Politique : art de décider au-delà des certitudes, distinguer culture politique et politique officielle.

Praticiens : ceux qui mettent les mains à la pâte du réel physique. On se souvient d'eux lors des catastrophes. Leur influence politique apparaît dérisoire par rapport à celle de professions en vogue, communication, analyse des données, droit, finance..., évidemment nécessaires mais souvent éloignées des aspects physiques de nos vies. Le déséquilibre entre elles et les métiers de terrain déstabilise la société. Les mutuelles en offrent un exemple éclatant. Elles se sont renforcées à tous les niveaux du système alors que dans les hôpitaux et ailleurs, les médecins et les soignants se sentent souvent paralysés par des aberrations bureaucratiques et mal valorisés. Loin de chercher la polémique - dans les saisons précédentes j'ai plaidé pour les fonctions généralistes -, je cherche à comprendre la faiblesse politique des praticiens et ses conséquences. Un dilemme les entrave: être à la fois au four de leurs missions et au moulin à paroles des cénacles où se décident leurs conditions de travail, leurs équipements et leur valorisation financière. Mais ils n'ont pas le choix, la société non plus! "Une base de praticiens solide: un must pour la démocratie", disait la fin de la saison 3. Malgré leur manque de temps pour la politique, les praticiens doivent davantage se demander comment reprendre du poil de la bête face aux grands décideurs. Dans ce premier article nous allons revoir les fondamentaux et esquisser le programme en nous inspirant des mutuelles.

1° Rappel des fondamentaux

Nous vivons dans du réel physique sous un virtuel fait d'envolées mentales générées et relayées de têtes en têtes par le réel très spécial de circuits neuronaux s'influençant les uns les autres. Les groupes ressemblent à des échafaudages élevés des lieux de pratiques aux étages d'activités intermédiaires jusqu'aux sommets des dirigeants. Chaque individu se crée des espaces de liberté en assemblant des pièces de savoirs et de pouvoirs venant de lui-même et des autres. Savoirs: corpus de connaissances élaborées entre spécialistes. Les savoirs dépendent de pouvoirs forgés au creuset des caractères et des talents tapis dans les egos. Pouvoirs: aptitudes se révélant dans le feu de l'action. Ces énergies, au départ individuelles, résultent en forces sociales puissantes. Le sort de toute la population peut dépendre de quelques disciplines pointues, toujours entachées d'incertitudes. Connue à fond de quelques spécialistes, la vaccination concerne tout le monde. Agitation des savoirs et des pouvoirs garantie!

Les mutuelles et d'autres groupes résistent en occupant simultanément des positions solides sur les trois grands niveaux d'activités: contacts directs avec le réel, vaste ensemble des fonctions intermédiaires (analyse, enseignement, coordination, arbitrage, gestion...) et enfin états-majors des grands décideurs.

Philo à deux sous? Elle met en exergue des asymétries ontologiques dans les relations humaines. La diversité des caractères, des talents et des contextes induit des tensions inévitables entre des forces de coopération et de domination. Passons aux travaux pratiques.

2° Esquisse du programme

Après la mauvaise passe des affaires et du procès, fin des années 1980 et début 90, les stratèges des mutuelles ont dû anticiper des réductions de personnel pour cause d'informatisation des remboursements. Ils ont réussi de manière incroyable à préserver leurs emplois et leurs entrées financières, dont les fameux frais administratifs, en s'étendant à tous les domaines des soins de santé. La lecture attentive de leur Pacte d'avenir avec le ministère des Affaires sociales le montre. L'accord porte sur six axes de modernisation.

1. Information aux membres, aide et coaching santé

2. Contribution au développement des connaissances et à la préparation stratégique

3. Contrôle et efficacité

4. Corps des médecins-conseils

5. Assurance complémentaire obligatoire

6. Capacité de gestion, bonne gouvernance et transparence

Les mutuelles consolident deux positions: agents de l'État pour l'AMI obligatoire et entrepreneurs sociaux par les sociétés mutualistes offrant de nombreux services à leurs membres (98% de la population). Cerise sur le gâteau: l'État les rémunère pour des fonctions généralistes assumées tous les jours gracieusement par les praticiens, à de rares exceptions près. Se faire reconnaître officiellement expert de la santé à partir d'une position d'assureur solidaire, il fallait le faire!

Au risque de choquer mes confrères: que les mutuelles et les politiques se préoccupent du bon usage de la médecine pour la société a du sens. Mais gare à leurs dictats sur des praticiens toujours confrontés aux imprévus des pathologies.

Programme: reprendre les six axes de modernisation du point de vue des praticiens en nous posant trois questions: 1° quel rôle pour les praticiens? 2° quel cadre légal pour leur donner plus de liberté dans l'organisation de leurs tâches astreignantes? 3° quel cadre légal pour leur valorisation financière correcte, en assurant l'accès de tous à des soins de qualité?

Les médecins devraient faire des propositions de concert, toutes conditions de pratiques et convictions confondues. Au risque de ne plus peser lourd face aux groupes d'intérêts en tous genres dominant les soins de santé.

