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L'analyse intermédiaire concernait 778 patients ambulatoires atteints d'une forme légère à modérée et qui, dans cette étude randomisée, contrôlée et en double aveugle, avaient été recrutés dans les cinq jours suivant l'apparition des symptômes. Au jour 29, 7,3% du groupe molnupiravir étaient hospitalisés ou décédés, contre 14,1% dans le groupe placebo (p=0,0012). Aucun décès n'a été constaté dans le groupe molnupiravir, contre huit dans le groupe placebo. L'évidence des résultats a justifié la mise en pause de l'étude. Depuis, 1.995 patients ont été étudiés, à savoir près de 90% de l'effectif initialement prévu. L'antiviral a été administré à raison de quatre pilules, deux fois par jour, et ce pendant cinq jours. Le mode ambulatoire constituait un choix rationnel pour tester le molnupiravir. Les produits antiviraux contre le Covid-19 doivent pouvoir être utilisés rapidement, alors même que le virus frappe. On constate généralement que les patients atteints de formes graves de Covid-19 et hospitalisés, sont la plupart du temps victimes d'une réponse inflammatoire hors de contrôle (le fameux choc cytokinique). Au moment où celui-ci survient, le virus est souvent déjà en train de se retirer du corps. Un antiviral permettant de freiner la réplication du virus peut également empêcher qu'un patient infecté ne le transmette à son entourage. L'étude susmentionnée ne s'est pas penchée spécifiquement sur ce sujet (via l'étude de la transmission), mais certains facteurs indiquent que le molnupiravir pourrait également prouver son efficacité à ce niveau. Le molnupiravir provient de l'Emory University d'Atlanta et constituait à la base un traitement contre le virus de l'encéphalite équine vénézuélienne. Un deuxième groupe de recherche, lié cette fois à la Vanderbilt University de Nashville, a rejoint le projet et a pu démontrer l'efficacité du molnupiravir contre une série de coronavirus, dont le Mers (Middle East Respiratory Virus).Les chercheurs d'Atlanta montreront ensuite que le molnupiravir est capable de stopper la réplication des coronavirus chez les furets, tout comme la transmission. Tout comme le remdesivir, le molnupiravir constitue un analogue nucléosidique, ce qui signifie que sa structure est comparable, mais non identique, à celle des nucléosides présents dans les acides nucléiques. Lorsque l'analogue participe à la réplication de l'ARN propre au Sars-CoV-2, il en modifie la structure et, ce faisant, entrave la réplication du virus. Les traitements contre le HIV ainsi que ceux contre les virus de l'hépatite B et C reposent sur le même principe. Le remdesivir est également un analogue nucléosidique. En 2020, ce médicament a reçu l'approbation de la FDA et de l'EMA pour l'utilisation dans les cas de Covid-19 graves, car il permet de raccourcir la durée médiane d'hospitalisation d'environ cinq jours. Un résultat mitigé donc. Le médicament a été testé sur des patients hospitalisés et est aujourd'hui exclusivement utilisé dans cette population, car il ne peut être administré que par voie intraveineuse. Comme mentionné ci-dessus, ce n'est pas le contexte qui offre les meilleures chances de réussite pour un antiviral contre le Covid-19. Une forme orale du remdesivir est actuellement à l'étude, de sorte que ce médicament puisse également être administré à un stade précoce de la maladie. Ce qui ne signifie pas nécessairement que le résultat sera le même qu'avec le molnupiravir, car les deux molécules ne fonctionnent pas de la même manière, au-delà du principe commun de l'analogue nucléosidique qui "s'infiltre". Le molnupiravir fonctionne en changeant sa configuration, imitant tantôt le nucléoside cytidine, tantôt le nucléotide uridine. Il s'intègre (dans la chaîne, etc.) ARN, où il provoque plusieurs mutations ponctuelles. Quand il y en a suffisamment, la population virale s'effondre. On parle alors de mutagenèse mortelle. Les mutations survenant aléatoirement, le virus n'offre pas facilement de résistance au molnupiravir. La capacité de l'analogue nucléosidique à se nicher dans l'ARN viral suscite en outre la crainte chez certains experts qu'il ne s'insinue dans l'ADN de la cellule hôte. Jusqu'à présent, aucune donnée quant à la sécurité n'a été publiée, mais des représentants de la firme Merck ont affirmé, lors d'une conférence de presse, qu'ils se montraient confiants quant à la sécurité du médicament. Dans une petite étude, des scientifiques ont administré, trois jours durant, du remdesivir par intraveineuse à des patients nouvellement atteints par le Covid-19. Le nombre d'hospitalisations a alors chuté de 87%. Deux autres entreprises au moins travaillent actuellement sur un antiviral prometteur contre le Covid-19.