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T out le monde connaît Maredsous, mais peu de monde connaît Maredret. C'est en fait un peu sa petite soeur: en effet, c'est bien la soeur du fondateur Félix de Hemptinne, Agnès, qui fonde à son tour cette abbaye accueillant des soeurs bénédictines, le même ordre que sont frangin, 20 ans plus tard. La construction est d'ailleurs confiée en 1891, il y a tout juste 130 ans, à un disciple comme Béthune du néo-gothique, l'architecte, gantois comme les deux promoteurs-fondateurs, Auguste Van Assche qui l'érige à l'aide des belles pierres grises de la carrière de la future abbaye. Car sur ces 15 hectares de la propriété offerts par la famille Desclée - outre des vergers, des prés, et des bois en abondance, il y a même une carrière... Le style néo médiéval magnifique des bâtiments rappelle Viollet-le-Duc: bien que la ferme attenante soit désormais à l'abandon, l'abbaye reste, malgré l'absence de subsides, d'une belle homogénéité. Si le cloître et la partie fermée ne se visitent pas, l'église est offerte au regard des laïcs. Et elle se révèle être une splendeur: une nef centrale dirigée vers Jérusalem, deux transepts, dont l'un renferme une chapelle dédiée à Notre-Dame, et l'autre, celui des fidèles, accueille trois chapelles latérales, le tout formant une merveille d'harmonie aux vitraux remarquables. L'on peut même apercevoir, sans pouvoir y accéder, la partie du choeur abritant les 74 stalles sculptées réservées aux moniales, au décor floral et surplombées d'anges musiciens. Quant à la crypte, où reposent les trois premières mères abbesses - l'ensemble de l'abbaye surplombe des salles souterraines -, elle a des allures de salle du chapitre, tant elle est somptueuse et élégante. La vingtaine de soeurs qui vivent encore à Maredret selon les préceptes de Saint-Benoît ( Ora et Labora ) divisent leur temps de manière égale, entre le travail (horticulture, agriculture, couture...), la prière et le repos. Si l'abbaye est connue pour son jus de pomme (et la bière désormais, comme on le verra si contre), les soeurs de Maredret se sont fait une spécialité de l'enluminure, au point de donner des ateliers de cet art si rare aux laïcs qui le souhaitent. Ce lieu de sérénité - situé dans un écrin de verdure, un paysage contrasté de bois, de prairies et d'étendues agricoles, avec, pas loin, la Molignée qui coule et le grand frère de Maredsous -, tente dévotement de conserver son coeur d'activité (le renouvellement des soeurs et donc l'accueil de novices, notamment venues d'Afrique) et son patrimoine. Une entreprise qui a des allures... de sacerdoce.