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Il se fait qu'aux dernières élections, les médecins ont montré un large désintérêt. 24% d'entre eux seulement ont voté. Les syndicats ont vu fondre parallèlement les montants par voix. Madame De Block, considérant que maintenant la docilité était acquise et qu'elle pouvait couper l'alimentation, a refusé d'augmenter ce montant ; elle a au contraire relevé lourdement le manque de représentativité des élus, moins par économie que pour rappeler qui était le chef. Dans les syndicats, cet argent est la contrepartie de la coopération des représentants médicaux aux travaux de l'Inami. Le Conseil général de l'Inami examine tous les ans les comptes des syndicats médicaux pour s'assurer que le subside alloué ne serve pas à financer des actions contre l'Inami. Ce Conseil général est dominé par les Mutuelles et les partenaires sociaux, c'est-à-dire le patronat et les syndicats de travailleurs. Cette intervention fournit ainsi à l'Inami le moyen de connaître l'utilisation des finances des syndicats médicaux mieux que les assemblées générales de ces dernières. La diminution actuelle, de l'ordre de 250.000 euros n'est pas catastrophique ; les subsides doivent permettre aux syndicats médicaux de rémunérer décemment les représentants qui siègent dans les conseils et commissions de l'Inami, mais les syndicats ont en outre eu entretemps l'occasion de constituer des réserves importantes et faire des investissements immobiliers parfois impressionnants. A l'approche de l'accord médico-mutualiste, les dirigeants syndicaux ont entrepris une négociation pour majorer leur financement et même rattraper en deux ans les diminutions des deux dernières années ; ce financement était assuré jusqu'à présent par le budget des frais d'administration de l'Inami. C'était donc une recette pour les représentants des médecins qui s'ajoutait au budget des honoraires médicaux. Mais voilà, il y a eu des difficultés. Pour prendre les mots du Dr Moens (Absym actualités janvier 2020, source Le Spécialiste), " certains ont donc plaidé en faveur d'autres sources. Une piste de réflexion est de prélever un certain montant sur les honoraires (nb: 350.000 euros), ce qui n'aurait qu'un impact limité sur leur masse totale. Les 40.000 médecins concernés ne le remarqueront pour ainsi dire pas" à condition précise-t-il très justement, qu'on ne les prélève pas sur la masse d'index. En effet chacun peut calculer aisément son index. L'idée se ramène à faire payer la collaboration des syndicats à l'Inami non plus par celle-ci qui en bénéficie, mais pour le moment, partiellement, par les médecins eux même. Cela semble discutable en ce que le prélèvement sur honoraire devient une sorte de cotisation obligatoire pour les syndicats, qui touchera aussi les médecins qui n'ont pas voulu s'affilier à une ASBL. Le principe parait en outre très inéquitable à l'égard de ceux qui ont payé une cotisation non négligeable et qui paient une deuxième fois par la généralisation de cette diminution de leurs honoraires. Le risque n'est pas mince qu'un certain nombre de membres considèrent que ce prélèvement à la source les dispense à l'avenir d'encore verser une autre cotisation à un syndicat. Or, pour se présenter aux élections, une organisation médicale doit justifier de 1.500 cotisants, chiffre modeste de 3% du total des médecins mais qu'il faut convaincre de l'utilité du syndicat dans ce contexte modifié. La proposition de prélèvement automatique pourrait porter en germe une sérieuse menace pour les syndicats médicaux. Un autre risque, c'est que progressivement, la totalité du financement des syndicats soit mise à charge des honoraires et que ce système occasionnel, pour compenser la perte due au manque de votants, devienne la règle. Ce subside doit rester une ajoute aux budgets et non une ponction. Si on prend l'exemple des syndicats de travailleurs, les employeurs versent une prime syndicale, actuellement de 145 euros, à chaque travailleur prouvant le payement d'une cotisation syndicale. C'est une intervention patronale qui s'ajoute au salaire et n'est nullement prélevé sur celui-ci. Mais comme tout financement par un Pouvoir ou un employeur, il n'est pas gratuit. Cette prime est baptisée "prime paix sociale" car elle n'est versée qu'en contrepartie d'un engagement des syndicats à ne pas présenter de revendications nouvelles ni de déclencher des actions dans ce but. Cela explique en passant que le système ait été rejeté par les syndicats dans certains secteurs. Le moment semble enfin mal choisi pour une revendication d'augmentation des rémunérations des organisations professionnelles, au moment où les médecins ont été mis à rude épreuve. Ce sont eux qui doivent être revalorisés. On s'attendrait dans l'immédiat à des revendications fortes d'augmentation des budgets d'honoraires plutôt que leur ponction. Il parait indispensable que les médecins obtiennent avant la 3e vague et de façon à faire face à la prochaine pandémie, un statut pérenne plutôt que des aumônes à mendier à la fin de l'année. Et pour cela, il faudrait attribuer aux praticiens de la Santé une prime de danger comme un double honoraire, un statut social couvrant les atteintes professionnelles à la santé ou à la vie, une compensation pour l'interdiction ou la diminution d'activité imposée par la pandémie. Le droit-passerelle applicable à tout indépendant va être amélioré, mais des médecins n'ont pas osé l'invoquer vu le lâcher d'inspecteurs à la recherche d'une éventuelle activité ne remplissant pas la condition d'acceptabilité administrative. Déprogrammation, qualification des soins aux personnes âgées en acharnement thérapeutique, suspension des soins courants, et téléconsultation ont permis à l'Inami d'engranger un bénéfice considérable sur les dépenses d'honoraires. Le remarquable don des communicants officiels pour susciter la peur devrait perpétuer ce bénéfice. Avec ce viatique qu'il est temps de calculer. Il serait normal que le Ministre songe à soutenir les praticiens plutôt que les pénaliser en leur prenant encore un peu des honoraires qu'ils méritent amplement. C'est un des rares moments où la société réalise ce que sa survie et son fonctionnement doivent aux médecins et aux soignants. Aux politiques à concrétiser cette reconnaissance.