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L'endoscopie digestive flexible était au départ limitée au diagnostic par exploration visuelle du tube digestif supérieur, du tube digestif inférieur ainsi que des voies bilio-pancréatiques. Elle s'est développée au cours de ces cinquante dernières années, pour permettre des applications thérapeutiques de plus en plus variées, grâce à une série d'avancées technologiques. C'est le cas, par exemple, de la motorisation de l'outil qui permet plus de mobilité, ce qui permet de réaliser des actions proches de celles pratiquées en laparoscopie. L'inconvénient : cette motorisation annule totalement la sensation tactile du gastro-entérologue, qui est essentielle en endoscopie. Il est donc primordial d'intégrer des capteurs de force aux instruments endoscopiques motorisés, de manière à permettre un retour de force au niveau du manipulateur et restituer ainsi au gastro-entérologue ses sensations tactiles.C'est le pari de l'ULB qui travaille sur le sujet depuis une quinzaine d'années sur le développement de nouveaux dispositifs médicaux, principalement en endoscopie. " Pour arriver à développer l'outil, nous avons collaboré avec des médecins ", explique Nicolas Geuens, porteur du projet accompagné par le lifetech.brussels pour développer la solution. " Ils ont voulu que l'on résolve le problème de perte de sensation lors de l'utilisation de l'endoscope, qui est long et mou. "L'endoscope est traditionnellement composé d'un long cathéter à l'intérieur duquel un outil médical prend place. Les ingénieurs de l'ULB ont décomposé l'outil en trois parties : une partie sensitive, avec un capteur intégré à l'outil existant qui passe à travers l'endoscope. La deuxième partie est la station qui permet d'acquérir les mesures du capteur de force ainsi que de les traiter. La troisième partie, enfin, est la transmission de l'information, qui se fait en temps réel via un écran et via une poignée à retour de force qui permet d'amplifier les sensations grâce aux mesures effectuées." On a développé un capteur de force qui se base sur les fibres optiques ", détaille Nicolas Geuens. " Ces dernières sont par essence très fines et flexibles, et sans électricité. Elles permettent au capteur de force de prendre des mesures avec une résolution équivalente aux capteurs naturels de nos doigts. " La mesure sert à un autre outil, une poignée blanche qui se connecte sur l'endoscope. " Elle sert d'intermédiaire entre l'endoscope et l'outil et qui, grâce à un petit moteur intégré, permet de ressentir la force de relais en temps réel pour restituer la sensation de toucher. "Le diagnostic précoce du cancer du poumon par biopsie endoscopique est particulièrement touché par le manque de sensation. Le taux de réussite de l'opération varie entre 14 et 60%, selon les chiffres avancés par l'université bruxelloise. L'outil développé par Sensendo permettra au pneumologue de mesurer la dureté du tissu pulmonaire afin de cibler efficacement le tissu suspect et d'augmenter de manière significative le taux de réussite des biopsies. " L'outil doit permettre d'arriver au poumon et de sentir la dureté des tissus pour déceler les éventuels nodules pulmonaires potentiellement cancérigènes ", avance le porteur du projet. " C'est un travail que l'on doit encore continuer. L'objectif est de converger vers la forme idéale pour le médecin entre retour visuel et sensitif. "Une fois cette convergence atteinte, l'outil devra encore passer les tests de vérification, pour passer à la commercialisation mi-2022.