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"N ous constatons depuis plusieurs semaines une augmentation progressive du nombre de cas de Covid et des admissions. En ce qui concerne le CHU Saint-Pierre, le rythme de cette hausse est moins fort que ce que nous avons connu lors des deux premières vagues", commente Philippe Leroy, directeur général. "Nous avons tiré toutes les leçons du passé. Nous avons préparé un plan pour une troisième vague. Il a été présenté avant Noël à toutes nos équipes. Nous ne sommes pas alarmés. Nous sommes prêts. Nous avons bloqué plus de lits dans nos unités Covid et aux soins intensifs. Nous adaptons notre fonctionnement."Le CHU Saint-Pierre n'a pas encore commencé à déprogrammer des opérations non-urgentes mais se tient prêt à le faire. "Nous attendons. Pour l'instant, ce n'est pas nécessaire. Nous avons déjà adapté la planification en réduisant le nombre d'interventions à venir. C'est une manière plus soft de le faire", précise le Dr Leroy, qui insiste sur la nécessité de prendre également en charge les patients non-Covid. "Les personnes qui ont des problèmes de santé doivent venir à l'hôpital. Chaque médecin établit ses critères sur ce qui est essentiel et urgent. Ils ont été assouplis par rapport à la première vague", poursuit le directeur général. Le Pr Philippe Peetrons, médecin-chef des Hôpitaux Iris-Sud, rappelle que tous les hôpitaux bruxellois sont restés en phase 1B, à la demande des autorités. "Nous ne sommes jamais repassés en phase 1A. Ce qui est différent par rapport à il y a quelques semaines, c'est que les lits de soins intensifs et les unités Covid se sont remplis. Actuellement, nous sommes dans une vraie phase 1B. Tous nos lits USI réservés - dix sur vingt - sont occupés. Ce week-end, nous en avions même onze. Tous les lits de nos quatre salles Covid sont pris. 42 lits sont occupés. Cette augmentation des admissions entraîne plus de travail pour le personnel."Le Pr Peetrons s'inquiète du caractère progressif de la hausse des admissions. "Nous avons chaque jour un cas en plus. Lors des autres vagues, nous avons dû faire soudainement face à un afflux de patients. Ce n'est pas le cas cette fois-ci. C'est plus insidieux et plus dangereux au niveau de l'organisation parce que nous procédons par des petits aménagements. Nous arrivons bientôt au bout des changements." Depuis ce lundi, à HIS, les opérations non-urgentes ont été annulées. "Cette semaine, il n'y aura que trois interventions réalisées, en oncologie, dans nos différents sites. Nous avons dû annuler pour la troisième fois une intervention pour une colonne cervicale chez un patient. Nous ne savons pas encore quand nous pourrons reprogrammer ces opérations qui demandent un séjour en réanimation."Quant à l'absentéisme du personnel, préoccupant lors de la deuxième vague, le Pr Philippe Peetrons souligne que l'ensemble des travailleurs a l'occasion de se faire vacciner. "Il y a moins d'absentéisme, mais nous n'arrivons pas à notre objectif de vacciner 70% du personnel actif dans les salles. Il y a toujours de récalcitrants. Ils travaillent souvent dans les unités où on utilise le plus de masques et de blouses. C'est un peu la quadrature du cercle. Nous sommes arrivés au bout de nos efforts pédagogiques pour convaincre les hésitants à se faire vacciner. Ce sont un peu les derniers résistants, les Astérix et Obélix, qui font obstacle. à un moment, quand la majorité de la population sera vaccinée, on pourra vraisemblablement enlever les masques à l'hôpital. On ne va pas les garder pour ceux qui ne veulent pas se faire vacciner!""Nous sommes prêts à réagir dans les 24 à 48 h", confie le Dr Didier Delval, directeur général du CHwapi. "Nous revoyons régulièrement notre stratégie pour les hospitalisations classiques. Le fait de réserver 50% de nos lits de soins intensifs, depuis ce 22 mars, complique la situation puisque nous avons également des patients non-Covid dans nos lits et certains d'entre eux ont également besoin d'être pris en charge en USI. Nous ne pouvons pas vider nos soins intensifs en 48 heures pour les libérer pour les patients Covid. Nous allons nous auto-réguler pour pouvoir répondre à la demande des patients Covid et non-Covid. Notre taux d'occupation non-Covid est supérieur à 80%. Dans notre programme opératoire, nous avons principalement des cas graves ou urgents. Nous sommes actuellement en train de récupérer des patients qui n'avaient pas pu être pris en charge durant les vagues précédentes. Nous ne pouvons pas déprogrammer ces interventions. Nous ne le ferons que si c'est vraiment nécessaire. Nous surveillons l'évolution jour après jour."Une unité intermédiaire, gérée par des anesthésistes et équipée de respirateurs, a été créée au Chwapi durant les vagues précédentes, et les patients Covid instables peuvent y être transférés. Ce dispositif permet de soulager les soins intensifs. En outre, durant la deuxième vague et la remontée actuelle, le personnel non-USI a été formé pour prendre en charge des patients Covid. "A Tournai, nous sommes encore dans une situation "favorable". Depuis la vaccination, nous n'avons presque plus de patients Covid venant des maisons de repos. La population et le personnel de l'hôpital adhèrent bien à la campagne vaccinale. 81% de nos collaborateurs sont vaccinés. Nous commençons à bénéficier de ces effets positifs", constatait ce 19 mars le directeur général du CHwapi. Selon le Dr Delval, qui est également président du Collège des directeurs généraux du réseau Phare, la situation à l'hôpital de Mouscron est identique à celle du CHwapi. Elle est plus tendue au CHR de la Haute-Senne et à Epicura. Message positif de nos trois interlocuteurs: les hôpitaux disposent désormais en suffisance de matériel de protection et d'équipements pour faire face à une brusque augmentation des hospitalisations de patients Covid. Ils peuvent également compter sur les nombreuses procédures implémentées lors des vagues précédentes pour mener cette nouvelle bataille.