...

La polémique sur les masques, les tests et les traitements a vraisemblablement marqué cette crise pandémique. La pénurie générale en raison de l'impréparation des pays occidentaux qui avaient été épargnés par le MERS et le Sras a fait monter le thermomètre sociétal. Le G20 parle carrément de " carences systémiques des services de santé " (lire sur www.lejournaldumedecin.com). Le " ministre des masques " Philippe De Backer semble pourtant se démener pour assurer un acheminement et un arrivage raisonnables. Peut-on lui accorder le bénéfice du doute ? Fin de semaine dernière, le ministre a fait commander près de 20 millions de masques chirurgicaux et un million de masques FFP2/FFP3. Depuis la crise, le total des commandes porte sur 130 millions de masques chirurgicaux, dont 27 millions qui ont déjà été livrés. Il faut y ajouter " plus de 25,4 millions de blouses de protection et plus de 53 millions de paires de gants commandés. Environ 250.000 blouses et pratiquement 4,6 millions de paires de gants ont été livrées. En outre, plus de 150.000 écouvillons et 500.000 éprouvettes ont également été livrés. "Le week-end dernier, M. De Backer déclarait : " Je suis content que nous ayons pu répartir plus de 10 millions de masques chirurgicaux entre les hôpitaux, mais aussi les prestataires de soins qui sont actifs jour après jour sur le terrain, comme les infirmiers à domicile, les dentistes, les sage-femmes et le personnel dans les centres psychiatriques. Les commandes sont en cours et plus important encore, nous constatons que les livraisons et la distribution fonctionnent à plein gaz (" volop draaien"). "Est-ce suffisant ? Sur le terrain, certains hôpitaux se plaignent, d'autres, comme le CHC Verviers ont des stocks suffisants. Rappelons que pour le seul GH de Charleroi, la consommation moyenne par semaine est de 22.000 masques chirurgicaux, 1.470 masques FFP2, 372 écouvillons frottis, 9.200 blouses de protection et 288 lunettes de protection. Si on multiplie " bêtement " par 100 hôpitaux, on arrive à, très approximativement, 2,2 millions de masques consommés par semaine. Olivier Véran, le ministre français de la Santé, annonçait le 14 avril que la France en consommait 24 millions/semaine, soit, ramené à la Belgique, approximativement 4 millions... Nous avons demandé cette information vitale au ministère. On estime qu'il faudrait 3 millions de type FFP2 et 15 millions de type "chirurgicaux" par mois. Et même 600 millions par mois pour toute la population à raison de 2 masques par jour. Qu'en est-il au niveau des médicaments indispensables ? Concernant la fameuse et controversée hydroxycholoroquine/chloroquine, le stock disponible permet de traiter plus de 30.000 patients en hôpital. Le gouvernement conserve un " stock stratégique " en supplément. Pour ce qui est des soins aux patients en soins intensifs, le ministre estime que " l'ensemble de tous les stocks disponibles et des livraisons planifiées pour ces médicaments suffit largement pour les semaines à venir (ex. : propofol, midazolam) voire même les mois à venir (curare, opiacés), pour autant que tout se déroule comme prévu ".Une affirmation que nous laissons à la libre interprétation du ministre mais aussi de l'Absym, qui après avoir, par la voix de son président, clamé la pénurie généralisée, a signé fin de semaine dernière un gentlemen agreement avec l'AFMPS (Agence fédérale du médicament et des produits de santé). L'avantage de cette " paix des braves " ? Une communication apaisée et plus transparente entre les " technos " et les médecins de terrain. Ceci dit, le ministre De Backer reconnaît l'existence de pénurie de médicaments sur les marchés internationaux, mais la Belgique ne serait pas à court de médicaments qui pourraient empêcher le traitement d'un patient Covid-19. Concernant les tests, ô combien indispensables, le week-end dernier, " au total plus de 46.000 tests ont été distribués jusqu'à présent dans les différents établissements ".Le groupe cible pour ces tests est le même pour toutes les régions : l'ensemble du personnel soignant et tous les habitants qui n'ont pas encore été testés au Covid-19. Sur 22.000 tests analysés, on enregistre 85% tests négatifs sur le Covid-19 et 15% positifs. La majorité de la population, si on se base sur ce sondage, est donc négative. Ce qui n'est pas forcément une bonne nouvelle au niveau du " herd immunity " d'autant que la faiblesse de l'immunité à long terme et son instabilité fait craindre de plus en plus que nous soyons peu armés pour une deuxième vague pandémique ou pour le déconfinement... Le défi logistique du testing est "immense", en particulier pour les médecins et le personnel soignant. Il s'agit pour eux d'effectivement prélever les tests dans les établissements, souvent dans des circonstances difficiles.