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" Nous avons très rapidement compris que nous devions continuer notre métier qui est la défense des intérêts et la représentation de nos membres auprès des autorités. C'était bien nécessaire vu le manque de préparation des autorités par rapport à cette pandémie et l'absence totale d'anticipation. Nous avons décidé, à côté de nos missions habituelles, de trouver des solutions pragmatiques pour satisfaire les besoins de nos membres. Nous nous sommes donc demandé ce que nous pouvions faire pour eux à ce moment-là. "L'équipe de santhea a rapidement dressé un inventaire des besoins. " Nous avons organisé un premier " call " avec les hôpitaux aigus parce nous nous sommes dits qu'ils allaient être les premiers au front. Nous les avons écoutés. "La fédération a réorganisé son mode de fonctionnement pour mieux réagir face à cette crise sanitaire. Santhea a identifié dans chaque institution un contact Covid pour pouvoir l'informer quotidiennement et recevoir des demandes. " Nous avons établi des listes pour nos trois secteurs : hôpitaux, santé mentale et aînés. Des réunions virtuelles ont été organisées plusieurs fois par semaine pour chacun de ces secteurs. Au niveau de la communication, nous avons simplifié au maximum nos messages vers nos interlocuteurs pour être le plus efficace possible. Nous avons supprimé tous nos envois habituels (notes...) qui ne concernaient pas le Covid-19. "Afin de répondre aux besoins des hôpitaux, santhea a rapidement lancé un appel aux dons de matériel de protection et, ensuite, de matériel en pénurie. " Une partie des 24 travailleurs de notre fédération s'est lancée dans cette collecte. Entre autres, en contactant de nombreuses sociétés pour voir si elles ne pouvaient pas fournir des équipements et des produits aux institutions. Grâce aux articles consacrés par la presse à notre démarche, nous avons pu convaincre ces entreprises du bien-fondé de notre action. Certaines de ces sociétés ne connaissaient pas notre fédération avant la crise. Nous avons fait preuve de créativité. Nombre de sociétés commerciales et associations ont donné des masques, des blouses et autres matériels de protection, mais aussi du gel hydroalcoolique, des tablettes pour briser l'isolement ou encore des pralines pour les travailleurs du secteur. Des attentions qui font extrêmement plaisir aux professionnels de terrain. Nous avons activé nos réseaux professionnels et personnels pour trouver des solutions. En quelques jours, nous avons pu préparer de nombreux colis et nous avons continué à le faire ensuite tous les jours grâce aux dons quotidiens. Sur base d'une clé de répartition tenant compte des besoins réels et concrets, les institutions ont pu venir les chercher ou nous les avons livrés nous-mêmes. En 24 heures, nous avons mis en place tout un système, en circuit court, de distribution de matériel. "Santhea a également cherché des partenaires pour fabriquer des visières, des blouses... " J'ai découvert ce qu'était un FabLab ", confie Valérie Victoor. " Ces laboratoires de fabrication nous ont bien aidés. L'équipe de Citidev Brussels, la société de développement pour la Région de Bruxelles-Capitale, a également fait un travail impressionnant. Nous avons lancé ensemble la production de visières pour les offrir gratuitement aux institutions de soins. Nous avons fourni de façon prioritaire nos membres sauf lorsque nous recevions du matériel en grande quantité ou que le donateur demandait qu'il soit distribué à toutes les institutions en collaboration avec les autres fédérations. "Grâce à Citidev Brussels, des milliers de visières de protection ont été fabriquées et distribuées. " Les bénévoles ont été extraordinaires. Pendant ce temps, des particuliers et des entreprises ont continué à nous adresser des dons. Nous avons remercié les nombreux donateurs via nos réseaux sociaux. "Santhea a cherché à produire en collaboration avec des FabLabs du gel hydroalcoolique mais trouver de l'alcool était très difficile. Finalement, la fédération a reçu un don de 5.000 litres de gel hydroalcoolique déjà conditionné. " La fédération Agoria, via ses membres, a mis des camions médicalisés à notre disposition pour servir de centres de tri ", ajoute le conseiller général. " La société civile, tant les entreprises que les particuliers, a été fantastique. Ce soutien a été bénéfique pour le terrain parce que les professionnels manquaient de matériel et leur a également remonté le moral. Ils se sont sentis soutenus et nous ont adressés des messages pour remercier les donateurs. "La fédération a également réalisé un important travail pour évaluer sur base de critères objectifs des fournisseurs qui proposaient des services et produits aux institutions de soins et leur demander de n'être payés qu'à la livraison du matériel après vérification de la qualité. " Nous avons communiqué ces informations à nos membres en précisant les limites de cette évaluation des fournisseurs ", ajoute Valérie Victoor. En collaboration avec Citidev Bruxelles, Santhea a également cherché une solution pour fournir des blouses aux hôpitaux. " Nous nous sommes procuré du tissu que nous avons fait tester par des hygiénistes hospitaliers. Ensuite, nous nous sommes lancés dans la production de blouses de protection. Les quantités produites étaient modestes, plusieurs centaines, mais elles venaient à point pour répondre en urgence à la pénurie de blouses dans certaines institutions. Nous avons dû adapter la production à l'offre fluctuante de tissus. Les moyens financiers de la fédération étant limités, tout cela a été possible grâce à des soutiens externes. "La fédération a également essayé de faire produire des écouvillons, en pénurie, mais n'est parvenue à le faire pour des raisons techniques. " L'intelligence collective, le dialogue et le pragmatisme nous ont permis, en collaboration avec de nombreux partenaires, de réaliser des choses qui sont très éloignées de nos missions classiques. Notre mission est d'aider nos membres mais ce soutien a pris une forme particulière durant cette crise. La presse a aussi beaucoup aidé santhea en consacrant plus d'une cinquantaine d'articles dans les journaux et des interviews radio et télévisées pour nous permettre de tirer la sonnette d'alarme, d'expliquer les enjeux et de présenter toutes ces initiatives. Nous avons également pu donner une voix au terrain parce que la gestion par les autorités n'a pas été optimale. Les institutions de soins et leurs fédérations ont éprouvé des difficultés pour faire passer des messages auprès des autorités, entre autres sur les pénuries de masques et de médicaments. La presse, dont votre journal, nous a permis d'attirer l'attention des autorités sur des réalités très problématiques. Quand on n'arrive pas à se faire entendre ou quand on n'est carrément pas associé à la réflexion des décideurs - ce qui a été très souvent le cas - le relais des revendications par la presse est capital. Par exemple, nos critiques suite à l'aberrante décision du gouvernement de permettre très rapidement aux visiteurs de retourner voir leurs proches dans les MRS ont été rapidement entendues. " Au cours de la crise, reconnaît Valérie Victoor, les autorités ont pris davantage en compte l'expertise des fédérations représentatives.