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Le Streptococcus agalactiae ou streptocoque du groupe B (SGB) est une bactérie commensale du tube digestif présente chez 15 à 35% des êtres humains. Il peut secondairement coloniser les voies urinaires et génitales. " C'est une cause majeure et bien connue d'infections graves chez les femmes enceintes et les nouveau-nés. C'est pourquoi le dépistage systématique de la colonisation maternelle entre la 35e et la 37e semaines de grossesse, suivi d'une antibioprophylaxie administrée pendant le travail en cas de test positif, réduit significativement l'incidence de la maladie périnatale à GBS", explique le Dr Nicolas Dauby, chef de clinique adjoint de maladies infectieuses à l'hôpital universitaire de référence St-Pierre (ULB) à Bruxelles, dernier auteur de l'étude qui vient d'être publiée dans l' European Journal of Clinical Microbiology & Infectious Diseases. " Mais c'est aussi une cause croissante d'infections chez l'adulte", précise le chercheur. Mais avec quelle incidence précise en Belgique? Jusqu'à présent, aucune étude n'était disponible dans notre pays. Pour le savoir, les chercheurs ont revu les caractéristiques cliniques, microbiologiques et l'issue des infections invasives à Streptococcus agalactiae chez les adultes dans trois hôpitaux tertiaires de la région de Bruxelles-Capitale, en écartant le cas particulier des femmes enceintes. Toutes les cultures bactériennes de 2005 à 2019 provenant de trois hôpitaux de la Région de Bruxelles-Capitale ont été extraites. Seuls les cas de maladies invasives ont été inclus. Un total de 337 cas d'infections invasives à SGB ont été inclus. L'incidence est passée de 3,7 à 8,2 cas pour 100.000 habitants entre 2009 et 2018. Les facteurs de risque les plus fréquemment identifiés étaient le diabète (36,8%), l'obésité (35,0%), le cancer (21,7%), les maladies rénales (20,8%) et l'âge avancé (? 65 ans ; 47,2%). La bactériémie isolée (22%), l'infection ostéoarticulaire (21,4%), les abcès (13,9%) et les infections de la peau et des tissus mous (18,4%) étaient les manifestations les plus fréquentes. " Les personnes âgées sont particulièrement à risque d'infections sévères à SGB en raison de comorbidités importantes, de la perturbation des barrières anatomiques, et les modifications des réponses immunitaires secondaires à l'immunosénescence", explique le Dr Dauby. L'admission en unité de soins intensifs était requise dans 21,7% des cas et la mortalité globale était de 9,4%. Toutes les souches sont restées sensibles à la pénicilline au fil des ans. Jusqu'à 20% des souches étaient résistantes à la clindamycine. Les sérotypes Ia, Ib, II, III, IV et V représentaient 96,8% des sérotypes observés. " C'est une évolution qui avait déjà été constatée dans plusieurs autres pays. La maladie invasive à SGB chez les adultes représente un fardeau croissant, en particulier chez les patients diabétiques, obèses et âgés. Heureusement, nous disposerons bientôt d'un outil efficace pour le combattre puisque presque tous les sérotypes identifiés sont inclus dans le prochain vaccin hexavalent conjugué contre le SGB". L'efficacité du vaccin reste à être démontrée. Si c'est le cas, quels sont les patients qui devront être vaccinés? " Les patients diabétiques, obèses et âgés. Les premiers rapports de cas sporadiques d'infection à SGB chez des adultes non enceintes ont été décrits dans les années 1940. Par exemple, aux États-Unis d'Amérique (USA), l'incidence globale de l'infection invasive à SGB a augmenté entre 2008 et 2016, passant de 8,1 cas à 10,9 cas pour 100.000 habitants. Ces infections sont souvent sévères, nécessitant une hospitalisation et une prise en charge en unité de soins intensifs (USI) dans respectivement 94% et 27% des cas aux États-Unis. Les infections de la peau et des tissus mous (IST) (par exemple, érysipèle, cellulite), bactériémie isolée, ostéomyélite et infections des voies urinaires sont les manifestations cliniques les plus courantes des infections invasives à SGB. Pneumonie, méningite, endocardite et choc septique sont également observés. Même si le SGB reste sensible à la pénicilline, une augmentation de l'émergence de la résistance à la clindamycine et à l'érythromycine a été signalée dans le monde depuis une vingtaine d'années." N'y a-t-il pas une autre prophylaxie que le vaccin à venir? " La plupart des causes sont résistantes. Les diabétiques sous insuline ou les obèses ont souvent essayé bien des traitements. Quant à l'âge, c'est un facteur de risque sur lequel on ne peut pas agir. Un vaccin efficace devrait donc nous aider à lutter efficacement contre l'augmentation de ces infections."