Afin d'améliorer la sécurité routière, les nouveaux véhicules sont depuis peu équipés, en Europe, des fameux ADAS (Advanced Driver Assistance Systems). Ces systèmes peuvent diminuer de 40% le nombre d'accidents, à condition de fonctionner parfaitement. Or, il semble que ce ne soit pas toujours le cas.
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Au rythme auquel nous passons des moteurs thermiques aux électriques, la conduite autonome restera un voeu pieux pendant encore au moins 10 à 15 ans. D'ici là, les erreurs humaines continueront à faire des victimes sur les routes. Entre-temps, les systèmes avancés d'aide à la conduite (ADAS ou Advanced Driver Assistance Systems) ont permis de réduire considérablement le nombre d'accidents de la route. La mauvaise nouvelle, c'est qu'actuellement, les conducteurs ne connaissent pas le système d'aide dont leur véhicule est équipé, ni comment il fonctionne. Selon Stef Willems, de l'Institut belge de recherche sur la sécurité routière (IBRS), les systèmes d'aide ne fonctionnent pas toujours comme ils le devraient: "Les développements technologiques sont rapides et tout le monde ne comprend pas l'impact de chaque système."Les ADAS sont subdivisés en systèmes actifs et passifs. Ces derniers détectent les risques et en avertissent le conducteur par des signaux sonores ou visuels. Les systèmes actifs, comme leur nom l'indique, interviennent et corrigent quasi automatiquement les erreurs humaines. Depuis début juillet, le nombre d'ADAS obligatoires sur les nouvelles voitures a augmenté, ce qui constitue une évolution positive, selon Stef Willems. "On considère que la généralisation des ADAS peut diminuer le nombre d'accidents de 40% dans des situations spécifiques, qu'elle réduit les blessures de 37% et les décès de 29%."Un bémol: l'efficacité des systèmes d'aide à la conduite dépend de la manière dont les gens appréhendent la sécurité routière. "Les ADAS peuvent corriger certains aspects du comportement humain dans la circulation, mais ils ne constituent pas une solution miracle à un comportement incorrect ou indésirable dans la circulation. Chacun dans leur domaine, les ADAS peuvent prévenir les accidents en avertissant ou en intervenant en cas d'inattention. Grâce aux ADAS, la vitesse inadaptée, la déviation de la trajectoire normale ou l'absence de réaction à temps aux obstacles, au trafic venant en sens inverse ou aux autres usagers sont moins fréquents. Ces systèmes peuvent également réduire l'impact des accidents. Ils ont donc un effet indirect sur la sécurité."Des études montrent que la présence d'ADAS dans les véhicules induit une adaptation du comportement. La vitesse collective est mieux adaptée, la consommation des carburant et des matériaux diminue, de même que les files et les accidents liés à celles-ci. En même temps, le conducteur risque de faire une confiance excessive aux systèmes, de ne pas bien en estimer le fonctionnement et/ou de mal réagir quand le système fonctionne mal, prévient Stef Willems. "Ainsi, les systèmes avancés de freinage d'urgence ne sont généralement pas réglés en fonction des cyclistes qui ralentissent ou qui sont à l'arrêt. Ils perdent également de leur précision en cas de fortes pluies ou quand le soleil est très bas à l'horizon. Nous relevons les mêmes carences dans les systèmes d'adaptation de la vitesse. Sur un parcours sinueux, ils réagissent parfois au signal d'une autre bande de circulation ou d'une route parallèle."L'efficacité des ADAS dépend souvent de l'infrastructure routière et du marquage: plus celui-ci est harmonieux et précis, mieux c'est. " Les autorités routières doivent savoir que les systèmes de contrôle de la vitesse et de maintien des trajectoires ne réagissent pas comme les humains. Il faut en tenir compte dans les normes concernant les virages "sûrs" et la prévisibilité ou l'appréhension d'une situation. L'inconstance d'un système à recevoir ou à traiter des informations peut conduire à des situations indésirables et dangereuses", poursuit Stef Willems. Une enquête de l'IBSR révèle que les ADAS sont fort peu connus, même quand ces systèmes sont installés depuis des années, comme l'ABS (système antiblocage) et l'ESC (Electronic Stability Control). Respectivement 57 et 30% des personnes interrogées avouent ne pas connaître ces systèmes. Ils semblent globalement plus familiers aux conducteurs masculins que féminins. Les résultats ne sont pas clairs quant à l'âge, par contre. Une grande partie des personnes interrogées connaissent l'existence d'un système spécifique mais pas son fonctionnement. Selon Stef Willems, cela peut constituer un problème en matière de sécurité routière, des postulats erronés pouvant induire un comportement indésirable et dangereux au volant. "Nous constatons également que les conducteurs ont du mal à abandonner le contrôle de leur véhicule à un système de maintien des trajectoires. Ce seuil mental est d'autant plus important que le conducteur est moins familiarisé avec ce système. En outre, de nombreux conducteurs craignent, à tort, que les ADAS nuisent au plaisir de la conduite. On n'aime pas ce qu'on ne connait pas."Le futur gouvernement a probablement là une fenêtre de tir. Ne pourrait-il pas trouver une solution en familiarisant les futurs conducteurs avec le fonctionnement des ADAS lors de la formation à la conduite pour l'obtention du permis? "Assimiler les compétences de conduite tout en se familiarisant avec les nombreuses directives du code de la route représente déjà un défi considérable pour la plupart des apprentis conducteurs. Nous sommes donc partisans d'un coaching complémentaire à la formation obligatoire", explique Stef Willems. De nombreuses entreprises et instances publiques mettent déjà sur pied de tels cours à l'attention des employés qui conduisent une voiture en leasing ou un véhicule de société. Dans le cadre d'un contrat de leasing, le coût de ce cours est dérisoire par rapport à ses avantages. "L'expérience nous apprend que les conducteurs ayant suivi un tel cours adoptent une autre mentalité au volant. Conduire en toute sécurité s'apprend! Cela commence par découvrir ses propres limites et son incapacité à gérer des situations urgentes. Deuxièmement, il faut acquérir des connaissances et de l'expérience pour bien utiliser les nombreux systèmes d'assistances qui équipent les nouvelles générations d'autos. Ils confèrent parfois un faux sentiment de sécurité aux conducteurs inexpérimentés. Les ADAS constituent une aide mais ne fonctionnent malheureusement pas toujours parfaitement", conclut Stef Willems.