Le Congrès de médecine générale a abordé diverses thématiques comme la recherche, les conditions de travail des médecins (lire page 6), la santé environnementale ou encore la garde. Autant de thématiques pour autant de défis, auxquels un débat a été consacré en clôture du congrès.
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Dans un contexte médical de plus en plus complexe, les médecins généralistes font face à de nombreux défis qui affectent directement leur façon de travailler et de prodiguer des soins. La montée en puissance des nouvelles technologies, l'essor de la pluridisciplinarité, et les évolutions sociétales marquent autant d'opportunités que de défis à relever. Les Drs Michel Meuris (président de l'Agef), Bruno Verstraete (UCLouvain), Anne Gillet (vice- présidente du GBO), Marilyn Duchêne (Association des médecins généralistes en formation, AMGF), et Naji Mokaddem (CAMG, SSMJ) sont montés sur l'estrade lors de la dernière plénière du congrès pour partager leurs impressions. "La médecine doit être une alliance entre compétences technique et relationnelle", exprime d'abord Anne Gillet, invitée à proposer trois indicateurs de qualité en médecine générale. Pour elle, compétence, prévention et collaboration sont les clés de la médecine de demain. "La médecine doit être basée sur les faits", acquiesce Naji Mokaddem, assistant à Marche-en-Famenne, qui ajoute "le bien-être du patient et le bien-être du médecin" comme autres indicateurs. Dans le débat, aujourd'hui, impossible de taire les nouvelles technologies, dont l'IA, une thématique porteuse, mais ô combien vague et vaste. De l'avis de tous, la capacité de l'IA à remodeler la pratique médicale est immense, mais elle exige aussi une vigilance continue pour ne pas compromettre l'humanité au coeur des soins médicaux. Michel Meuris rappelle que "les outils technologiques sont merveilleux, mais ils ne doivent pas détourner le médecin de la relation humaine essentielle". Naji Mokaddem ajoute que l'IA, bien qu'utile, doit rester un outil complémentaire. "L'intelligence artificielle doit rester un outil au service du médecin, et non pas un substitut au jugement clinique.". Le défi majeur réside dans l'intégration harmonieuse de l'IA dans les pratiques. L'inquiétude de certains est de voir poindre des pratiques consuméristes. Dans ce contexte, une formation continue et adaptée permettra aux médecins de s'approprier ces avancées technologiques tout en préservant l'essence de la relation médecin-patient. Autre thématique qu'il est impossible d'omettre: la collaboration. Avec des patients ayant de multiples pathologies nécessitant une approche intégrée, les médecins doivent travailler de concert avec d'autres professionnels de la santé. Anne Gillet mentionne que "la collaboration efficace nécessite de permettre à chacun d'êtreà l'aise avec ses spécificités". Elle souligne que "le respect mutuel des compétences apportées par chaque professionnel est indispensableà une pratique coordonnée et centrée sur le patient". Cette approche requiert un remaniement constant du rôle du médecin généraliste, qui doit adapter son approche tout en jonglant avec le respect des nouvelles dynamiques de travail en groupe. Les jeunes médecins, plus enclins aux pratiques collaboratives, doivent être encouragés et formés pour assurer une transition en douceur vers un système de santé plus intégré. Les universités ont donc du pain sur la planche. Les médecins doivent aussi composer avec les enjeux climatiques qui occupent (ou pas) notre société. La santé et l'environnement formaient l'un des quatre axes développés lors du congrès. "La santé environnementale est un enjeu primordial pour prévenir la crise des maladies chroniques liées àl'environnement", estime Marilyn Duchêne, qui évoque l'urgence d'intégrer la démarche écologique aux pratiques médicales, par exemple en réduisant l'empreinte carbone des prescriptions (lire aussi page 8, la matinée d'étude de la FAGC). Le Dr Bruno Verstraete souligne de son côté l'importance d'une médecine proactive, qui prend en compte les déterminants sociaux de la santé. "Prescrire avec une conscience environnementale pourrait réduire notre empreinte tout en améliorant la santé publique", dit-il, rappelant que le bien-être des patients est intrinsèquement lié à l'environnement dans lequel ils vivent. Le débat s'est clos sur l'importance de s'engager dans des réformes et d'adopter des pratiques innovantes tout en respectant les fondements éthiques de la profession médicale. "Qui aurait cru, il y a 20 ans, qu'un tel congrès soit possible? On a vu, pendant deux jours, des médecins généralistes développer des expertises, les partager, se rencontrer avec enthousiasme, de manière décomplexée. Ce qui se passe est très positif", conclut le Dr Verstraete, applaudi. "Cet engagement donne du sens à notre métier", estime Anne Gillet, "il faut prendre le temps, prendre du recul par rapport à nos pratiques." Naji Mokkadem d'embrayer: "L'engagement pour la santé, pour le bien commun, c'est une opportunité non seulement d'améliorer notre pratique, mais aussi d'enrichir notre relation avec les patients.""Je suis optimiste", conclut le Dr Meuris, réagissant aux mots de son jeune confrère. "Je fais confiance dans la jeune génération. Il y a un engouement que l'on a pas toujours connu. Je serai là pour les pousser, pour défendre la première ligne."