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Il était une fois... il était une fois Italo Zadouroff, fils caché de Ludwig van Beethoven qu'il eut avec la bonne d'un châtelain hongrois dont il était l'ami. L'enfant grandit et, avec lui, la haine du paternel qui l'a délaissé, auprès d'une mère qui a perdu la tête suite à un AVC. Mais voilà que le jeune garçon, pourtant rétif à toute sorte de musique, ressuscite à la vie d'une mort brève mais constatée, en étant capable de reproduire de mémoire au piano toutes les oeuvres de son père: ce qui lui vaut le surnom de "petit Mozart hongrois". Finaliste du Goncourt du premier roman en 2019, Stéphane Malandrin, par ailleurs réalisateur et scénariste, est un joli conteur à l'écriture imagée, orale... voire bavarde. Ce conte, cette fable littéraire, est truffée de références à Shakespeare, Cervantès, Dostoïevski, Pic de la Mirandole et surtout Michel de Montaigne. Situé dans la Mittel Europa, le roman évoque par ailleurs le "Vladimir Roubaïev ou les provinces de l'irréel" de Serge Lentz, prix Interallié il y a longtemps, ou le parfum de Patrick Süskind. Mais si le prélude de son Beethoven séduit par son attaque, la mélodie s'étiole peu à peu: comme souvent chez Ludwig, le thème matraqué (la haine du père absent) lasse, tandis que le réalisme magique, proche d'un Borgès, parait postiche, au point que le lecteur reste sourd au dénouement.