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Le journal du Médecin: Comprenez-vous l'ire de l'Absym qui considère que les pharmaciens empiètent sur les compétences exclusives des médecins? N.E.: Cela fait maintenant plus de deux ans que notre secteur a fait part de son intention d'être disponible et prêt à s'investir d'une manière ou d'une autre dans la lutte contre le Covid -19. Nous avons participé à travers diverses formes pour aider et soutenir la population belge en collaboration avec les autres prestataires de soins, que ce soit via la sensibilisation à la vaccination, la gestion de la qualité des vaccins injectés en centre de vaccination, ou la stratégie de testing. Nous avons également préparé les vaccins pour les médecins généralistes en région Bruxelloise et Wallonne. La pandémie ne sera totalement vaincue qu'en vaccinant un maximum de personnes. Nous donnons donc la possibilité au citoyen d'avoir accès encore plus facilement à une vaccination à travers le canal des pharmacies qui sont disponibles de par leurs larges heures d'ouverture et facilement accessibles de par leur proximité et le réseau étendu de pharmacies à travers le pays. Cela permet également de diminuer la pression sur le système de santé en diversifiant les possibilités. Le projet de loi du ministre de la Santé qui a été entériné depuis par le Conseil des ministres et l'accord du parlement en est la suite logique. Nous seront ainsi complémentaires aux autres canaux de vaccination et non pas en concurrence. Trouvez-vous normal que les pharmaciens soient rémunérés pour la vaccination Covid-19 et pas les médecins? Il est normal que tout prestataire de soin qui consacre du temps, de l'énergie, ses compétences, sa responsabilité et propose de cette manière un service de qualité soit rémunéré. Nous représentons les pharmaciens et c'est ce que nous souhaitons pour nos membres. Les pharmaciens ont-ils vraiment le temps de vacciner? Dans les petites pharmacies, il n'y a ni place suffisante ni temps suffisant lorsque le pharmacien est seul ou avec un seul assistant... Le service de vaccination se fait sur base volontaire. Il n'y a donc pas d'obligation pour une pharmacie de proposer ce service. C'est le pharmacien qui choisit de le faire ou non suivant ses disponibilités, ses motivations et en fonction du respect de la procédure éditée pour un service de qualité optimale. Le pharmacien peut s'organiser avec d'autres confrères ou organiser ses horaires, ses rendez-vous. Où en êtes-vous en matière de vaccination contre la grippe? Cela fait déjà maintenant plusieurs années que le secteur des pharmacies d'officine participe à l'effort pour la vaccination grippe à travers des campagnes de sensibilisation ou dernièrement par la prescription du vaccin directement aux patients sous certaines conditions et ce, pour élever le taux de couverture au niveau recommandé par le CSS jamais atteint à ce jour. Dans certains pays ou le pharmacien à la possibilité de vacciner contre la grippe, on constate une augmentation de ce taux de couverture auprès de personnes qui n'ont pas encore de médecins généralistes attitrés ou dans des endroits isolés et ce, sans pour autant court-circuiter les patients qui se rendaient déjà chez leur médecin. En Europe, 11 pays permettent pour ces raisons la vaccination par le pharmacien, car cela a déjà prouvé à plusieurs reprises la complémentarité du pharmacien avec les autres vaccinateurs. On ne peut qu'espérer qu'en Belgique, on prenne un jour la même décision, tout en respectant la vaccination par les médecins. Avez-vous des informations sur le taux d'adhésion du corps pharmaceutique pour la vaccination Covid-19? Avant la concrétisation du projet de loi permettant aux pharmaciens de vacciner, il y avait déjà plus de 55% des pharmaciens prêts à vacciner. Maintenant que cette loi est passée, beaucoup de confrères ont émis le souhait de proposer la vaccination au sein de leur officine. A une certaine époque, les pharmaciens rechignaient à accepter la responsabilité d'actes jusque-là dévolus aux médecins ou à d'autres prestataires... Le pharmacien n'est pas un simple vendeur de boîtes. Il doit pouvoir offrir ses atouts à sa communauté. Il reste le spécialiste du médicament, il est disponible et accessible. Il doit pouvoir orienter convenablement le patient vers le prestataire de soin adéquat et donc travailler en étroite collaboration avec les médecins de son entourage. Il doit fournir également des solutions aux patients avant qu'il ne soit malade en faisant de la prévention vis-à-vis de la population. Il doit pouvoir conseiller au mieux et expliquer les médications du patient toujours en collaboration avec le médecin de celui-ci. Le pharmacien s'inscrit comme prestataire de soins dans sa communauté avec les autres prestataires. Et si un patient subissait des effets secondaires importants en pharmacie après une vaccination? Le pharmacien qui vaccine, a suivi une formation spéciale qui lui permet de faire un vaccin corona en toute sécurité et lui permet également de gérer les risques éventuels de la vaccination. Quid de la responsabilité dans ce cas? La responsabilité d'un pharmacien reste la même pour la vaccination que pour tout acte que le pharmacien pose quotidiennement au sein de son officine. La crispation de certains syndicats médicaux ne pourrait-elle pas être évitée dans le cadre de la concertation médico-pharmaceutique? Nous nous réunissons régulièrement pour justement renforcer la collaboration entre médecins et pharmaciens. Cela permet de faire du tandem médecin-pharmacien, un tandem performant que ce soit par rapport à l'échange d'information, la mise en place de services performants tel que le sevrage aux benzodiazépines ou la révision médicamenteuse. Nous associons les qualités de chacun dans un cadre défini pour permettre au patient d'avoir des soins encore plus performants.