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Au cours du premier trimestre 2022, le nombre de nouvelles immatriculations connaît un plongeon historique dans notre pays. Le Covid-19 et la pénurie de semi-conducteurs et de faisceaux de câbles ont entravé la production et retardé historiquement les livraisons. Une baisse des ventes finalement déjà amorcée au cours des deux années précédentes. La faute au passage du moteur à combustion à la propulsion électrique, mais aussi à la politique incohérente et peu stimulante en matière de fiscalité automobile et d'électromobilité. Un constat terne que partage Dieter Quartier, consultant indépendant pour les indépendants et les PME, spécialiste de la gestion du parc automobile. "Chez nous, les différents gouvernements régionaux ont chacun leur vision de la mobilité et de la fiscalité automobile, et ils agissent en conséquence. En outre, ils changent de règles du jeu comme de chemises, au risque de perdre les entreprises et les indépendants, qui ne sont pas au courant des dernières avancées et peinent à se projeter dans le temps. Les candidats acheteurs sont désemparés et ne savent plus quoi choisir. Ils reportent donc leur achat. Une réaction compréhensible: qui va pouvoir dire qu'un bon achat aujourd'hui en sera toujours un demain? Je constate aussi que de nombreuses personnes n'ont d'yeux que pour le prix et oublient les frais d'entretien et de carburant, sans oublier la valeur de revente ou d'échange. Ils prennent aussi tout simplement leurs désirs pour des réalités.""Quand un client me consulte, nous esquissons ensemble son profil d'utilisateur, compte-tenu du nombre de déplacements et de leur nature, de la fonction du véhicule au sein de la famille, de la possibilité de charge à domicile, du budget disponible et de l'urgence de l'achat. Je formule ensuite, en connaissance de cause ; quelques propositions qui cadrent avec le profil de mobilité du ou de la cliente. Si cette dernière ne peut charger son véhicule sur son lieu de travail ou à la maison, inutile de vouloir acheter une électrique ; c'est aussi simple que ça! À un représentant qui parcourt des centaines de kilomètres par jour, je conseillerais un diesel, en dépit du fait qu'un PHEV (Plug-in Hybrid Electric Vehicle, ndlr) offrent plus d'avantages fiscaux. J'attire également l'attention sur la discipline nécessaire au chargement électrique. La facture d'électricité de celui qui utilise sans cesse le superchargeur risque de doubler, voire de tripler, comparé à une personne qui charge raisonnablement à la maison ou à une borne publique.""Pour éviter des discussions interminables, j'ai développé un outil qui calcule l'ensemble des coûts liés à la possession d'un véhicule. Il s'agit tout d'abord d'évaluer correctement les frais en tenant compte des différentes variables. Ce n'est pas une simple addition de chiffres ; cette évaluation est couplée à une projection dans le temps, qui tient compte des potentielles évolutions économiques et politiques. Celle-ci peuvent avoir un impact considérable, comme le montre aujourd'hui l'explosion spectaculaire des prix du carburant et de l'énergie, suite à l'invasion russe en Ukraine."Les plug-in hybrides existants, combinant la combustion traditionnelle et le moteur électrique, se vendent comme des petits pains et sont censés ouvrir la voie au tout-électrique. Celle-ci est pratiquement libre, ce qui sonne le glas des PHEV. "Je ne suis pas de cet avis. La dernière génération de plug-in hybrides de chez Mercedes disposent d'une autonomie électrique réelle de presque 100 km. C'est largement assez pour la plupart des déplacements quotidiens. Les autres marques vont rapidement embrailler. Un indépendant ou un propriétaire de véhicule de société qui charge intelligemment son véhicule à la maison ou au travail, réalise toujours avec un PHEV, à l'heure actuelle, une belle opération. De plus, il ou elle n'émet quasiment pas de CO2. Plus le PHEV est imposant et coûteux, moins la différence est grande (de 10.000 à 15.000 euros) avec le prix d'une véhicule diesel ou essence équivalent. Celui qui doute du retour sur investissement devrait selon moi demander une analyse coûts/bénéfices. Celle-ci penche souvent du côté plug-in hybride, ce qui me conforte dans l'idée que ce genre de véhicule a encore de beaux jours devant lui." Enfin, n'oublions pas que de nombreuses marques ont aujourd'hui retiré une multitude de modèles plus abordables de leur gamme, au profit de véhicules onéreux, avec une marge bénéficiaire plus importante. L'offre de PHEV à prix modique baisse donc.