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Abattu par un acteur qui jouait le nationaliste serbe Gavrilo Princip dans une reconstitution balkanique de l'assassinat de l'Archiduc François-Ferdinand à Sarajevo en 1914 alors qu'il tentait de rejoindre son pays en voiture par les Balkans, le roi Nicolas III dit Le Silencieux, se réveille dans un lit d'hôpital après trois jours. Au final légèrement blessé, ses aides de camp révèlent à l'ex-monarque qu'il se trouve sur une île croate au sein du sanatorium du docteur Kroll, lieu qui est en fait l'ancienne résidence d'été de Tito : et ça, ce n'est pas du cinéma. Un lieu où chacun est appelé par discrétion par le nom de l'illustre invité de la chambre où il réside : le souverain a ainsi hérité de Brejnev !Peu à peu, dans une ambiance aseptisée du village de la série Le prisonnier, le roi prend conscience qu'il est aux mains de populistes cherchant à bâtir une nouvelle Europe, la partition de la Belgique ayant provoqué une crise majeure au niveau des institutions européennes....Baignant dans une atmosphère absurde, d'une torpeur contemplative et d'une lenteur volontaire, le film de Peter Brosens et Jessica Woodworth, s'il est peuplé de belles images, se veut aussi un plaidoyer pour une Europe non pas forteresse, mais ouverte, humaine, une communauté qui accueille et non pas tolère la différence, et dont la Belgique aurait pu être le symbole... ce qui semble désormais illusoire.Soutenu par des acteurs épatants dominés par la haute stature de Peter Van den Begin, qui habille son personnage de mélancolie, de nostalgie et d'une certaine abnégation. Le film possède aussi un autre atout majeur : la présence " jumelée " de la, encore et toujours lumineuse, Géraldine Chaplin, dont les pas de danse et figures rappellent instantanément son père et son immense talent.Et s'il y a un Chaplin au générique du film, cela ne signifie pas pour autant que le Roi des Belges se révèle être un charlot.