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Alors qu'il se destinait initialement à la chirurgie, Epke Zonderland a pris conscience chemin faisant que la médecine du sport lui donnerait davantage l'occasion d'aborder ses patients dans leur globalité. Entré en 2006 à l'université de Groningue, il a étalé son parcours de formation sur une douzaine d'années afin de pouvoir le combiner avec sa carrière de gymnaste. Il a commencé la gymnastique artistique à l'âge de six ans, dans le sillage de ses frères, et s'est rapidement concentré sur ses disciplines favorites, les barres parallèles et la barre fixe. En 2011, il est sacré champion d'Europe en barre fixe, après une septième place (suite à une chute) aux Jeux de Pékin. Il est le premier gymnaste masculin à avoir participé aux JO pour son pays depuis 1928. Les JO de Londres allaient marquer un tournant dans sa carrière, comme l'a immédiatement compris le commentateur de la chaîne de télévision néerlandaise NOS Hans van Zetten. "Les 60 secondes à venir vont changer la vie d'Epke Zonderland", s'est-il enthousiasmé au cours de la retransmission en live. "Je suis rivé à mon siège, car le voilà qui aborde la barre fixe."Le gymnaste réalise une série de rotations sans faute et enchaîne trois éléments de vol successifs. "La sortie, double salto, réception et le voilà debout! Le Hollandais Volant! Une performance inédite!"Précisons au passage que ce légendaire "Le voilà debout" (" Hij staat", dans la version originale) allait devenir le titre de l'autobiographie de Hand Van Zetten, qui était non seulement commentateur sportif mais aussi officier de l'armée, coach et juge de gymnastique. La médaille d'or marque le point culminant de la carrière d'Epke Zonderland et lui vaut une série de surnoms (e.a. Epke Wonderland, Epic Zonderland, le Lion de Lemmer ou encore The Flying Dutchman, le Hollandais Volant) et de distinctions. Sacré de Chevalier de l'Ordre d'Orange-Nassau, il a désormais son effigie chez Madame Tussauds et remporte le titre de sportif néerlandais de l'année 2013 (qu'il avait déjà décroché également en 2009, 2011 et 2012). En 2016, il se retrouve à la septième place aux Jeux de Rio à cause d'une chute sur un élément de vol. Dans la foulée, il se recentre sur ses études de médecine et notamment sur les stages qui l'attendent en orthopédie et en médecine sportive. Au printemps 2017, onze ans après avoir entamé sa formation, il accède enfin au titre de médecin du sport et est engagé chez Sportgeneeskunde Friesland à Heerenveen. Il y travaille à un jet de pierre de son lieu d'entraînement, où une salle de gymnastique lui a été dédiée en reconnaissance de sa médaille olympique et de ses innombrables exploits aux championnats d'Europe et du monde. De par le temps qu'il a consacré à sa carrière de gymnaste, il a certes un peu moins de pratique médicale au compteur que ses collègues... mais on ne peut pas dire qu'il manque d'expérience en matière de lésions sportives! Rares sont pourtant les photos d'Epke Zonderland en blouse blanche. "Lorsque j'exerce, je veux être vu comme un médecin et pas comme un athlète de haut niveau qui se trouve avoir un diplôme de médecine", a-t-il déclaré en 2019 dans une interview avec le site medischcontact.nl. "Quand on publie des photos de moi en blouse blanche, les gens voient un sportif habillé comme un médecin. Ce n'est évidemment pas grave si cela se produit de temps en temps, mais n'en faisons pas une habitude. Je veux que les gens comprennent que je suis un médecin à part entière, qui a de vrais atouts sur le plan médical. À l'hôpital, j'étais régulièrement interpellé par des patients qui me demandaient une photo, ce qui me donnait l'impression d'être plus athlète que médecin. Ce n'est pas ce que je veux. Il est important pour moi de pouvoir faire mon boulot de médecin - même si je fais évidemment une exception pour les enfants."La fin de sa formation médicale ne marque pas pour autant celle de sa carrière de gymnaste. Le fait de se concentrer principalement sur l'inspection sportive et de ne pas devoir assurer le suivi des consultations lui permet en effet de continuer à s'entraîner en vue des Jeux Olympiques de Tokyo... et si tout se passe comme prévu, le Flying Dutchman devrait, à 34 ans (ce qui fera sans doute de lui l'un des plus vieux athlètes en compétition), entamer ses quatrièmes JO avec un nouveau surnom: celui de Flying Doctor!