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Durant la pandémie, les bienfaits de l'ECMO, une technique d'oxygénation du sang par circulation extracorporelle utilisée dans les unités de soins intensifs, ont été mis en avant par de nombreux hôpitaux. Elle été également utilisée chez de nombreux patients en insuffisance respiratoire grave lors de l'épidémie de grippe H1N1 en 2009. Le KCE a été chargé de dresser un état des lieux de l'utilisation de l'ECMO en Belgique et d'identifier les facteurs permettant d'optimiser cette pratique. "Les chercheurs du centre fédéral d'expertise estiment que l'on ne dispose actuellement pas d'une vision suffisamment claire de la manière dont l'ECMO est pratiquée dans nos hôpitaux. Ils préconisent donc de commencer par mettre en place un enregistrement systématique des données nécessaires à une réflexion plus objective sur une éventuelle (ré)organisation de l'ECMO au niveau du pays ", communique le KCE. Les auteurs du rapport rappellent que cette " technique est très lourde et réservée généralement en dernier recours à certains patients de soins intensifs qui sont dans un état très critique. Même si elle permet de sauver des vies, elle est très invasive et comporte de nombreux risques (hémorragies, thromboses...). Son coût est par ailleurs élevé."Afin de mieux encadrer l'utilisation de cette technique de pointe en Belgique, les chercheurs du KCE ont analysé les (rares) données disponibles sur l'utilisation et les coûts de l'ECMO dans nos hôpitaux (voir graphique). "Il apparaît que l'utilisation de l'ECMO continue à croître - comme ailleurs dans le monde - mais avec la particularité, chez nous, que la technique est utilisée dans un grand nombre d'hôpitaux et qu'il n'existe pas assez de données propres à la Belgique pour pouvoir déterminer dans quelle mesure cette utilisation est appropriée ou non. Par ailleurs, les hôpitaux mentionnent que l'utilisation de l'ECMO leur occasionne des coûts importants, qui ne sont pas couverts par les montants financés par l'Inami."Selon la littérature internationale, plusieurs facteurs peuvent avoir un impact sur l'efficacité de l'ECMO: la formation (continue) de l'équipe soignante, la mise en place de protocoles standardisés pour encadrer le traitement (critères d'éligibilité, durée du processus...), l'enregistrement des données et l'analyse critique des résultats, etc. "Plusieurs études internationales font également état d'une relation entre le nombre d'ECMO réalisées dans un hôpital et les résultats en termes de survie des patients. Or il semble que, dans notre pays, certains hôpitaux n'utilisent cette technique que pour quelques patients seulement chaque année. La question se pose donc de savoir s'il ne faut pas envisager de la réserver à quelques hôpitaux afin de limiter cette dispersion des cas. Plusieurs pays, dont l'Angleterre et l'Italie, ont déjà opté pour une limitation de son utilisation à certains grands hôpitaux géographiquement répartis sur leur territoire", souligne le KCE qui considère qu' "il est prématuré de trancher cette question pour la Belgique, car on ne dispose actuellement pas d'une vision suffisamment claire de la manière dont l'ECMO est pratiquée dans nos hôpitaux. Nos chercheurs préconisent donc de commencer par imposer un enregistrement systématique et plus complet des données des patients, de leurs indications spécifiques, de la durée des traitements et des éventuelles complications."L'analyse de ces données (par exemple après deux ans) devrait faciliter la réflexion sur une éventuelle réorganisation des services d'ECMO (par exemple en les limitant à certains hôpitaux) et sur la meilleure manière d'y procéder. "Un tel scénario devrait par ailleurs nécessairement s'accompagner de la mise en place d'un système efficace de transfert de patients entre hôpitaux (organisation d'équipes ECMO mobiles)", précise le KCE. Pour le centre fédéral, dans l'optique du développement de l'ECMO, il convient également de prendre en compte la communication vers les patients et leur entourage sur cette technique et les aspects éthiques (incapacité pour les patients en état critique de participer aux décisions relatives à leur traitement).