Suite dans l'épisode 4/2. L'information et le coaching des malades par les praticiens.

Politique : art de décider au-delà des certitudes, distinguer culture politique et politique officielle. Praticiens : ceux qui mettent les mains à la pâte du réel physique. On se souvient d'eux lors des catastrophes. Leur influence politique apparaît dérisoire par rapport à celle de professions en vogue, communication, analyse des données, droit, finance..., évidemment nécessaires mais souvent éloignées des aspects physiques de nos vies. Le déséquilibre entre elles et les métiers de terrain déstabilise la société. Les mutuelles en offrent un exemple éclatant. Elles se sont renforcées à tous les niveaux du système alors que dans les hôpitaux et ailleurs, les médecins et les soignants se sentent souvent paralysés par des aberrations bureaucratiques et mal valorisés. Loin de chercher la polémique - dans les saisons précédentes j'ai plaidé pour les fonctions généralistes -, je cherche à comprendre la faiblesse politique des praticiens et ses conséquences. Un dilemme les entrave: être à la fois au four de leurs missions et au moulin à paroles des cénacles où se décident leurs conditions de travail, leurs équipements et leur valorisation financière. Mais ils n'ont pas le choix, la société non plus! "Une base de praticiens solide: un must pour la démocratie", disait la fin de la saison 3. Malgré leur manque de temps pour la politique, les praticiens doivent davantage se demander comment reprendre du poil de la bête face aux grands décideurs. Dans ce premier article nous allons revoir les fondamentaux et esquisser le programme en nous inspirant des mutuelles. Nous vivons dans du réel physique sous un virtuel fait d'envolées mentales générées et relayées de têtes en têtes par le réel très spécial de circuits neuronaux s'influençant les uns les autres. Les groupes ressemblent à des échafaudages élevés des lieux de pratiques aux étages d'activités intermédiaires jusqu'aux sommets des dirigeants. Chaque individu se crée des espaces de liberté en assemblant des pièces de savoirs et de pouvoirs venant de lui-même et des autres. Savoirs: corpus de connaissances élaborées entre spécialistes. Les savoirs dépendent de pouvoirs forgés au creuset des caractères et des talents tapis dans les egos. Pouvoirs: aptitudes se révélant dans le feu de l'action. Ces énergies, au départ individuelles, résultent en forces sociales puissantes. Le sort de toute la population peut dépendre de quelques disciplines pointues, toujours entachées d'incertitudes. Connue à fond de quelques spécialistes, la vaccination concerne tout le monde. Agitation des savoirs et des pouvoirs garantie! Les mutuelles et d'autres groupes résistent en occupant simultanément des positions solides sur les trois grands niveaux d'activités: contacts directs avec le réel, vaste ensemble des fonctions intermédiaires (analyse, enseignement, coordination, arbitrage, gestion...) et enfin états-majors des grands décideurs. Philo à deux sous? Elle met en exergue des asymétries ontologiques dans les relations humaines. La diversité des caractères, des talents et des contextes induit des tensions inévitables entre des forces de coopération et de domination. Passons aux travaux pratiques. Après la mauvaise passe des affaires et du procès, fin des années 1980 et début 90, les stratèges des mutuelles ont dû anticiper des réductions de personnel pour cause d'informatisation des remboursements. Ils ont réussi de manière incroyable à préserver leurs emplois et leurs entrées financières, dont les fameux frais administratifs, en s'étendant à tous les domaines des soins de santé. La lecture attentive de leur Pacte d'avenir avec le ministère des Affaires sociales le montre. L'accord porte sur six axes de modernisation. 1. Information aux membres, aide et coaching santé 2. Contribution au développement des connaissances et à la préparation stratégique 3. Contrôle et efficacité 4. Corps des médecins-conseils 5. Assurance complémentaire obligatoire 6. Capacité de gestion, bonne gouvernance et transparence Les mutuelles consolident deux positions: agents de l'État pour l'AMI obligatoire et entrepreneurs sociaux par les sociétés mutualistes offrant de nombreux services à leurs membres (98% de la population). Cerise sur le gâteau: l'État les rémunère pour des fonctions généralistes assumées tous les jours gracieusement par les praticiens, à de rares exceptions près. Se faire reconnaître officiellement expert de la santé à partir d'une position d'assureur solidaire, il fallait le faire! Au risque de choquer mes confrères: que les mutuelles et les politiques se préoccupent du bon usage de la médecine pour la société a du sens. Mais gare à leurs dictats sur des praticiens toujours confrontés aux imprévus des pathologies. Programme: reprendre les six axes de modernisation du point de vue des praticiens en nous posant trois questions: 1° quel rôle pour les praticiens? 2° quel cadre légal pour leur donner plus de liberté dans l'organisation de leurs tâches astreignantes? 3° quel cadre légal pour leur valorisation financière correcte, en assurant l'accès de tous à des soins de qualité? Les médecins devraient faire des propositions de concert, toutes conditions de pratiques et convictions confondues. Au risque de ne plus peser lourd face aux groupes d'intérêts en tous genres dominant les soins de santé.