la garde de nuit divise. "La seule tendance qui se dégage est que les médecins wallons y sont bien plus défavorables que les médecins bruxellois", souligne Sarah Cumps. La généraliste bruxelloise aborde enfin ce que serait la garde idéale en termes de fréquence et d'organisation. "Les répondants estiment qu'il faut des gardes plus espacées dans le temps, soit moins de 12 par an, surtout la nuit et en semaine pour mieux équilibrer vie privée et vie professionnelle. Ils demandent un tri strict, efficace et bien géré. Et des trajets entre cabinet et domicile des patients limités à 30 minutes. Les répondants sont demandeurs d'une meilleure rémunération pour les gardes. D'un point de vue logistique, ils sont demandeurs d'un chauffeur, voire d'un système de navette pour limiter le nombre de visites à domicile."Enfin, on retient l'idée de mettre en place des "médecins gardistes" dédiés à cette tâche. "Les répondants ne sont pas contre l'idée. Cela permettraitàceux qui le souhaitent de se spécialiser dans une facette de la médecine d'urgence, tout en permettant aux généralistes de se concentrer sur les soins diurnes habituels", conclut Sarah Cumps.