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Entre les mois de mars et mai 2020, plus de deux millions d'affiliés des organismes assureurs ont eu recours à une téléconsultation. Les organismes assureurs et l'Inami ont donc pris l'initiative de procéder à une enquête à grande échelle en juillet 2020 1. L'enquête a été envoyée à 100.000 affiliés pour lesquels une téléconsultation a été facturée. 5.404 questionnaires pour 5.092 personnes interrogées uniques ont été retenus après l'application d'un certain nombre de filtres. La majorité des réponses concernaient des téléconsultations avec des médecins généralistes (78%), suivies par des médecins spécialistes (11%), des psychiatres (4%) et des psychologues (3%). L'enquête est porteuse de nombreux enseignements. Le premier : la satisfaction globale, côté patient. Les téléconsultations sont considérées comme particulièrement utiles pour les prescriptions de médicaments, et pour le suivi des maladies chroniques. Un quart des téléconsultations avec les MG concernaient d'ailleurs l'obtention d'une prescription. Les intentions sont toutefois claires : privilégier les consultations physiques. Les téléconsultations doivent être une exception plutôt qu'une règle, estiment les patients. Contrairement à une idée reçue, la plupart des patients interrogés estiment qu'il n'y a pas de problèmes en matière de protection des données et se sentent en sécurité lors de la téléconsultation. Néanmoins, une proportion importante de patients ne s'était pas encore questionnée sur d'éventuels problèmes en matière de protection de la vie privée. Dans ce domaine, les téléconsultations avec des psychologues et des psychiatres, qui se font souvent par vidéo, suscitent davantage d'inquiétude, surtout quant à la fiabilité de l'application ou du site employé. Qui a dit que la téléconsultation rimait avec nouvelles technologies ? En général, presque toutes les téléconsultations (95%) ont eu lieu par téléphone. Au total, on recense seulement 5% de vidéoconsultations. Toutefois, chez les psychiatres et les psychologues, respectivement un tiers (33%) et près des deux tiers (62%) des téléconsultations ont eu lieu par vidéo, essentiellement via des applications connues (Whatsapp, Zoom ou Skype) et pas d'application dédiée. On note également qu'une téléconsultation dure en moyenne 10 minutes pour le médecin, excepté le psychiatre. " La plupart des consultations ont eu lieu avec le dispensateur de soins régulier et c'est souvent le dispensateur de soins qui a pris l'initiative ", ajoutent les enquêteurs de l'Inami et des mutualités. Au moment de la consultation, une grande majorité (65%) des personnes interrogées ne savaient pas que le dispensateur de soins était payé par la mutualité. " En tant que patient, on ne sait pas toujours si le médecin facture des honoraires pour ce type de consultation ", témoigne un patient interrogé. " La plupart des médecins (et aussi mon médecin généraliste) procéderont en toute honnêteté, mais je crains que la porte soit ouverte à l'abus. Comment le contrôler ? Chaque question simple doit-elle être considérée comme une consultation ? Alors que j'avais besoin d'une prescription de médicaments, le médecin m'a facturé un conseil de 4 euros. Maintenant, c'est une téléconsultation (je crois), mais je n'en sais rien. " On note d'ailleurs qu'une minorité (6%) de personnes interrogées déclare avoir dû payer quelque chose. Au-delà de ce bémol, un patient interrogé sur deux étaient plutôt en faveur d'une rémunération identique pour le dispensateur qu'il s'agisse d'une consultation physique ou à distance. Un seuil qui tombe à 39% dans le cadre d'une téléconsultation avec un spécialiste. Dans le même ordre d'idée, une personne interrogée sur trois (34%) estime normal de payer le même montant pour une téléconsultation que pour une consultation physique chez un généraliste et une personne sur quatre pour le spécialiste. Toutes les personnes interrogées s'accordent pour dire que les téléconsultations sont " particulièrementutiles pour obtenir de brefs conseils et assurer un suivi régulier d'un problème connu ". Mais une grande majorité soutient également que la consultation physique reste le moyen " le plus approprié et le plus souhaitable " pour contacter le dispensateur de soins. Les téléconsultations sont jugées particulièrement utiles pour obtenir une nouvelle prescription de médicaments, pour être référencé chez un médecin et pour assurer le suivi d'un problème connu ou d'une affection chronique. Par contre, il faut éviter les soins à distance, selon les patients interrogés, quand il s'agit d'avoir un avis sur un nouveau symptôme. Que fera l'Inami de ces résultats ? L'institut a mis sur pied un groupe de travail " Télémédecine " qui a pour mission, entre autres, de définir les consultations à distance, de les évaluer et de les développer davantage. " Les résultats des enquêtes constituent une base importante pour l'élaboration d'un cadre définitif ", précise l'Inami. " De nombreux aspects seront pris en compte : la qualité, la sécurité des données, l'accessibilité, les aspects techniques, le remboursement, etc. Dans les mois à venir, tous ces aspects seront discutés en détails et coulés dans un cadre juridique qui permettra des téléconsultations de qualité. "