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La semaine dernière, le Comité scientifique de l'EMA concluait que "le risque de Covid-19 grave est globalement beaucoup plus élevé que celui d'effets secondaires graves, tels que des caillots sanguins associés à une baisse des plaquettes. Cet effet secondaire du vaccin AZ ne se produit que dans de très rares cas, et principalement chez les jeunes." L'analyse de l'EMA montre qu'après la vaccination, l'hospitalisation et l'admission en soins intensifs liées au Covid-19 est inférieure, dans tous les groupes d'âge, y compris les plus jeunes, au risque de cet effet secondaire. La vaccination permet également d'éviter un plus grand nombre de décès au-delà de l'âge de 30 ans. Sur base des conclusions de l'EMA, des recommandations du Conseil supérieur de la Santé (CSS) et de la Task force Vaccination, la CIM Santé a décidé d'utiliser le vaccin AstraZeneca à partir de 41 ans. "À cet âge, les avantages l'emportent largement sur les rares risques", justifient les ministres de la Santé du pays. La Belgique suivra également la recommandation de l'EMA selon laquelle toute personne ayant déjà reçu une première dose du vaccin AZ devrait également recevoir la seconde dose, quatre à douze semaines après la première et ce, pour tous les âges. Le Pr Michel Goldman ne comprend pas ce revirement des autorités concernant l'âge auquel est administré le vaccin. "Les décisions de la CIM Santé risquent fort d'amplifier la défiance vis-à-vis de la stratégie de vaccination, singulièrement dans la tranche d'âge 41-55 ans qui ne s'attendait pas à se voir imposer le vaccin AstraZeneca. D'autant que dans l'analyse de l'EMA qui sous-tend la décision belge, c'est dans le groupe 40-49 ans que l'on retrouve le plus grand nombre de thromboses thrombopéniques. C'est le nombre plus élevé de Covid graves dans ce groupe qui justifie la décision." L'immunologiste ajoute que "la décision devrait être assortie d'une explication claire sur les risques encourus et les mesures prises pour assurer un diagnostic précoce et un traitement approprié de ces complications très rares pour lesquelles le lien avec la vaccination est à présent reconnu par les autorités réglementaires"."En se démarquant de ses principaux voisins où l'âge minimal pour recevoir le vaccin AstraZeneca est de 55 ou 60 ans, la Belgique contribue à la cacophonie européenne", estime encore Michel Goldman. " Le gouvernement belge fonde sa décision sur des modèles qui ont leurs limites et qui ne tiennent pas compte de ce qui ne peut pas être chiffré: le décès d'une personne de 41 ans causé par un vaccin qu'elle n'aurait pas reçu dans les pays voisins aurait certainement des conséquences majeures sur la suite de la campagne de vaccination. À défaut, on aurait pu s'inspirer de l'exemple luxembourgeois, où les personnes de 30 à 54 ans peuvent prendre l'initiative de demander une vaccination prioritaire par le vaccin AstraZeneca en toute connaissance de cause, le Conseil supérieur luxembourgeois des maladies infectieuses recommandant de n'utiliser ce vaccin dans cette tranche d'âge que chez les sujets à haut risque de maladie sévère."La décision de la CIM de commencer dès que possible la vaccination avec le vaccin Johnson & Johnson attise moins la polémique. Pour rappel, le vaccin J&J présente le grand avantage de ne nécessiter qu'une seule dose, ce pourquoi il est privilégié pour la vaccination à domicile. Mercredi dernier, l'EMA a donné son feu vert pour que le vaccin soit utilisé dans tous les groupes d'âge. Aux États-Unis, le vaccin J&J continuera à être utilisé après une analyse de sécurité approfondie par le CDC et la FDA. La firme J&J a d'ores et déjà indiqué qu'elle allait reprendre les livraisons. La Belgique attend une livraison de 62.400 vaccins cette semaine. Au total, 1,4 million de ces vaccins devrait être livré à notre pays entre avril et juin. Les ministres de la CIM Santé considèrent qu'il est important que la campagne de vaccination puisse conserver sa vitesse de croisière, voire l'accélérer si possible. "En renforçant la protection contre le Covid-19 avec tous les vaccins disponibles, nous prévenons l'hospitalisation, l'admission en unité de soins intensifs ainsi que les décès. Il s'agit de la meilleure stratégie pour soulager nos hôpitaux et permettre la poursuite des soins qui ne sont pas liés au Covid-19. Cela contribuera également à permettre de nouveaux assouplissements."La dernière décision de la CIM Santé concerne la vaccination des femmes enceintes. Sur l'avis du CSS et de la Task Force, ces dernières pourront également être vaccinées en priorité. Les médecins généralistes recevront plus d'informations à ce sujet cette semaine. "La CIM santé indique que les femmes enceintes font à présent partie des groupes prioritaires, sans évoquer la situation des femmes enceintes de plus de 41 ans", remarque Michel Goldman. "On ose espérer qu'elles se verront réserver des vaccins ARN messager exclusivement, sur base des données existantes et de la note du CSS. Pourquoi ne pas le préciser d'emblée?"