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Dans un emballage forcément baroque, à la limite du mauvais goût, qui rappelle les décors d'intérieur de Jacques Garcia et les jabots années 80 des nouveaux romantiques, The Beautiful Ones consiste en l'embryon d'autobiographie que Prince avait décidé d'écrire soutenu en cela par le journaliste Dan Piepenbring... Trois mois à peine avant son décès d'overdose d'une contrefaçon de Vicodin trop chargée en opioïde produit par des labos clandestins, souvent mexicains, "médicament" qui fait des ravages énormes aux États-Unis (autre victime célèbre deux ans plus tôt : l'acteur Philip Seymour Hoffman). Lequel journaliste introduit longuement les quelques pages écrites par Prince, racontant les rencontres toujours à l'improviste, selon le bon vouloir de sa majesté, l'artiste se montrant cependant toujours cordial et chaleureux à son endroit. Imprévisible et au bord de l'épuisement, Prince qui allait s'embarquer dans une tournée en solo, semblait désormais en exil du succès qu'il avait connu, et se montrait paradoxalement très préoccupé par les questions raciales, lui qui apparaissait volontairement physiquement plus latino que black (au contraire d'un Michael Jackson jouant du blanchiment). Une thématique que Prince Rogers Nelson (son vrai nom) aborde dans l'ébauche de récit qu'il couche sur papier. Des phrases manuscrites reproduites dans cet ouvrage au côté de la version imprimée et de photos de son enfance (le premier chapitre s'intitule Les yeux de ma mère), de ses parents que le jeune garçon voulait se réconcilier, et agrémentées ensuite de photos plus récentes voire plus connues, des réflexions sur son expérience new-yorkaise, sa fidélité à Minneapolis, la gloire, la filiation, la reconnaissance, l'esprit de communauté (hommage à Wendy et Lisa par exemple) et le sexe bien sûr... Tout aussi important, sinon plus, la religion, souvent nécessaire à une débridation sexuelle " libératrice ". Triste de voir un tel artiste, que l'on aime ou pas, trop tôt disparu (quelques semaines à peine après le décès de sa girlfriend d'excès Vanity), dont on aurait voulu mieux connaître encore la vie, qu'il avait si minutieusement occultée jusque-là, et auquel une mort prématurée s'est opposée...