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Trente ans après la fin de la guerre civile au Guatemala, le général Enrique Verde, vieillissant et malade, est condamné par la justice pour génocide, un verdict annulé par la plus haute cour du pays. Confinés (c'est à la mode) dans sa résidence du fait de la présence incessante d'une foule vengeresse devant sa belle maison, les relations entre l'ancien chef militaire, sa femme, sa fille, sa petite fille et sa domestique indienne Valériana se tendent. D'autant que, victime d'hallucination, le vieil homme se réveille la nuit entendant une pleureuse (llorona), inconsolable quant à ses enfants disparus. Filmé sous la forme d'un réalisme magique typiquement sud-américain, parsemé de longs plans baignés d'une sorte de sidération, ce huis clos aux confins du fantastique évoque les massacres perpétrés contre la population maya au début des années 80, accusés de communisme et surtout vivant pour son malheur dans une région pétrolifère. 33 % de cette population a de la sorte disparu (un tiers avait moins de 12 ans ! ) et le film de Jayro Bustamante évoque de façon onirique ce massacre, revenu hanter son principal commanditaire. Dans la réalité, on peut douter que les génocidaires centraux ou sud américains de ces années de plomb aient quelque remord que ce soit. Étrange tout de même que cette vague de films qui mettent en lumière ces horreurs oubliées et cachées à l'époque ( La quietud de Pablo Trapero, Nuestros madres de César Diaz, et celui-ci - tous trois chroniqués dans ces pages) qui, soi-disant, se perpétraient au cours d'une lutte sans merci contre le péril rouge (pas sur que les Mayas ne l'aient jamais été). Ceci alors que les États-Unis semblent avoir repris la main sur les pays d'Amérique du Sud (Brésil, Pérou, Bolivie... ) qui remettaient en cause, bien après la fin du communisme, sa doctrine, son emprise et son hégémonie sur ce qui reste son pré carré.