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Il est né avec les jeux vidéos, a grandi dans une banlieue du Maryland, de parents tous deux aux services de l'état, l'un comme garde-côte, l'autre oeuvrant pour l'armée. Le jeune Edward croit aux valeurs de liberté et de démocratie qu'on lui inculque, qu'on lui serine. C'est plutôt un libertarien, un surdoué pas doué pour les études, mais qui, via l'informatique, va très vite devenir un expert dans son domaine. Il finit par se mettre au service de la CIA, notamment via diverses couvertures, et, se faisant, et en tant qu'informaticien extrêmement bien payé pour un jeune homme d'une vingtaine d'années, va saisir l'ampleur de la surveillance des ennemis, mais aussi des alliés de l'Amérique sans parler des citoyens américains eux-mêmes... Alors que sa situation plus que confortable aurait dû assoupir sa conscience comme tant d'autres, Edward Snowden va risquer sa carrière et sa vie afin de prévenir l'humanité des méfaits commis au nom de la " sécurité " par la seule hyperpuissance (dont l'hyperpuissance dans cette histoire singulière n'est pas qu'informatique, mais géopolitique).... Avec une sincérité désarmante et sans se mettre en avant, Snowden raconte son enfance, ses premiers pas dans l'informatique, puis dans les services secrets. Où l'on apprend que la CIA possède sa propre version de Facebook ou de Google, pour qui douterait encore de l'implication des Gafa dans la surveillance de masse et des masses, que le logiciel TOR (utilisé par Snowden et les personnes prudentes) qui permet de crypter les messages est une trouvaille de... la marine américaine ! Que les clouds, tous américains, sont un vrai filon pour la NSA (de surcroît depuis le "Cloud Act" de Trump). Suite à la tragédie du 11 septembre, Snowden écrit " au terme d'une décennie de surveillance de masse, l'informatique a prouvé qu'elle servait davantage à brider la liberté qu'à lutter contre le terrorisme ". Du temps de l'Union soviétique (par parenthèse, Snowden n'est pas en Russie, comme par hasard à nouveau diabolisée, par choix), les services de renseignements ouvraient les courriers de tous les citoyens et, à l'Ouest et à juste titre, l'on trouvait cela scandaleux. Nos courriers sont désormais électroniques, et les autorités américaines ont tout le loisir de les lire, et pas seulement les mails, mais les vidéos, photos, conversations... de remonter dans le passé et de reprocher le moindre écart (passer au rouge ? Pas déclaré votre poste de télévision ? Vous avez manifesté contre les missiles de Florennes en son temps ? ) ; car on peut toujours reprocher quelque chose, en fonction de la variation des règles ou de la politique, même a posteriori, puisque sur internet rien n'est jamais vraiment effacé.... Bref à l'image des Gafa et des producteurs de hardware très majoritairement étasuniens, nous sommes tous désormais, qu'on le veuille ou non, américains. Et comme l'écrivait Tocqueville dans son De la démocratie en Amérique, il y a plus de deux siècles, les Américains préfèrent perdre en liberté ce qu'ils gagnent en confort... It's free (market) country....