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Avec pour objectif: des soins efficaces, accessibles, rémunérés correctement et en outre efficients, souci légitime des responsables politiques ; la litanie se ressasse depuis des lunes. Les lecteurs pourraient se demander pourquoi appeler généralistes des activités nécessitant des connaissances en informatique, en droit, en comptabilité..., autant de disciplines spécialisées. Parce qu'elles interviennent dans tous les domaines. En médecine, elles permettent aux praticiens de remplir leurs missions face aux menaces pour la santé de leurs concitoyens. Le Premier ministre Alexander De Croo l'a rappelé: face au danger, les comportements importent plus que les textes. A l'hôpital, les fonctions généralistes ont pour but essentiel de favoriser la priorité des priorités par trop oubliée depuis des années: des unités de soins bien équipées, un cadre de travail motivant, valorisant et innovant pour les professionnels de terrain, efficace et accueillant pour les malades. L'invasion virale en cours nous rappelle méchamment qu'il y a une hiérarchie implacable: les disciplines focalisées sur les menaces vitales priment sur toutes les autres. Que le lecteur ne comprenne pas mal. Je ne plaide nullement pour une dictature des scientifiques et des techniciens. Je plaide au contraire, pour une lucidité sur leurs limites mais assortie d'une autre lucidité, sur les limites de méthodes managériales entravant depuis trop longtemps la bonne marche des hôpitaux. Par quelles dérives en sommes-nous arrivés là? On a cru tout résoudre avec des diplômes de spécialistes en recettes à gérer les incertitudes. Ce qui a bien marché avec les médecins généralistes n'a pas marché avec le management, ni à l'hôpital ni ailleurs. Car, quelles que soient leurs positions hiérarchiques, ceux qui exercent des fonctions généralistes doivent faire la preuve de talents innés, entre autres de leadership, art de tendre à tous les membres d'une organisation les bâtons si personnels du pouvoir, tantôt protecteurs, tuteurs ou témoins relayés de la base au sommet et retour, tantôt signes d'autorité reconnue à la fois ferme, juste, bienveillante et inspirante par tous, en particulier par les praticiens et les malades. Mintzberg, déjà cité dans ces colonnes, dénoncé l'idée de faire croire que les capacités nécessaires pour diriger les autres s'acquièrent comme un cursus académique. Malheureusement, il n'a pas été entendu et ce qui se passe aujourd'hui justifie toutes ses inquiétudes. Le processus a été très visible dans les hôpitaux. L'unité de commandement a été remplacée par une multitude de postes de chefs intermédiaires permettant à trop de médecins, soignants et autres personnes initialement préparées au travail auprès des malades à quitter le terrain pour se retrancher dans des bureaux. Certes il faut que des médecins et des soignants se consacrent à la gestion, mais sans être paralysés dans un carcan réglementaire. En effet, la législation pèse de tout son poids sur ce qui peut se faire ou ne pas se faire à l'hôpital, non sans laisser aux conseils d'administrations, les vrais décideurs, la possibilité d'imposer des choix très éloignés des services à rendre aux malades. Ainsi posée, la critique va me valoir une volée de bois vert. Que ceux qui se sentent visés réfléchissent aux blocages rencontrés dans leurs missions et au lieu de se fâcher, lancent des idées pour une autre culture des relations de pouvoir au sein des hôpitaux et dans toute la société. Pistes de réflexion pour la suite: quelques fonctions généralistes à l'hôpital. - Le dialogue avec les malades et leurs proches. - La synthèse clinique. - La coordination au niveau de l'unité de soins. - La coordination entre les unités de soins et avec les unités techniques. - La coordination des métiers, des fonctions et des rôles dans l'ensemble. - La gestion financière. - L'informatique. - La stratégie.