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Apparus dans le sillage du grunge et de la vague de Seattle (Soundgarden, Pearl Jam), une série de groupes vont produire au milieu des années 90 une sorte de spleen métallique et romantique un peu à l'image d'Alice in chains. D'autres comme Marilyn Manson vont se complaire dans un grand guignol morbide et macabre, genre le come-back des croquemitaines, qui se voulait gore mais se révéla juste... grotesque. Tool, c'était autre chose : le quatuor de L.A., réuni autour du charismatique chanteur Maynard James Keenan, a développé une sorte de speed-metal lent, une musique vénéneuse, maléfique et malfaisante, produisant une ambiance lancinante qui fascine autant qu'elle effraie parfois. Après un hiatus de 13 ans propice à entretenir le mystère autour du groupe, Fear Inoculum, leur cinquième album en un quart de siècle !, fait toujours montre de la même précision pointilleuse et épineuse au cours des quatre-vingts minutes de l'album... pour sept chansons principales longues et structurées ( 7empest atteint les 15 minutes), striées d'intermèdes plus courts dont un instrumental " Litanie contre la peur ", hommage au cycle de Dune de Frank Herbert. Chaque morceau, petit ou grand, semble constituer un album à lui tout seul- façon de faire oublier les années de silence ? - tant leur architecture est peaufinée ( Chocolate Chip Trip est un solo de batterie même pas emmerdant du virtuose Danny Carey). Invincible, plage alanguie, syncopée et crescendo se veut le symbole épique d'une musique qui en effet s'inocule plus qu'elle ne s'écoute...