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Depuis 2015, Solidaris interroge chaque année en septembre 1.000 personnes sur plus de 200 items. L'échantillon interrogé par téléphone et par mail est scientifiquement représentatif en termes d'âge, sexe, groupes sociaux et d'origine géographique. Exemple d'item: "Au cours des 12 derniers mois, j'ai dû renoncer à aller chez un médecin spécialiste pour des raisons financières." La marge d'erreur est de 3.11% pour un intervalle de confiance de 95%. Depuis sept ans, le report de soins augmente invariablement. Les taux de report les plus importants s'observent en dentisterie (30,7%) et les moins importants en médecine générale (14,4%). Dans ce dernier cas, cela reste inquiétant pour la mutuelle car il s'agit de la 1ère ligne. Toutefois, ce taux de report stagne en dentisterie depuis 2019 et idem pour l'ophtalmologie et la médecine spécialisée en général. En MG et pour l'achat de médicaments, les reports sont en légère baisse. Le report progresse lentement mais sûrement en santé mentale. "Au final, en 2021, ce sont 45% de Belges francophones qui déclarent avoir dû au moins renoncer à un soin au sein de la liste établie. En moyenne, cela représente 1.32 type de soins par personne par an. En 2015, c'était 31.8% des belges francophones et 0.93 type de soins par personne interrogée. Si depuis 2019 la courbe semble s'aplanir, les résultats de 2021 restent nettement supérieurs à ceux de 2015-16-17-18 ; années où le report de soins n'a cessé de croître."Par sexe, on observe un impact un peu supérieur pour les femmes avec un taux de 50,8% (en légère diminution) contre 44,3% pour les hommes (+3,5%). Ce sont donc les hommes qui "rattrapent" les femmes et non l'inverse. Par âge, et assez logiquement, les 60 ans et plus reportent moins de soins que les 40-59, ces derniers ayant encore charge de famille et devant arbitrer entre plusieurs dépenses du ménage (en médecine générale, la différence est de 8,8% pour les premiers et 22% pour les seconds). Solidaris souligne aussi "les difficultés particulières pour les moins de 40 ans concernant les soins en santé mentale et les consultations de spécialistes". "En 2021, tous types de soins confondus, ce sont 57.7% (+1.1pts sur un an) des 40-59 ans qui sont concernés par le report d'au moins un soin alors que c'est 47.4% (+2.5 pts) des moins de 40 ans et 33.9% (-2pts) des plus de 60 ans." La dégradation concerne surtout les plus âgés (+18 pts). Si les inégalités en santé se creusent - l'écart de 17.4 pts relevé en 2015 entre les groupes sociaux "très élevés" et les groupes sociaux "très faibles" passe à 26.1pts en 2021 -, Solidaris observe que les "classes moyennes" se rapprochent des groupes sociaux défavorisés depuis quelques années. En parallèle, "en 2021, 41.1% des familles monoparentales (une famille sur quatre) ont reporté des soins dentaires, 42.8% une visite chez le spécialiste et 55,5% des soins psychologiques". Les couples avec enfant résistent mieux au phénomène. Si les retraités sont moins impactés (bien que les taux de report augmentent d'environ 17 pts), les chômeurs le sont de manière importante mais aussi les personnes en incapacité de travail qui ont un besoin de soins important (lire graphique). "50% de ces personnes malades ont dû renoncer à une visite chez un spécialiste, 42.7% à acheter un médicament prescrit et 22.9% à simplement consulter le généraliste. Déjà en arrêt de travail pour cause de maladie, ils sont presque systématiquement plus de deux fois plus nombreux à devoir reporter des soins que les personnes actives." Et cela empire (+16.4pts).