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Sous l'égide de Laora, leur superwoman nageuse au discours de ma-nager, l'équipe soudée des dresseurs d'orques s'apprête à monter sur la scène et les flots pour le show de l'après-midi. Une journée particulière au parc d'attraction aquatique, puisque c'est l'anniversaire de la cheftaine, laquelle va se produire sous le regard de sa famille venue l'applaudir.Mais, coup de théâtre dans la trame (à la rame) bien rodée, l'orque vedette du spectacle, Tatanka, aime tellement la chef des dresseurs d'animaux marins qu'elle la dévore, et pas seulement des yeux, en plein spectacle.Stupeur, sidération dans l'équipe, noyée dans le désarroi, et qui, perdue sans sa boussole qui aiguillonne, navigue à vue, dérive sans gouvernail et ressemble à un radeau de médusés....Avec ce spectacle, qui rappelle De rouille et d'os de Jacques Audiard par son début et son côté cinématographique, le collectif La station signe un petit bijou d'humour noir, mélange par son côté étrange de Twin Peaks aquatique, et, de par sa férocité revigorante, de Petits meurtres entre amis de Danny Boyle.On se marre parfois comme des baleines dans cette comédie qui ne joue pourtant pas les grandes orques - les silences y ont des allures de calme plat - et dans laquelle ces " moules parquées " sur leur brise-larme sortent de leur coquille pour, sous leur langue de bois, leur discours formaté et vide, révéler, parfois sans le vouloir, l'envers du décor : le spectacle désolé du show pris à froid, de l'aseptisation tachée de sang de l'eau chlorée... qui manquait de sel.Auteurs et interprètes de cette histoire d'eau et d'os, les cinq jeunes comédiens sont comme des poissons dans l'eau dans le rôle et la gestuelle des dresseurs - sautillants, frétillants, puis au regard de poisson mort -, au discours lisse puis détraqué (malgré l"'attraction") par le drame, et qui depuis... rament.