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Chers consoeurs et confrères néerlandophones, (...) Les quotas décidés in illo tempore étaient-ils légitimes et adéquats? (...) Voyons ce qu'écrivait le KCE sur le sujet, le 18 janvier 2008 (il y a déjà 14 ans! ): "Seuls 65% des médecins enregistrés sont des médecins praticiens. Ces dernières années, le nombre de médecins généralistes qui ont une pratique curative a diminué de 7% tandis que le nombre de spécialistes reste stable (...)"Premier constat: 10 ans après la loi qui limitait le nombre de médecins, des pénuries se dessinaient déjà en médecine générale, alors que globalement, le corps des spécialistes se maintenait. "Seuls 65% des médecins enregistrés, titulaires d'un numéro Inami, ont une pratique réelle" [selon le KCE]: Sur les 60.000 médecins enregistrés en Belgique, 39.000 médecins ont donc une pratique réelle, dont un nombre non négligeable ne travaille pas à temps plein ou ont une activité mixte curative et extra-curative (médecine préventive, recherche, représentation professionnelle, enseignement, etc.) (...) Deuxième constat: les données actualisées révèlent que 45% des numéros INAMI ont été accordés en 2018 en communauté française (25% pour la Belgique) à des médecins formés à l'étranger (...) Pour la MG belge en particulier, on se trouve avec un nombre de praticiens proche de 14.000, mais qui correspondent à moins de 10.000 ETP. De plus la répartition géographique des MG n'est pas optimale: plus de praticiens près des facultés de médecine (Bruxelles, Liège,...) moins dans les zones désindustrialisées (Charleroi, Borinage,...) et les zones isolées dans les campagnes peu denses). Pour résoudre cette mauvaise répartition géographique, il faudrait une politique d'installation. Mais le problème des spécialistes existe aussi, en particulier à cause de la très mauvaise organisation des soins spécialisés. Ainsi, il est difficile de trouver des pédiatres hospitaliers, alors qu'une pléthore existe en pédiatrie de ville (l'AZ West Veurne a récemment été jusqu'à offrir une récompense de 15.000 euros à toute personne pouvant les aider à trouver un nouveau pédiatre). Zorgnet-Icuro avait d'ailleurs proposé que pour pouvoir exercer la pédiatrie (de ville), les pédiatres doivent exercer aussi partiellement à l'hôpital et en particulier assurer des gardes pédiatriques. Mais toutes ces mesures de régulation, restrictives du sacro-saint libéralisme, sont refusées par le syndicat majoritaire des spécialistes dont l'honorable président est d'ailleurs aujourd'hui un ophtalmologue flamand. Il est en effet remarquable de revendiquer une régulation contraignante au départ des études et de la refuser dans l'organisation des pratiques (...) Mais je veux bien reconnaître avec vous que le Sud a péché. Le Sud a péché essentiellement à cause d'une répartition très injuste entre généralistes et spécialistes. Actuellement encore, les dernières statistiques de pratique (et non de diplomation! ) démontrent moins de 40% de généralistes. Vais-je alors plaider pour que le lissage francophone se fasse uniquement au détriment de la production de spécialistes? Pas si simple! Il existe aussi des spécialités étriquées: gériatrie, médecine d'urgence, pédopsychiatrie, ... Alors réaliser le lissage seulement sur les spécialités "pléthoriques "au sud? Oui, peut-être. Mais, avant toute chose, il faut réorganiser les soins sur base de l'échelonnement et de la subsidiarité, puis instaurer des règles d'installation pour optimiser l'offre (...) Déjà dans l'étude "Women & menpower - planning in de huisartsgeneeskunde" [6], les chercheurs flamands observaient cette différence de production entre les 3 régions. Au nord 6.250 prestations par an et au sud 4.550 prestations par an. Comme les temps de travail déclarés étaient semblables, les chercheurs concluaient à des pratiques différentes (...) Dans les pratiques forfaitaires, on observe que l'écart persiste mais il est extrêmement réduit: 15% de patients par pratique en moins au sud. Je l'ai déjà écrit ailleurs et je le répéterai à l'envi: je comprends et je partage la révolte, la colère des étudiants flamands qui n'ont pu s'inscrire en médecine à cause d'erreurs de calcul, à l'époque peu évidentes. Les planificateurs ne pouvaient pas prévoir l'aspiration rapidement croissante des jeunes générations à un meilleur équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle. Cette farouche volonté, dont la féminisation ne fut que le fer de lance tant les jeunes médecins masculins s'y sont engouffrés instantanément, a conduit à la nécessité d'avoir 2 ou 3 jeunes praticiens pour remplacer un seul ancien qui prend sa retraite. Comme l'écrit judicieusement le Pr Jan De Maeseneer, la pléthore passée a entraîné la pénurie actuelle, car trop de paramètres ont joué de concert et malheureusement dans le même sens. Alors, plutôt que de pleurer sur le lait renversé, engageons-nous ensemble pour une offre de généralistes adaptées aux besoins qui vont croissant (...)