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En effet, en même temps, les fonctionnaires ont déjà reçu cette année 3 fois 2%, soit 6%, pour faire face à l'inflation galopante de ce début 2022. Et ils se mettent pourtant en grève parce que ces indexations ne couvrent pas l'explosion du coût des carburants, exclu de l'index santé, la référence depuis longtemps. On prévoit pour la fin de l'année entre 8 et 10% d'indexation. Les médecins ne reçoivent qu'un tiers autant que les fonctionnaires et ils sont pourtant bien plus pénalisés par l'augmentation des carburants que les fonctionnaires. Les salaires des infirmier(e)s titulaires du bac sont augmentés en juillet de 9%. Leurs syndicats ont été efficaces. C'est bien mérité, mais quid des médecins? Le financement des soins en Belgique ne présente apparemment pas le même caractère de nécessité que la préparation d'une guerre nucléaire mondiale pour imposer le gaz de schiste américain. Il n'y a pas d'argent pour les soins de santé mais il y en a pour acheter 34 bombardiers F35A pour 3,6 milliards complétés de 4 à 500 millions de travaux d'infrastructures pour les utiliser. Le secteur des soins affaibli, noyé sous les paperasses, mobilisant temps, énergie et argent, est dans les faits, dédaigné par les politiciens. Quand on parle de nouveaux budgets pour les médecins, on parle de montants de l'ordre de 112 millions. Ici les milliards ne pleuvent pas. Et pourtant une grande partie des budgets santé ne proviennent pas des impôts. Ils appartiennent aux cotisants qui les ont versés sur leurs salaires pour leurs soins et dont les mutuelles disposent comme si elles décidaient des soins à donner. Elles ne sont que des assureurs privés. Le réflexe d'un assureur est de verser le moins possible de remboursement aux assurés pour faire des bénéfices. Par exemple, il n'y aura pas de remboursement de détartrage sous- gingival pour un assuré de plus de 50 ans ; Il paie pourtant la même cotisation, et ressent la même douleur que le patient de 49 ans. L'assuré malade gardera à sa charge une partie d'autant plus importante de ses frais de santé. C'est donc l'éthique des syndicats médicaux d'exiger des remboursements des honoraires convenables. Et c'est la moindre des corrections vis-à-vis des médecins qui ont accepté d'y coller l'honoraire de base par esprit social. On ne comprend pas ce qui peut avoir amené les représentants des spécialistes, contrairement à ceux des généralistes, à abandonner leur indexation. Ne parlons pas de reconnaissance. On aurait cru que la pandémie aurait mis en évidence le rôle, les difficultés de vie et de travail, la pénibilité et, ce qu'on oublie souvent, les risques quotidiens des médecins et soignants au contact des malades. Ils sont des cas contacts permanents des contagieux. Les médecins risquent chaque jour d'être victime d'une contamination, même sans épidémie. Durant les épidémies, ils sont en première ligne. Les citoyens les ont rejetés comme des pestiférés accusés de répandre la contamination dans une panique sans commune mesure avec la situation, aussi dangereuse soit elle (1). Les histoires racontées par la presse sont effrayantes. Des infirmières racontent (7sur7 des 3 et 4 avril 2020): Des colocataires ont changé la serrure pour empêcher une infirmière de rentrer après son service, un propriétaire a coupé l'eau et le chauffage d'un appartement pour en chasser une autre et sa famille. Des personnels, des médecins ont été atteints du Covid. Certains sont morts. Combien? Sciensano a répondu à cette question qu'il avait détecté 600 hospitalisés mais qu'il n'y avait pas d'enregistrement du nombre de morts, les autorités fédérales ne l'ayant jamais demandé. C'était à la RTBF le 5 juin 2020, il y a deux ans, quand il y avait 9.548 décès du covid. Il y en a au 31 mai 310.340. J'ai interrogé Sciensano qui a expliqué qu'ils n'enregistrent jamais les contaminations par profession. Cependant, on trouve un élément de renseignement dans les tableaux des déclarations obligatoires de maladies professionnelles de Fedris (2) faites par les médecins du travail. Elles sont suivies ou non ultérieurement d'une demande d'indemnisation par les intéressé(e)s: On relève donc des déclarations relatives à 10.050 infirmier(e)s diplômé(e)s, 5.533 autres soignants diplômés, 1.001 soignants sans qualification, 776 médecins, chiffre impressionnant vu la faible proportion de salariés parmi les médecins, 59 pharmaciens, etc. Des demandes d'indemnisation ont été introduites ensuite par 6.369 infirmiers, 2.607 soignants et 194 médecins. S'y ajoutent 14 demandes d'indemnisations pour décès de personnel en hôpital et en MR du fait du Covid, dont six infirmières et un seul médecin, spécialiste de 40 ans (...)