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D'emblée, Brigitte Bouton affirme que la vision de l'Aviq est cohérente avec celle du Fédéral et des autres entités. "Nous avons appris des leçons du covid. Aujourd'hui, la vision des soins et de la prévention est holistique", explique l'intéressée. L'Aviq, à l'instar de l'Inami, multiplie les initiatives dont certaines font la part belle à la collaboration multidisciplinaire. "On peut parler du trajet de soins intégrés pour les 1.000 premiers jours qui est fondé sur un protocole d'accord conclu en conférence interministérielle santé et qui va devenir un accord de coopération. Cela veut dire, dans le jargon, que cela impose un changement de modèle dans l'organisation des soins de santé. Le Quintuple aim est au sein de la démarche. Le trajet de soins articule première et deuxième ligne avec une vision à la fois horizontale et verticale. J'insiste également sur le fait que les administrations des différentes entités du pays se parlent entre elles également."D'autres projets concrets sont également sur la table, à l'instar des fiches de liaison gériatrique. "C'est également un enseignement de la crise du covid. Pendant cette crise, de nombreuses personnes âgées n'ont pas été emmenées en ambulance par les services d'urgence pour les diriger à l'hôpital. Pour toutes sortes de raisons, notamment parce que leur état était trop dégradé, parce qu'il n'y avait pas de déclaration anticipée de fin de vie, ou encore parce qu'il n'y avait pas de place dans les hôpitaux. Il y a eu une commission parlementaire à ce sujet, et une centaine de recommandations ont été émises. L'une d'elle était d'avoir un échange d'informations structurées pour accompagner au mieux le patient dans son trajet entre hôpital et MRS. Nous ne sommes pas encore au bout de nos peines, car il y a encore un contenu beaucoup trop conséquent qu'il faut réduire."Dernier dossier et non des moindres, Proxisanté. "Je vais vous rassurer, le cabinet et le ministre en personne ont dit à l'Aviq qu'ils souhaitaient continuer Proxisanté. Cependant, ils désirent des actions concrètes. Pour l'heure, Proxisanté est un décret cadre, un soutien qui permet de légiférer sur des matières touchant l'organisation de la première ligne sans textes illisibles et non maîtrisables. C'est un vaste projet de simplification administrative centré sur les besoins de la personne, qui découpe le paysage des soins en trois niveaux (régional, méso et micro). Des objectifs prioritaires de santé ont également été fixés, fondés sur le management populationnel, articulés avec les objectifs de santé fédéraux. C'est aussi un héritage de la crise covid."Et de souligner que, pour arriver à un tel résultat, il a fallu mettre autour de la table les deux lignes de soins. "Cela a été difficile. On se rendait bien compte que première et deuxième lignes n'avaient pas l'habitude de discuter de façon institutionnalisée. Pour pouvoir collaborer, les professionnels ont besoin d'avoir des protocoles de coopération à un niveau méso pour définir les rôles, les responsabilités de chacun, les modalités de travail. L'échange est primordial."Yves Coppieters, ministre francophone de la Santé, a effectivement par la suite affirmé sa volonté de ne pas déconstruire Proxisanté. "Proxisanté est un projet nécessaire qu'il faut consolider. Vous êtes nombreux à y avoir participé et nous n'allons pas repartir de zéro. Le travail réalisé est un travail de qualité. Ce n'est pas seulement une réforme, c'est une opportunité unique de rapprocher les soins des citoyens, de manière équitable et efficiente. C'est un projet structurant qui, depuis ses débuts, vise à renforcer l'organisation territoriale des soins."Cependant, le ministre souhaite prendre le temps de l'analyse des résultats de toutes les concertations. "Il faut comprendre ce qui a été fait, appréhender le décret. Si la préparation du décret a permis de constituer un socle solide, nous savons que des ajustements sont nécessaires pour le rendre pleinement opérationnel. Je m'engage, en concertation avec vous, à continuer à perfectionner ce projet. Il est essentiel de clarifier l'ensemble des dispositifs et des arrêtés d'application. Cette approche concertée et territorialisée des soins de première ligne, associée à une meilleure coordination avec les soins de deuxième ligne, permettra d'améliorer l'accès aux soins, notamment dans les zones en pénurie."