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Natif de Libramont, Fabian Maziers s'est installé à Saint-Ode où son oncle occupait les mêmes fonctions. "À la fin de mes humanités, j'ai hésité entre la biologie et la médecine vétérinaire. Finalement, je me suis lancé dans la médecine", explique le généraliste. "Après trois semaines de stage chez mon oncle en Ardenne, la médecine de campagne m'est apparue comme une évidence. Nous avons travaillé ensemble jusqu'à sa mort, survenue il y a deux ans. Une expérience formidable. Mon oncle est mort comme il a vécu: à 100 à l'heure". Pour Fabian Maziers, il serait simpliste d'affirmer que les médecins sont moins disponibles. Il constate que de nombreux confrères recherchent une qualité de vie et par conséquent ne peuvent être disponibles tout le temps. Il ne comprend pas que certains pensent que la médecine est un métier à part d'un point de vue de la gestion du temps, alors que plein d'indépendants bossent comme des fous dans des domaines très différents. Il pointe volontiers du doigt le rôle du politique dans la réduction des effectifs. Le Dr Maziers pratique également la nuance en ce qui concerne la patientèle. S'il regrette que certains pensent que l'acte médical ne coûte plus rien, il a conscience de l'aubaine de travailler dans une région où les patients sont agréables et reconnaissants. La proximité avec le patient lui permet plus rapidement de déceler certaines problématiques. À quel point s'implique-t-il? il reconnaît être dans l'empathie et avoir la chance de n'être jamais malade, ou du moins de ne pas le voir . Le combat du Dr Fabian Maziers est intimement lié à celui d'un hôpital. Il faut remonter jusqu'en 1950 pour comprendre l'évolution contemporaine de la butte du Celly, anciennement propriété de la famille Empain. Cette année-là, la Fédération nationale des anciens prisonniers de guerre, avec le concours des prisonniers politiques, fait l'acquisition de la butte du Celly. Le château qui s'y trouve est aménagé pour de postcure et de convalescence pour les anciens prisonniers victimes de la tuberculose. Un pavillon nommé "Belgica" sort de terre quatre ans plus tard et permet la formation professionnelle des patients. Ce lieu de cure et de formation devient sanatorium en 1962, et une maison de cure et de convalescence est construite la même année. Tant la qualité du personnel que le matériel mis à disposition donnent à cette dernière construction un caractère hospitalier. Suite à diverses évolutions et achats de matériel, l'ensemble prendra le nom de Centre hospitalier de Saint-Ode et une aile clinique sera ouverte en 1976. En 1992, à la suite de difficultés budgétaires, le centre est cédé, ainsi que le domaine et le château du Celly, à la Province de Luxembourg. L'engagement du collectif "Celly c'est nous!", dont fait partie le Dr Maziers, débute en 2021, lorsque la société Mamm-Ut Invest se porte acquéreuse du domaine auprès de la Province. Sur les 83 hectares du site, la société d'investissement souhaite installer un hôtel de 30 suites, des restaurants, un wellness, des appartements et jusqu'à 50 gîtes très luxueux de grande capacité. Un concept permettant d'accueillir 700 touristes. "Ce projet n'est pas intégré. Il détruirait un paysage exceptionnel", déplore le collectif. Les riverains s'inquiètent surtout du tsunami que représenterait cette masse touristique dans une ruralité habituée à un tourisme intégré et proportionné. D'un point de vue économique, le projet se veut pourvoyeur d'emplois locaux. Là aussi, les riverains se questionnent sur l'incidence locale vu que les emplois recherchés sont liés à l'horeca ou à l'entretien. Des emplois qui sont déjà sous tension. Outre le fait que pour le Dr Maziers, ce projet ne respecte pas l'héritage moral du lieu lié aux anciens combattants, il insiste sur l'impact environnemental de ces aménagements qui réduiraient inexorablement la richesse de ce milieu naturel. Une nature préservée où l'on observe (encore) la loutre et la cigogne noire.