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Le Pr Mark Brincat (gynécologie & obstétrique, Université de Malte) a abordé un sujet qui intéresse au plus haut point de nombreuses femmes: la contraception hormonale (combinée) est-elle bénéfique ou néfaste à la peau et au système osseux? En fait, le sujet s'étend également aux muscles et aux tendons, par exemple, car tous ces tissus possèdent des récepteurs aux hormones sexuelles et peuvent donc être impactés par la pilule. Dans la population générale, si de nombreuses personnes savent que certaines pilules combinées peuvent atténuer l'acné et freiner l'hirsutisme, elles ignorent souvent qu'elles réduisent aussi le risque de cancer de l'ovaire et de l'endomètre, mais aussi du côlon. En ce qui concerne l'os, Wreje et al. ont montré, chez des jeunes filles, que l'association de 30 µg d'éthinylestradiol et de 150 µg de désogestrel diminuait la formation de matrice osseuse de 24 à 30% en moyenne, selon le marqueur utilisé, tandis que sa résorption était elle aussi diminuée de 13%. Des études ultérieures, dont celle de Gargano et al. (2008), montrent un effet moins marqué mais toujours bien présent avec 20 µg d'éthinylestradiol. En fait, l'impact de la contraception combinée est cliniquement plus important dans certaines catégories de patientes, comme les jeunes athlètes, dont le pic d'acquisition osseuse peut avoir déjà été inhibé par une aménorrhée d'origine hypothalamique, une forte perte de poids, un excès d'activité physique et une alimentation déficiente. Les études de cohorte montrent que l'acquisition du pic osseux lors de l'adolescence et jusqu'à son maximum (vers 30 ans) serait mieux préservée par des pilules faiblement dosées (30-40 µg d'E) que par des pilules très faiblement dosées (20 µg). Tout cela alors qu'on connaît l'effet protecteur des oestrogènes sur le système osseux dans un contexte ménopausique. Sur le plan musculo-tendineux, l'étude publiée en 2009 par Hansen et al. montre une diminution significative de la synthèse de collagène sous contraception orale combinée. Il n'est cependant pas démontré que cette différence a des répercussions cliniques. Chez la femme ménopausée, on observe une situation analogue à celle observée sur le plan osseux: le taux de collagène au niveau de la peau est plus élevé chez les femmes qui suivent un THS. Une telle observation avait été faite à un niveau sans doute plus important en termes de santé somatique: l'épaisseur de la media aortique est plus importante chez les femmes ménopausées sous THS, et il en va de même pour celle des disques intervertébraux (Stevenson et al., 2023).