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Toute une série d'études étaient déjà allées dans ce sens : la prise d'antihypertenseurs le soir donne le meilleur pronostic cardiovasculaire. Mais une grande partie de ces études n'était pas directement axée sur une comparaison avec la prise d'antihypertenseurs le matin. La seule étude qui existait jusqu'alors à ce sujet confirmait l'effet supérieur de la prise en soirée. Une nouvelle étude parue dans le European Heart Journal s'intéresse à la question au sein de la première ligne. Quarante pratiques de médecine générale espagnoles ont pris part à cette étude. La population totale comportait quelque 19.000 patients (10.500 hommes et 8.500 femmes), avec un âge moyen de 60 ans. La moitié prenait son traitement (monothérapie ou polythérapie) en allant dormir, l'autre moitié au réveil. Les patients ont été suivis sur une longue période, avec une médiane de six ans. Un peu plus de 1.700 patients ont développé l'un des incidents cardiovasculaires qui avaient été repris dans les critères fixés : décès de cause cardiovasculaire, infarctus du myocarde, revascularisation cardiovasculaire, insuffisance cardiaque ou AVC. Par rapport aux patients qui prennent leur traitement le matin, les patients qui prennent leur traitement le soir ont un risque significativement plus faible d'atteindre l'objectif cardiovasculaire fixé (p<0,001). Pour chaque composante prise séparément, le risque est aussi significativement plus faible (p<0,001 pour chaque type d'incident). Il a presque été réduit de moitié.Ce résultat découle directement de l'impact plus important de la médication prise en soirée sur les valeurs tensionnelles. Les valeurs tensionnelles moyenne la journée ne sont pas différentes, mais pendant le sommeil, elles sont significativement plus basses dans le groupe qui prenait son traitement le soir par rapport à ceux qui le prenaient le matin (pour la PAS, par exemple 114,7 mmHg versus 118,0 mmHg ; p<0,001).La PAS moyenne mesurée sur une période de 48 heures était aussi inférieure. La prise du traitement le soir donne une diminution significativement plus élevée en pourcentage de la PAS. En corollaire, il y a significativement moins de 'non-dipping' (ou absence de diminution de la pression artérielle chez des personnes saines durant le sommeil).À la fin de l'étude, les patients qui prenaient leur traitement le soir prenaient un peu moins d'antihypertenseurs, sans effets indésirables. Une diminution progressive de la PAS durant le sommeil est le meilleur prédicteur d'un pronostic cardiovasculaire favorable. La valeur prédictive est plus élevée que celle d'une série de facteurs de risque comme l'âge, le sexe masculin, un profil lipidique perturbé, le tabagisme, le diabète et l'insuffisance rénale chronique. Ajoutons encore que les patients qui prennent leur traitement le soir ont une meilleure fonction rénale à terme. Ils ont également un profil lipidique plus sain, avec un cholestérol LDL plus faible et un cholestérol HDL plus élevé. La prise en soirée s'est avérée au moins aussi sûre que la prise le matin.Comme explication à l'impact plus important des médicaments pris le soir sur le pronostic cardiovasculaire, on souligne que l'activité du système rénine-angiotensine-aldostérone (SRAA) est la plus élevée pendant la nuit, ce qui fait que les médicaments peuvent faire une plus grande différence. La survenue plus fréquente des infarctus tôt le matin est notamment à imputer à une augmentation de la pression artérielle autour de ce moment. Les patients qui prennent des antihypertenseurs au réveil ne sont peut-être pas encore actifs lorsque les valeurs de tension artérielle augmentent.